Une croissance plus sélective

Yves Hulmann

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Le CEO de Julius Baer Philipp Rickenbacher sélectionnera les marchés et segments où la banque veut être présente en fonction de leur rentabilité.

Davantage d’actifs sous gestion mais moins de bénéfices. L’an dernier, la banque zurichoise Julius Baer a vu ses actifs sous gestion continuer de progresser pour atteindre 426,1 milliards de francs à fin 2019 (382,1 milliards un an plus tôt). En revanche, les entrées nettes d’argent, situées à 10,6 milliards de francs en 2019, ont été largement inférieures à celles de 17,4 milliards un an auparavant. De même, le bénéfice net a diminué de près de 37% sur un an à 465 milliards de francs. Dans ce contexte, l’établissement a annoncé lundi vouloir supprimer 300 postes supplémentaires, après la réduction de quelque 140 postes déjà annoncée il y a un an. Une série de résultats froidement accueillis par les marchés: lundi, l’action de Julius Baer a reculé de 3,5% à 46,6 francs dans un marché bien orienté.

Suite à une décennie marqué par un rythme de croissance très soutenu – les actifs sous gestion sont passés de 154 milliards de francs à fin 2009 à plus de 400 milliards en dix ans, tandis que le nombre de conseillers à la clientèle («relationship managers») est passé de 667 à 1467 spécialistes durant le même intervalle -, la banque de gestion de fortune entend désormais mettre l’accent sur l’amélioration de sa rentabilité plutôt qu’une croissance à tout prix. Pourquoi? Réponses de Philipp Rickenbacher, le nouveau directeur de Julius Baer depuis septembre 2019.

«Nous procédons régulièrement à une location review de tous nos sites.»
Vous avez indiqué lundi vouloir passer «d’une stratégie de collecte d’actifs à une stratégie de croissance durable des bénéfices». Après une décennie marquée par une forte croissance, Julius Baer aura-t-elle d’autres priorités à l’avenir? 

Nous allons toujours accorder de l’importance à la croissance à l’avenir également. Toutefois, cette croissance devra aussi s’accompagner d’une croissance durable de nos bénéfices. Trois facteurs en particulier devront être pris en compte : premièrement, la croissance des actifs sous gestion. Les entrées nettes d’argent doivent se poursuivre. Deuxièmement: les marges. L’amélioration des revenus sera placée au cœur de l’attention. Cela concerne des modèles tels que les services «fee based advisory» ou les mandats discrétionnaires. Troisième facteur: les coûts. Il s’agit ici de réduire les coûts structurels au travers de l’ensemble de notre organisation.

Ces mesures de réduction des coûts ne risquent-elles pas de se faire au détriment du «conseil personnalisé» pour la clientèle fortunée qui est au cœur votre stratégie?

Pour la clientèle fortunée, ou HNWI, la tendance globale récente a été d’aller vers davantage de standardisation ou de robotisation dans l’activité de gestion de fortune. En mettant à nouveau l’accent sur le conseil personnalisé, nous avons voulu aller à l’encontre de cette tendance et replacer l’interaction avec le client au cœur de notre approche.

Julius Baer a annoncé lundi la suppression de 300 postes supplémentaires dans le cadre d’un programme de réduction des coûts de 200 millions de francs. S’agira-t-il avant tout d’emplois liés à des activités de support ou cela concernera-t-il aussi le conseil?

Ces mesures concerneront l’ensemble de la chaîne de valeur ajoutée de notre groupe. 

Allez-vous encore recruter de nouveaux conseillers pour la clientèle (RM)?

Oui, globalement, nous allons continuer de renforcer nos activités partout où il y a des opportunités de croissance. Nous allons cependant être plus sélectifs quant aux endroits et segments d’activités où nous voulons être présents.

Le nombre de sites que compte Julius Baer sera-t-il réduit?

Nous allons étudier très attentivement le nombre de sites où nous sommes présents. Nous procédons régulièrement à une «location review» de tous nos sites.

«Des acquisitions sont encore envisageables à condition
qu’elles apportent une réelle valeur ajoutée à nos activités.»
Qu’est-il d’éventuelles acquisitions – sont-elles encore envisageables pour Julius Baer actuellement?

Oui, elles sont tout à fait encore envisageables à condition qu’elles apportent une réelle valeur ajoutée à nos activités.

L’action Julius Baer était en net recul en milieu de séance lundi. Avez-vous été surpris par l’ampleur de la réaction du marché?

Lors de telles annonces concernant la stratégie d’une société, il faut toujours un peu de temps aux marchés pour digérer la nouvelle. Mais je suis confiant que notre nouvelle orientation stratégique sera appréciée sur le long terme.

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