Un nouvel acteur genevois

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

Présent sur l’Asset Management et le Wealth Management, SingAlliance (Switzerland) obtient la licence LPCC.

 

En 2017 Sébastien Waefler et Edouard de l’Espée ouvraient à Genève SingAlliance (Switzerland) dont la maison-mère a été fondée à Singapour en 2011 par le tiers-gérant genevois Thierry Beck. Aujourd’hui SingAlliance (Switzerland) obtient la licence de gestionnaire de placements collectifs (LPCC). Une étape clef de son développement. Entretien avec Sébastien Waefler.

Pouvez-vous rapidement revenir sur la genèse de SingAlliance?

Parti s’installer en Asie en 2011 pour exploiter les opportunités de la croissance asiatique, Thierry Beck a fondé SingAlliance Pte Ltd, une société de gestion indépendante régulée par les Autorités Monétaires de Singapour (MAS). Notez à ce propos que ce choix est inhabituel. L’activité de tiers-gérant est complexe pour les étrangers à Singapour, la plupart des sociétés de gestion étant des émanations de sociétés étrangères ou des sociétés qui se regroupent au sein de plateformes. Ce ne fut pas le choix de Thierry qui préférait garder la plus totale indépendance. Avec pour résultat une excellente intégration à la culture locale et une expertise plus fine des marchés asiatiques.

Les gestionnaires suisses sont plus à même d’offrir une vision
de l’investissement en Europe et aux Etats-Unis.
Pourquoi ouvrir à Genève?

A la demande des clients, il est devenu important de diversifier les places de dépôts. Pourquoi ici? A cause de nos racines mais aussi parce que la Suisse en général et Genève en particulier sont perçues très positivement en Asie. UBS, par exemple, y jouit d’un grand prestige. Par ailleurs, la recherche à Singapour est très focalisée sur l’Asie et là encore, il y avait nécessité de diversification. Les gestionnaires suisses sont plus à même d’offrir une vision de l’investissement en Europe et aux Etats-Unis. Pour les clients asiatiques, une ouverture sur l’Europe est une vraie valeur ajoutée et, réciproquement, pour les clients européens, une authentique base en Asie est un réel avantage.

Vous avez demandé (et obtenu) une licence de gestionnaire de placements collectifs (LPCC) auprès de la Finma. Pour quelles raisons?

Dans un monde de plus en plus contraignant en matière de réglementation, mieux valait sauter le pas tout de suite. Nous avons jugé que sur le plan de la crédibilité auprès des banques et des clients, il fallait mettre en place dès le départ une organisation capable de faire face à la LSFin et à la LEFin avant même qu’elles ne s’appliquent.

Comment votre groupe est-il structuré?

Notre masse sous gestion est de l’ordre du milliard de francs répartis entre le Wealth Management et l’Asset Management. La clientèle de SingAlliance à Singapour est pour 70% asiatique et pour 30% d’une autre origine. A Genève, elle est pour 50% suisse et pour 50% européenne. Nous employons 16 personnes à Singapour et 8 à Genève. Au niveau du groupe, 7 personnes se concentrent sur la gestion des fonds proprement-dite, 8 sur la relation avec les clients, auxquels s’ajoutent les Risk, Compliance et Operations officers.  

Nous n’imposons aucune dictature
en matière de gestion de fortune.
Comment s’articule votre activité de wealth management ici à Genève?

A Singapour, une partie de notre clientèle est institutionnelle mais ici, à Genève, nous nous adressons à une clientèle privée. Nous ne jouons pas le rôle de family office et ne nous préoccupons que d’allocation et de placements. En complément, SingAlliance (Switzerland) s’appuie sur des partenaires (avocats, spécialistes de l’immobilier etc.) pour les missions concernant d’autres aspects de la gestion de fortune.

Avez-vous une volonté de développer une clientèle institutionnelle en Suisse?

Oui mais sur notre deuxième activité, l’Asset Management.

Tournons-nous vers vos fonds de placement. Pour l’instant toutes les stratégies de SingAlliance sont orientées vers l’Asie.

C’est là que réside notre expertise de base développée à Singapour. SingAlliance offre une stratégie concentrée non benchmarkée sur les actions chinoises (cotées à Hong Kong et ADR), une stratégie obligataire high yield sur les pays émergents d’Asie et une stratégie HF global macro Asie.  En Suisse, nous allons compléter cette gamme par un fonds obligataire composé de titres corporate et souverains, géré à Genève et destiné à la fois aux clients européens et asiatiques. Nous avons également l’intention de lancer d’autres stratégies en fonction des besoins de gestion et de notre développement futur. Nous sommes constamment à la recherche de talents. En matière de gestion de fortune, nous n’imposons aucune dictature et offrons à nos clients une architecture ouverte.

Les attentes de rendement
sont propres aux pays émergents.
Vous avez choisi le Lichtenstein pour l’enregistrement de vos fonds.

Au départ, il était plus aisé de distribuer des fonds AIFM à Singapour que des fonds UCITS qui sont perçus comme des fonds s’adressant à une clientèle retail. En outre, si la réputation du Luxembourg ne reste plus à faire en matière de fonds, il faut reconnaitre que le Lichtenstein est plus rapide et moins lourd tout en offrant une équivalence européenne. Sans oublier qu’il est moins couteux, ce que nos clients apprécient.

Est-il exact que la clientèle asiatique a un profil de risque plus agressif que la clientèle européenne?

C’est exact. Elle est plus active et son profil de risque est généralement plus élevé. Les attentes de rendement sont par ailleurs propres aux pays émergents.

Comment pensez-vous vous distinguer en Suisse?

En premier lieu par notre expertise asiatique indépendante. Ensuite par notre profil relativement atypique : peu d’indépendants offrent simultanément le wealth management et l’asset management. Quant aux indépendants détenteurs d’une LPCC, ils restent rares. Il me parait que nous ne représentons qu’à peine plus de 6% des gérants.