Regrouper l’expertise private equity

Nicolette de Joncaire

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«Les bons gérants de private equity sont sursouscrits. Pour y accéder, il faut une taille critique et un angle» explique Eric Deram de Flexstone Partners.

Eric Deram et David Arcauz, associés de Flexstone Partners.

Il y a un an, Natixis Investment Managers décidait du regroupement de trois de ses affiliés régionaux - sis respectivement à Genève (et Paris), New York et Singapour - au sein de Flexstone Partners, une société de conseil en private equity d’envergure globale. Eric Deram, fondateur des filiales européennes et associé, en prenait la direction. L’objectif? Atteindre une taille critique sur une offre internationale dédiée principalement aux investisseurs institutionnels.  De plus en plus active sur le co-investissement et les deals secondaires et dans les small et mid-caps, Flexstone totalise un encours de 7 milliards de francs. Entretien avec Eric Deram et David Arcauz, deux des six associés de Flexstone Partners. 

Pouvez-vous revenir sur la genèse de Flexstone Partners?

J’ai fondé Euro-Private Equity à Genève en 2005 et Natixis IM est entré au capital en 2013. Dès 2014, Euro-PE a acquis Dahlia Partners, devenu Euro-PE France. Cette année, en 2019, Natixis IM a regroupé ses trois filiales de private equity en fusionnant d’abord Caspian Private Equity (New York) à Euro-PE (Genève et Paris), en janvier, puis Eagle Asia (Singapour) en août. L’ensemble gère plus de 7 milliards de francs et atteint ainsi une taille critique suffisante pour se positionner au niveau global, en servant une clientèle régionale mais pas uniquement. 

«Nous avons grandi sur la base d’une clientèle institutionnelle suisse.»
Comment s’est développé Euro-PE au départ?

Nous avons grandi sur la base d’une clientèle institutionnelle suisse. Notre tout premier client fut ce qui est aujourd’hui la Caisse de pension de l’Etat de Genève dont nous gérons une partie de la poche de private equity depuis 2006. L’ont rejointe d’autres institutions dont le Centre Patronal Vaudois, le Groupe Mutuel et la BCGE. Nous avons ensuite progressé à l’étranger, en France puis aux Etats-Unis. Avec Flexstone Partners, nous sommes aujourd’hui actifs sur des territoires plus lointains encore dont l’Australie où nous gérons depuis mars le programme Emerging Managers US pour le compte de HostPlus, le fonds de pension des employés de l’hôtellerie et du tourisme qui est notre client depuis 2014. 

Comment sont organisés vos portefeuilles?

Flexstone Partners ne fait que du «sur-mesure» en gérant des mandats ségrégés globaux ou locaux pour le compte d’investisseurs institutionnels et en particulier de fonds de pension. Nous investissons soit dans des fonds de private equity sur des managers très discrets avec lesquels nous avons créé une relation privilégiée, soit en co-investissement. Les sous-jacents sont des entreprises de taille petite ou moyenne dont la valeur d’entreprise se situe entre 50 et 500 millions de francs. 

Les managers de private equity ont la réputation d’être difficile d’accès et couteux. Est-ce exact?

C’est effectivement le cas. Les «bons» gérants sont très fermés et chers. C’est l’une des raisons de la fusion organisée par Natixis IM. Pour y accéder, il est nécessaire d’atteindre une certaine taille critique et d’avoir un volume d’investissement régulier chaque année. 

Existe-t-il de bons managers en Suisse?

Pas suffisamment à notre avis malheureusement. Pour des raisons de taille de marché, de mentalité et de conditions-cadre. Pour investir dans le private equity en Suisse, nous devons souvent nous adresser à des managers étrangers dont une partie du portefeuille est composée d’entreprises suisses de manière opportuniste. 

«Le volet ESG fait partie intégrante de notre processus
d’investissement tant au niveau des fonds que des co-investissements.»
Vous évoquiez le co-investissement. Quel volume représente-t-il?

Nous avons commencé à co-investir en 2008 et avons réalisé 87 opérations pour un total de 700 millions de francs. En règle générale, nous investissons entre 1% et 10-15% du capital en accompagnement de gérants spécialisés. Notez que nous n’avons perdu de l’argent que sur 4 de ces opérations et en avons revendu 37 avec un multiplicateur du capital investi de 2,9. Le taux de rentabilité interne (TRI) actuel de notre programme global de co-investissement est de 29%. 

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de ces opérations?

L’entreprise la plus connue est sans aucun doute Spotify. Moins célèbre mais tout aussi intéressantes, je pourrais citer le fabricant d’écouteurs Skullcandy ou encore Believe, champion de la distribution musicale digitale. 

Associez-vous des critères ESG à vos investissements?

Oui. Nous avons signé les Principes de l’investissement responsable de l’ONU (PRI) en 2014 et avons mis au point une grille d’analyse des investissements avec Mirova, autre affilié de Natixis IM, spécialiste de la finance durable. Le volet ESG fait partie intégrante de notre processus d’investissement tant au niveau des fonds que des co-investissements.