Raiffeisen est très bien placé pour répondre à d’éventuelles nouvelles exigences réglementaires

Yves Hulmann

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Du fait que la banque thésaurise une large partie de son bénéfice annuel, elle renforce constamment ses fonds propres, souligne Christian Poerschke, CEO par intérim.

En 2024, le bénéfice net de Raiffeisen s’est établi à 1,21 milliard de francs, soit un recul de 13% comparé au résultat réalisé en 2023. Malgré tout, il s’agit du deuxième bénéfice net le plus élevé réalisé par le groupe au cours de ses 125 années d’existence, a tenu à souligner la direction de Raiffeisen à l’occasion de la présentation jeudi de ses résultats pour l’exercice 2024.

Les créances hypothécaires ont continué de progresser pour atteindre 220,8 milliards de francs (+4,6%) tout comme cela a été le cas pour les actifs sous gestion qui se sont élevés à 262,7 milliards (+5,2%). Principale source de revenus du groupe, le résultat net des opérations d’intérêts s’est replié à 2,8 milliards de francs (-7,5%) sous l’effet du recul des taux d’intérêt l’an dernier. Le groupe, qui compte 3,73 millions de clientes et de clients et qui entretient des relations avec quelque 225'000 entreprises en Suisse a aussi gagné plus de 5000 nouvelles entreprises dans ce dernier segment. Le point sur ces résultats, l’évolution des parts de marché dans le domaine hypothécaires ainsi que l’évolution des exigences en matière de fonds propres avec Christian Poerschke, directeur général (CEO) par interim de Raiffeisen, suite au départ de Heinz Huber qui a quitté la coopérative bancaire fin décembre pour rejoindre la Banque cantonale de Grisons qu’il présidera à partir de juillet 2025. Quand à la nomination d’un nouveau CEO chez Raiffeisen, Christian Poerschke s’est limité jeudi à préciser que cette décision relève de la compétence du conseil d’administration et que ce processus peut nécessiter jusqu’à 12 mois.  

«Nous voulons continuer de croître à un même rythme que le marché hypothécaire suisse dans son ensemble.»

Le Groupe Raiffeisen a augmenté sa part de marché dans le domaine hypothécaire en Suisse à 18,1% en 2024, contre 17,8% un an plus tôt. Comptez-vous augmenter vos parts sur le marché hypothécaire en Suisse à l’avenir ?

En termes de volume, les créances hypothécaires ont augmenté de près de 10 milliards l’an dernier pour s’établir à 220,8 milliards de francs (+4,6%). Il s’agit d’une bonne performance. Nous voulons continuer de croître à un même rythme que le marché hypothécaire suisse dans son ensemble. Cela avec un portefeuille d’hypothèques de bonne qualité.

Beaucoup d’économistes anticipent une nouvelle baisse des taux d’intérêt de la part de la BNS lors de sa réunion de mars. Une nouvelle diminution des taux sur le marché hypothécaire aurait-elle dans l’ensemble un impact positif, car cela relance l’intérêt des clients pour acheter un bien immobilier, ou négatif, en raison de la pression sur les marges, pour un groupe comme Raiffeisen ?  

Nous pouvons nous adapter à un environnement caractérisé par des taux d’intérêt évoluant aussi bien à la hausse qu’à la baisse. Qu’une nouvelle baisse de taux soit annoncée par la BNS en mars ou plus tard ne va pas fondamentalement changer les choses pour notre groupe. Une baisse des taux entraîne usuellement une hausse de la demande pour des prêts hypothécaires. Cela ne va pas pour autant changer les conditions que nous exigeons de la part de nos clients lorsque nous octroyons des prêts hypothécaires.

Ne craignez-vous pas une surchauffe du marché hypothécaire en cas de nouvelle baisse des taux ?  

La demande pour les prêts hypothécaires en Suisse est très robuste sur la durée. Dans le domaine de l’immobilier, l’offre ne peut pas changer du jour au lendemain. Il faut déjà que les projets immobiliers soient tout d’abord construits avant qu’ils ne puissent être proposés sur le marché. Les choses ne changent pas du tout au tout uniquement parce que les taux d’intérêt diminuent ou augmentent de quelques points de base.

En matière de capitalisation, Raiffeisen a insisté jeudi sur le fait que le groupe satisfait largement aux exigences réglementaires s’appliquant à une banque d’importance systémique en Suisse, en affichant notamment un ratio TLAC pondéré du risque de 26%, sans même tenir compte de la période de transition qui dure jusqu’à 2026. L’an prochain, ce taux correspondrait à 20,5%, ce qui serait toujours suffisant. Compte tenu du renforcement continuel des exigences de fonds propres en Suisse, le groupe Raiffeisen devrait-il déjà mettre de côté des fonds propres supplémentaires afin de pouvoir satisfaire à d’éventuelles exigences accrues à l’avenir ?

Nous répondons aisément à toutes les exigences réglementaires actuellement en vigueur – et cela sans utiliser le délai de transition. Nous sommes donc très bien placés pour répondre à d’éventuelles exigences futures. Cela principalement pour deux raisons. D’une part, car nous thésaurisons 91% du bénéfice annuel. Pour un bénéfice net de 1,2 milliard de francs tel qu’il a été réalisé en 2024, cela signifie que les neuf dixièmes de ce montant sont affectés au renforcement des fonds propres.

«Nous ne cherchons pas à gagner les entreprises les plus grandes comme des multinationales parmi nos clients. Nous voulons servir avant tout les PME suisses, y compris les grandes PME.»

D’autre part, l’émission d’un emprunt bail-in de 500 millions d’euros effectué en 2024 a rencontré un grand succès auprès des investisseurs. Donc, si nous avions à nouveau besoin de recourir à un tel emprunt à l’avenir, je ne me fais aucun souci quant à notre capacité de pouvoir lever des fonds par ce biais.

Enfin, les agences de notation attribuent d’excellentes notes à Raiffeisen, qui est considérée comme l’une des banques les mieux capitalisées au monde. Dans l’ensemble, Raiffeisen serait très bien positionné pour pouvoir s’adapter à de nouvelles exigences réglementaires, à supposer que celles-ci soient renforcées à l’avenir.

Raiffeisen met l’accent sur la croissance de ses activités dans le domaine de la clientèle d’entreprises. Entre l’offre proposée par une grande banque comme UBS et celle des banques cantonales ou régionales, comment Raiffeisen compte-t-elle se différencier ?

Nous avons affiché une croissance de près de 9% des prêts et crédits à la clientèle d’entreprises. Le nombre d’entreprises clientes a aussi augmenté de 5000. La clientèle que nous visons reste inchangée : nous ne cherchons pas à gagner les entreprises les plus grandes comme des multinationales parmi nos clients. Nous voulons servir avant tout les PME suisses, y compris les grandes PME.

Le ratio coûts/revenus s’est détérioré en 2024 à 56,7%, comparé à 51,9% durant l’exercice précédent. Quel est votre objectif en la matière ?

Il faut replacer l’augmentation du ratio coûts/revenus survenue l’an dernier dans le contexte du résultat des opérations d’intérêts qui avait été très élevé en 2023. De plus, nous avons engagé plus de 330 nouveaux collaborateurs l’an dernier, surtout pour le conseil à nos clients en présentiel. Comparativement, le ratio coûts/revenus s’est légèrement détérioré sur un an mais cela ne signifie pas que nos coûts actuels soient nécessairement trop élevés. Un ratio coûts/revenus situé entre 50 et 60% est correct pour nous. Nous réduisons continuellement les coûts dans le cadre des processus d’amélioration de l’efficience de nos activités. 

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