Pour un impact social et environnemental

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

La microfinance est un outil essentiel du développement en Europe de l'Est, dans le Caucase et en Asie centrale. Avec Thomas Heinig de Mikro Kapital.

Le marché de la microfinance représente environ 183'000 milliards de dollars au niveau mondial. Il est projeté à près de 500'000 milliards pour 2030. Le secteur croît continuellement en nombre d'emprunteurs, atteignant 173 millions en 2022 dont plus de la moitié (56,9%) sont des femmes. Dans les pays de l’Est de l’Europe et en Asie Centrale, la microfinance reste le mode de financement le plus efficace des petites entreprises au sein d’une population peu bancarisée. Pour un investisseur, la microfinance représente un placement attrayant et totalement décorrélé des autres actifs. Lors de la conférence Geneva Sustainable Investment Insights, à Genève début juin, Allnews a une l’opportunité de poser quelques questions à Thomas Heinig, Chief Risk Officer chez Mikro Kapital.

Quels sont vos véhicules d’investissement?

Nos véhicules d’investissement sont des fonds de titrisation luxembourgeois - où se situe notre siège social - dont les actifs sont placés dans des institutions de microfinance émettant des prêts et des opérations de leasing aux petites et moyennes entreprises dans une dizaine de pays, pour part en Europe de l’Est (Roumanie, Moldavie, Arménie), pour part dans les pays émergents d'Asie orientale (Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Ouzbékistan) et pour part en Italie.

«Nous finançons près de 180'000 micro-entreprises et les adhérents à nos opérations de covoiture approchent 400'000 personnes.»

Quelle est l’ordre de grandeur de vos activités?

Nous finançons près de 180'000 micro-entreprises et les adhérents à nos opérations de covoiture approchent 400'000 personnes. Environ 60% de notre activité est dans l’agribusiness, 13% dans le commerce de gros et de détail, 10% dans les services et un autre 10% dans la construction. Le reste est réparti entre éducation, santé, tourisme et logistique. Une grande partie de nos emprunteurs sont des femmes (35%) car nous avons constaté qu’elles se montrent plus diligentes que leurs homologues.

Que financez-vous exactement?

Essentiellement du matériel agricole, du matériel de transport et de la petite machinerie. 
Quelle est la taille de votre réseau d’agences régionales?

Nous avons 172 bureaux locaux et employons près de 2000 collaborateurs dont la majorité sur le terrain.

A combien se montent les actifs investis et auprès de quelle clientèle placez-vous votre fonds?

A l’heure actuelle, le total des actifs avoisine les 300 millions d’euros et le fonds collecte ses ressources auprès d'investisseurs institutionnels et privés européens.

L’une des grandes difficultés de la microfinance est le taux de défaut considérable que rencontrent certains établissements. Ce ne semble pas être le cas de Mikro Kapital. Comment l’évitez-vous?

Nos agents sont extrêmement proches du tissu économique dans lequel nous évoluons. Je dirais même qu’ils y appartiennent et sont à même d’évaluer la capacité de remboursement des emprunteurs mieux que le personnel plus distant qu’utilisent d’ordinaire les établissements bancaires. En outre, en cas de non-remboursement, nous ne saisissons pas les biens en garantie mais demandons à l’emprunteur de les vendre lui-même ce qu’il fait au mieux car, s’il réalise un profit sur la vente, il peut le conserver pour relancer son activité. Cette méthode, qui a fait ses preuves pendant la pandémie, évite d’asphyxier les entrepreneurs et contribue à maintenir le taux de défaut des emprunteurs les plus risqués en-dessous de 1%.

Quel est le principal avantage de la microfinance pour un investisseur?

La microfinance est totalement décorrélée des marchés financiers qu’ils soient cotés ou privés. Elle est peu sensible aux turbulences politiques et économiques (sauf cas de guerre) car elle touche à l’activité la plus fondamentale du tissu économique. Une poche de microfinance offre donc une vraie diversification dans un portefeuille.

En matière d’impact, quelles règles suivez-vous?

Nous appliquons les directives de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et sommes adhérents des Principes pour l’investissement responsable (PRI) et des Operating Principles for Impact Management (OPIM). Ce dernier certifie notre mode opératoire chaque année. Nous publions annuellement un rapport ESG qui détaille notre impact social mais également notre impact environnemental car nos financements permettent aux emprunteurs de se doter d’équipements modernes, moins dommageables en termes d’émission carbone. 

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