Moins de risques politiques

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Selon David Ennett et Stephen Baines chez Artemis IM, les obligations à haut rendement devraient rééditer leur bonne performance de 2019.

David Ennett (à gauche) et Stephen Baines (à droite), portfolio managers chez Artemis IM.

Apaisement des tensions politiques et mesures de relance budgétaire: pour Artemis IM le risque politique sera mis en sourdine jusqu’aux élections présidentielles américaines de novembre. Donald Trump, qui s’efforcera de maintenir les bourses américaines à des niveaux records, pourrait bien remporter un second mandat. Pour les porteurs d’obligations à haut rendement cela implique aussi moins de volatilité. Du moment que ces derniers ne détiennent pas d’obligations du secteur de la santé, qui traverseront vraisemblablement une zone de turbulences. Entretien avec David Ennett et Stephen Baines, portfolio managers chez Artemis IM.

Les élections présidentielles américaines seront-elles source de volatilité sur les marchés?

SB: Le risque politique sera nettement réduit. Sauf lorsque l’économie n’a pas bien performé pendant leur premier mandat, les présidents sortants tendent à être réélus.  Trump fera tout pour éviter de perturber les marchés avant l’élection de novembre. Nous sommes tous témoins de la satisfaction qu’il éprouve lorsque le S&P 500 atteint un nouveau pic...

Pour cette année, nous tablons sur
une répétition de la performance de 2019.
Les obligations de qualité n’offrent plus de rendements satisfaisants ce qui encouragent les investisseurs à descendre dans la qualité de crédit.  Les obligations à haut rendement rémunèrent-elles correctement le risque?

DE: Même si les écarts de crédit des obligations à haut rendement ont diminué de façon significative ces dernières années, nous constatons que les écarts continuent de dépasser nettement les taux de pertes historiques en cas de défaut. Dans l’hypothèse où les défauts atteignent des taux historiques, les investisseurs devraient continuer de recevoir un rendement attrayant supérieur à celui des obligations souveraines.

L’année passée, les obligations globales high yield ont été valorisées de 10% en moyenne. Quel est leur potentiel de rendement pour cette année?

SB: Après un faible quatrième trimestre 2018, nous avons assisté en 2019 à un effet de rattrapage sur une grande partie du rendement. Pour cette année, nous tablons sur une répétition de cette performance. Le marché des obligations mondiales à haut rendement génère actuellement un rendement de 5,3% en dollars américains, soit 2,8% si couvert en francs suisses. Il s’agit d’un bon indicateur des rendements absolus annualisés sur une période de trois à cinq ans. Toutefois, sur des périodes plus courtes, les changements de prix ont tendance à dominer le revenu du rendement. Il est donc important d’investir dans cette classe d’actifs avec un horizon d’investissement d’au moins trois ans.

Beaucoup de sociétés ont profité
des taux d’intérêt pour s’endetter.
Comment leurs écarts de crédit ont-ils évolué?

DE: Les écarts de crédit se sont légèrement resserrés depuis le début de l’année. Comme le rendement des obligations souveraines (non IG) ont baissé, le rendement absolu du segment reste modeste.

Quelles industries font-elles actuellement face à des problèmes structurels?

SB: Elles sont au nombre de trois: les opérateurs de téléphonie fixe, le commerce de détail et la santé. Les deux premiers sont impactés par internet qui mine les modèles d’affaires traditionnels de bon nombre de sociétés. La santé, quant à elle, est de plus en plus soumise à l’intervention des régulateurs car les politiciens cherchent à réduire les coûts pour le bien des consommateurs.    

Beaucoup d’entreprises médiocres ont profité de conditions de financement avantageuses pour s’endetter… Voyez-vous une vague de défauts dans les années à venir? Lorsque la fête sera finie…

Beaucoup de sociétés ont effectivement profité des taux d’intérêt pour s’endetter. Néanmoins, l’univers d’investissement compte plus de 3000 obligations à haut rendement et en analysant les emprunteurs un à un, nous pouvons construire un portefeuille dont la qualité dépassera la moyenne.