L'inflation est de retour!

Salima Barragan

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Stephan Schneider, responsable de Vescore Solutions Germany de Vontobel, conseille d'être très actif sur les marchés obligataires.

Il est loin le bon vieux temps où les rendements obligataires se situaient entre 2 et 3%, ce qui permettait des stratégies de type «buy and hold». Déjà confrontés à un contexte difficile, dans un environnement de hausse des taux d’intérêt, les investisseurs sont également exposés au risque de taux, ce qui leur complique la vie. Pour déterminer la position optimisée en termes de duration et de revenu fixe, Vescore de Vontobel combine trois modèles différents d’allocation. Le point avec Stephan Schneider, responsable de Vescore Solutions Allemagne chez Vontobel.

Face aux craintes inflationnistes, comment se sont comportés les principaux marchés obligataires?

Outre les achats mensuels d'obligations et les politiques de taux zéro des banques centrales, les plans de relance des différents gouvernements et la hausse des taux de vaccination, c'est surtout l'espoir d'une reprise mondiale vigoureuse qui alimente les anticipations d'inflation. Les hausses de taux qui en découlent ont eu un impact significatif sur les prix des obligations d'Etat. Ainsi, sur les principaux marchés obligataires mondiaux, dont l'Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Canada, les taux des échéances à 10 ans ont augmenté de plus de 50 points de base en moyenne au cours des deux premiers mois de l'année.

«Les banques centrales sont en mode ‘wait and see’.»
Comment les banques centrales vont-elles réagir à l'inflation?

Partout, les banques centrales suivent avec beaucoup de prudence les données économiques post-Corona. Les nouvelles informations leur indiqueront si l'inflation est transitoire ou persistante. Pour l'instant, il est encore un peu tôt pour qu'elles réagissent et elles sont en mode «wait and see».

Vous recommandez à vos clients investis en obligations de rester actifs. Quels modèles utilisez-vous pour exploiter dynamiquement la courbe des taux avec une superposition de la duration?

Je pense que les investisseurs doivent être particulièrement actifs. D'abord parce que les rendements sont très bas, contrairement au bon vieux temps où ils se situaient entre 2 et 3% et permettaient des stratégies de «buy and hold». Ensuite, parce que les investisseurs sont exposés au risque de taux d'intérêt dans un environnement de hausse. Nous utilisons trois modèles différents pour notre allocation tactique de titres à revenu fixe. Tous les modèles sont exécutés quotidiennement et tentent d'optimiser la durée en fonction des conditions actuelles du marché. Dans cette approche multi-modèles, le modèle de portage isole et optimise le rendement du portage. Ce rendement peut s'expliquer par la raideur de la courbe des taux, et pour une courbe normale des taux, il est positif. 

«Le momentum qui prédomine est fortement sous-pondéré.»

Le deuxième modèle est le modèle de retour à la moyenne, car les stratégies contracycliques supposent que les taux convergent vers le point d'équilibre. Le comportement de retour à la moyenne peut être rationalisé par le cycle économique et la politique anticyclique de la banque centrale. Enfin, le modèle Momentum fait un peu contrepoids aux deux modèles précédents, plus axés sur le long terme, car les stratégies cycliques exploitent les mouvements rapides des taux d'intérêt.

Que disent ces modèles?

Deux modèles sur trois sont encore sous-pondérés en obligations, mais pas dans la mesure où nous l'avions constaté au premier trimestre de cette année. Le momentum, qui prédomine, est fortement sous-pondéré. De même, le modèle de retour à la moyenne implique qu'il y a encore de la place pour une pression à la hausse sur les taux. En outre, les résultats varient selon les régions. Alors que les obligations d'Etat en Allemagne, en France, au Royaume-Uni et en Italie sont toujours courtes et dominent la duration négative globale du portefeuille, le sentiment pour les obligations d'Etat en Amérique du Nord - Etats-Unis comme Canada - ainsi qu’au Japon a évolué vers des perspectives positives.

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