Les PME s’intéressent aux green bonds

Salima Barragan

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CSI structure une obligation convertible verte au profit de Dolfines. Avec Gilles-Emmanuel Trutat de CSI.

Les green bonds qui financent des projets dans la transition climatique, ne sont plus seulement l’apanage des grandes capitalisations boursières mais aussi des petites. Début février, Dolfines a réalisé avec succès une levée de fonds de 1,5 millions d’euros. Gilles-Emmanuel Trutat, président de Capital Système Investissements, l’arrangeur et teneur de livre de cette émission de dette convertible en actions, estime que le marché de la dette privée verte a de beaux jours devant lui. Entretien.

Vous êtes intervenu en qualité d’arrangeur et de teneur de livre d’un «Green Bond» pour Dolfines, une société française cotée à l’Euronext. Pouvez-vous nous en dire plus sur leur projet?

Cette société de services pétroliers qui existe depuis 30 ans, s’est reconvertie il y a quelques années dans l’énergie verte. Aujourd’hui, elle est devenue un acteur important de la transition écologique. Ce virage reflète le changement de paradigme dans les énergies renouvelables. Elle a racheté une technologie d’éoliennes en mer, car l’éolien terrestre pose des problèmes de nuisances visuelles et auditives. A côté de cette activité, elle est également active dans l’hydrogène vert qui est devenu très populaire cette année.

Le financement été réalisé en obligations convertibles avec amortissement mensuel du capital. Quelles sont les caractéristiques de cet instrument original?

Nous avons lancé pour la première fois un type d’obligation convertible sur 24 mois dont la moitié du capital est repayé dans les 12 premiers mois.  La conversion est possible à partir du sixième mois. Grâce aux options call et put intégrées dans l’instrument, les investisseurs et l’émetteur ont la possibilité de demander une conversion totale ou partielle en actions de Dolfines avec une décote de 20%, par rapport au cours de bourse. Les banques privées et gestionnaires indépendants à qui nous nous adressons sont sensibles à un rendement régulier. Sur 12% de revenu annuel, le rendement est payé mensuellement à hauteur de 1%. Le rendement est de 6% sur les six premiers mois, puis 20% lors de la conversion, ce qui au final procure un TRI (taux de rendement interne) très élevé.

Le marché de la dette privée est apparu lorsque les
taux des banques centrales sont devenus négatifs.
Pour quelles raisons avez-vous mis en place ce système d’amortissement mensuel du capital?

Cette structuration permet aux investisseurs de récupérer rapidement leur capital, donc de limiter leur risque. L’émetteur, lui, diminue sa dette et sa charge financière. Bien que la dette soit libellée à 12%, elle coûte en réalité environ la moitié à l’émetteur car il ne s’agit pas d’une dette bancaire, et dans ce cas, les intérêts ne sont payés que sur le capital restant dû.

Quelle garantie offre ce produit en cas de non-paiement de la société?

Si la société n’arrive pas à payer, la garantie est de pouvoir convertir, autrement dit d’être payé sur un marché liquide sachant que le volume sur Dolfines se monte à 800’000 euros par jour. Cette liquidité offre une vraie garantie immédiate, car en général les garanties sont souvent très compliquées à exercer.

Comment qualifiez-vous le marché global de la dette privée et plus spécifiquement, celui des obligations vertes?

En quête de recherche de rendement additionnel, le marché de la dette privée est apparu lorsque les taux des banques centrales sont devenus négatifs. Il est aujourd’hui qualifié de mature. En revanche, le jeune marché des green bonds ne représente pour l’instant qu’une petite portion de l’univers de la dette privée et il a un très grand potentiel de développement à en juger par la transformation des économies et le succès de l’intégration des critères ESG dans les investissements.

Trouve-t-on également des émissions vertes en Suisse?

Pour être qualifiées de green bonds, les émissions doivent répondre à un cahier des charges très précis dicté par la Commission européenne. Elles sont généralement émises par des grandes sociétés, mais les petites capitalisations boursières s’y intéressent aussi de plus en plus…