Le monde d’après – Quatrième Partie

Salima Barragan

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Télétravail, dé-globalisation, surveillance; le monde post-coronavirus sera différent. Entretien avec Stéphanie Sutton d’Artemis.

Le confinement a précipité un certain nombre de tendances de fonds qui se dessinaient avant la crise. Dans l’urgence, les chefs d’entreprises et les chefs d’Etats ont été amenés à prendre des décisions inédites. Un bond irréversible qui marquera notre monde après le coronavirus. Dans une série d’interviews, nos interlocuteurs se prêtent au jeu des questions-réponses pour décrypter les principaux changements qui nous attendent.

Stéphanie Sutton, directrice des investissements sur les Etats-Unis chez Artemis, s’attend à une baisse transitoire de la consommation et des dépenses d’investissement. En revanche, elle estime que le transport aérien reprendra rapidement sous certaines conditions qui rappellent les contrôles de sécurité mis en place après les attentats du 11 septembre.

«Après le confinement, les gens souhaiteront partir en vacances
à l’étranger et découvrir de nouvelles destinations.»
La consommation sera-t-elle différente après la crise?

On s’attend à une baisse générale de la consommation dont l’ampleur dépendra de la sévérité et de la durée de la crise économique qui nous attend. Durant les récessions, la consommation baisse invariablement au profit de l'épargne. Lorsque les indices de confiance sont en berne, les entreprises et les ménages ne s’endettent pas davantage. Les dépenses importantes comme les voitures neuves et les rénovations des logements sont différées alors que celles relatives aux loisirs, aux voyages et au luxe reprennent plus vite. Après le confinement, les gens souhaiteront partir en vacances à l’étranger et découvrir de nouvelles destinations.

Les entreprises reverront-elles leur modèle d’affaires dans un monde encore plus orienté sur le commerce en ligne?

Les échanges s’acheminaient déjà vers le commerce en ligne ou, du moins, un modèle mixte qui combine présence physique et présence en ligne. Tous les modèles d’affaires doivent comporter une stratégie de vente en ligne mais la crise a souligné l'importance de la logistique et du risque de dépendance à un réseau de distribution physique, qu’il soit propre ou appartienne à des tiers. Amazon a démontré la robustesse de son modèle d’affaires avec sa chaîne d'approvisionnement et sa capacité logistique exceptionnelle. 

«A long terme, la recherche des marchandises
les moins chères reprendra inéluctablement le dessus.»
Pensez-vous que le transport aérien sera durablement affecté?

Dans un premier temps, le transport aérien baissera significativement. Ensuite, il faudra s’attendre à de nouveaux contrôles des voyageurs au passage des frontières comme la prise de température et l’évaluation de leur état de santé. Après les attentats du 11 septembre, le trafic aérien a chuté significativement. Mais par la suite, il s'est rétabli grâce à la mise en place d’une sécurité anti-terroriste à laquelle nous nous sommes habitués. Ce qui néanmoins affecté négativement la croissance du trafic aérien mondial sur le moyen terme. 

Allons-nous consommer plus régional?

La crise va soutenir la tendance de consommation durable déjà amorcée. Dans un premier temps, les gens vont continuer à privilégier les produits locaux car l’accent a été mis sur la dépendance à certaines régions du monde. Les entreprises vont privilégier des chaînes d’approvisionnement plus diversifiées pour ne plus être pénalisées lors du verrouillage d’une région. Même si à long terme, la recherche des marchandises les moins chères reprendra inéluctablement le dessus, la pandémie aura freiné l’effet de la mondialisation observée sur les dernières décennies.
 

 

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