Le coup de maître du Swiss Finance Institute

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

François Degeorge : «Une formation courte et pointue, pour un public à responsabilité, avec beaucoup d’expertise et peu de temps».

En avril dernier, le Swiss Finance Institute (SFI) lançait une formule inédite: les Master Classes. Proposés gratuitement aux membres de l’Association Suisse des Banquiers (ASB), ces condensés de connaissances de pointe visent à transmettre le savoir de manière efficace. Format, durée, fréquence, contenu, la nouvelle formule dépoussière la transmission des connaissances des métiers de la finance. Quelques questions au Professeur François Degeorge, directeur du SFI et initiateur de ce concept très contemporain.

En quoi les Master Classes se différencient-elles de l’enseignement offert jusqu’à présent par le SFI?

Elles sont courtes (une demi-journée) et animées conjointement par un professeur de notre institut et un praticien financier. Cette démarche reflète notre volonté d’un enseignement à cheval entre monde académique et métier. Attention, il ne s’agit pas ici de formations de base mais d’un accès et d’un partage de connaissances de pointe au sein de la place financière, destinés à des praticiens eux-mêmes souvent experts de la matière.

La première volée était en juin/juillet. Combien en prévoyez-vous par an?

Pour l’instant, nous en prévoyons 36 par an mais c’est un chiffre appelé à évoluer. Certaines Master Classes sont des one-offs, d’autres sont des séquences.

A combien de personnes envisagez-vous vous adresser?

L’inscription aux Master Classes dépend de la politique de l’établissement auquel appartiennent les participants mais nous envisageons former ainsi plus d’un millier de personnes par an.

Cette formation correspond à une demande clairement formulée
à laquelle l’enseignement disponible en Suisse ne répondait pas.
Les mêmes cours seront-ils offerts dans plusieurs langues ou la langue dépend-elle des enseignants?

La langue dépend de l’enseignant et des experts qui coaniment les classes. Anglais, allemand, français, italien, toutes les langues parlées en Suisse seront présentes. Nous aurions pu donner tous les cours en anglais, lingua franca de la finance, mais l’utilisation d’une langue nationale facilite l’échange. C’est une chose de comprendre un cours dans une langue étrangère, c’en est une autre d’explorer et de partager.

Pourquoi opter pour cette nouvelle formule et abandonner les cours existants à un autre institut universitaire?

Nous avons mené une large réflexion sur notre stratégie de formation et avons consulté le marché en Suisse. L’une des tendances clé est la mise à jour des connaissances tout au long d’une carrière. Or le champ évolue vite et les gens souhaitent une mise à niveau rapide. L’audience visée n’est pas à la recherche d’un diplôme, mission qu’une université est mieux à même de satisfaire, mais cherche à trouver des réponses et à partager ses expériences. Ce type de formation correspond à une demande clairement formulée à laquelle l’enseignement disponible en Suisse ne répondait pas. C’est une formation courte et pointue, faite pour un public de personnes à haute responsabilité qui ont souvent une grande expertise et peu de temps à disposition.

Est-ce la raison pour des places limitées (50 maximum) et pour des critères d’admission exigeants?

Exactement. Le nombre de participants doit permettre l’échange et tous les participants doivent avoir un niveau suffisamment élevé pour dialoguer entre eux.

Le modèle construit avec le Canton de Schwyz peut être
appliqué à d'autres cantons et à d'autres ensembles. 
Pourquoi ne pas avoir opté pour un enseignement online de type MOOC?

Les MOOC sont bien adaptés à un corpus de connaissances formattées et bien balisées. Et mal adaptés à des connaissances de pointe qui évoluent constamment et qu’aucun individu (professeur ou praticien) ne maitrise dans leur ensemble. La présence dans une classe est indispensable à l’échange, à l’interactivité nécessaire avec un public qui collectivement peut apporter autant que les enseignants. C’est une confrontation des connaissances académiques avec celles des praticiens et des praticiens entre eux.

Cette offre de formation parait orientée essentiellement vers les banques. Quid des gérants indépendants qui doivent, de par la nouvelle loi, suivre une formation permanente?

Les Master Classes sont ouvertes à tous, moyennant des frais d’inscription pour ceux qui ne sont pas membres de l’ASB. Le cas s’est, bien évidemment, déjà présenté. Dans certains cas, comme celui du Canton de Schwyz, les classes sont ouvertes gratuitement à l'industrie financière locale.

Comment est né le partenariat avec le Canton de Schwyz? Pensez-vous qu’il pourrait être appliqué à d’autres cantons? Genève par exemple?

Il existe un historique avec Schwyz où nous avons conduit pendant trois ans le Swiss Asset Management Day. Le partenariat et la prise en charge des coûts par le canton se sont faits tout naturellement. Nous offrirons la première Master Class à Pfäffikon en septembre. Les classes sont ouvertes aux institutions du Canton. Il est tout à fait envisageable d’étendre cette approche – qui suscite beaucoup d’intérêt avec de longues listes d’attente. Le format (très modulaire) peut évoluer et être construit pour d’autres zones. Nous sommes flexibles et répondons rapidement à la demande.

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