La plateforme financière UMushroom se fixe pour objectif d’aider ses utilisatrices utilisateurs à s’orienter parmi les multiples possibilités d’investissement qui existent en suivant de façon structurée différentes étapes qui leur permettront de prendre les décisions les mieux adaptées à leurs objectifs de placement. La fintech zurichoise, créée au début des années 2020, emploie une équipe d’une dizaine de personnes en Suisse, renforcée par quelques développeurs basés en Bulgarie. Plus qu’une simple plateforme d’investissement, Umushroom accorde aussi beaucoup d’importance à l’éducation financière, soulignent ses co- fondatrices Luba Schoenig (L.S.) et Tonia Zimmermann (T.Z.). Elles reviennent aussi sur la coopération avec ZWEI Wealth annoncée la semaine dernière ainsi que sur le concours d’investissement Umushroom 2025 qui a commencé début mars et qui dure jusqu’à fin avril.
Il existe aujourd’hui une multitude de plateformes en ligne qui permettent aux utilisateurs d’effectuer par eux-mêmes différents choix d’investissement. Entre les plateformes ultra-sophistiquées destinées aux passionés de trading et les robots-conseillers qui prennent charge l’essentiel du processus d’investissement et rééquilibrent automatiquement les portefeuilles, comment se compare l’approche proposée par Umushroom?
Tonia Zimmermann: Notre site met l’accent sur l’accompagnement des utilisatrices et des utilisateurs tout au long de leur démarche. Nous ne commençons pas par proposer des produits d’investissement ou des solutions toutes faites mais nous cherchons à aider les utilisateurs de la plateforme à approndir leurs connaissances en matière de placements et à identifier leurs besoins et objectifs financiers. A la différence de robo advisors, qui vont le plus souvent proposer d’emblée une sélection d’ETF en fonction de l’aptitude au risque des utilisateurs, nous aidons les clientes et les clients à trouver, pas à pas, les produits qui correspondent le mieux à leurs choix en matière d’investissement. Si quelqu’un souhaite effectuer des placements en actions largement diversifiés, la plateforme va certainement lui recommander d’opter pour des ETF en actions mondiales. En revanche, si cette personne s’intéresse à investir davantage dans des petites et moyennes capitalisations, des fonds actifs seront peut-être plus appropriés que des ETF.
Vous ne prônez-donc pas dans tous les cas le recours aux placements passifs en raison de leurs coûts plus bas?
T.Z. : Non, pas nécessairement. Cela dépend des préférences des investisseurs. Les utilisateurs de la plateforme peuvent aussi choisir entre une sélection simple et une autre qui est plus sophistiquée, appelée Professional Filters en anglais.
«L’âge moyen des utilisateurs se situe toutefois aux environs de 35 ans. Il s’agit en général de personnes qui ont une certaine affinité avec le monde numérique.»
Maintenant, pour les gens qui s’essaient pour la première fois à investir, les premiers pas s’effectuent souvent à l’aide d’ETF car il s’agit d’instruments simples et qui incluent déjà une certaine diversification.
En revanche, si un utilisateur a des idées précises en matière d’investissements, il peut aussi investir directement dans des titres individuels. L’important est toujours de choisir les instruments les mieux adaptés en fonction de chaque thème. Notre application propose différents outils qui servent à la comparaison de produits d’investissement ainsi que des calculateurs.
Compte tenu de la multitude de fonds de placement, d’ETF ou de titres individuels qui existent sur le marché, simplifiez-vous aussi la tâche aux utilisateurs de la plateforme en leur proposant un choix de produits pré-sélectionnés en accord avec certains partenaires?
Luba Schoenig: Non, ce n’est pas l’approche de notre plateforme. Nous préférons accompagner les utilisatrices et les utilisateurs dans leur démarche, en les aidant à choisir les produits qui correspondent le mieux à leurs besoins et à leurs objectifs. C’est toujours le client qui est placé au centre de notre démarche qui comprend plusieurs étapes. Nous ne proposons pas de produits pré-sélectionnés d’avance. Nous n’avons pas non plus de «preferred partners» qui proposent des produits.
Quelles sont ces différentes étapes?
L.S. : Pratiquement, la première étape consiste à apprendre les termes clés et concepts de base les plus importants, par exemple la différence entre des fonds et des ETF. La deuxième est de définir le montant que l’on veut investir. La troisième de se fixer un horizon de placement. C’est seulement ensuite que la question du choix des produits ou celle de choisir entre un courtier et une banque se pose. C’est un peu l’inverse de ce que beaucoup de gens faisaient jusqu’à présent: ils vont d’abord chez une banque qui leur propose ensuite directement une sélection de fonds.
UMushroom existe depuis environ cinq ans. Quel le profil usuel des utilisatrices et utilisateurs de votre plateforme?
T.Z. : Nous avons des personnes inscrites sur notre plateforme âgées entre 16 et 86 ans. L’âge moyen des utilisateurs se situe toutefois aux environs de 35 ans. Il s’agit en général de personnes qui ont une certaine affinité avec le monde numérique et qui s’intéresse aux possibilités offertes par les nouvelles technologies. Nous avons toutefois aussi des personnes retraitées qui veulent davantage s’occuper elles-mêmes de leur finance tout comme des personnes qui souhaitent d’abord commencer à améliorer leurs connaissances en la matière avant d’investir.
Parmi nos clients, nous avons en revanche moins le profil du «Day Trader» typique, qui effectue plusieurs fois par jour des transactions car ces personnes sont en général déjà habituées à avoir leur propre solution de placement.
Quelles sont les préoccupations les plus fréquentes des personnes qui s’inscrivent sur votre site? Y a-t-il un élément déclencheur spécifique?
L.S. : Les questions en lien avec la prévoyance ou le financement de la retraite est certainement le sujet de préoccupation le plus courant. Il y a aussi le financement d’achat de biens immobiliers. Plus généralement, il y a la volonté de pouvoir effectuer soi-même ses investissements.
Il y a souvent un événement déclencheur qui peut inciter les gens à s’intéresser à leurs finances. Par exemple, un décès ou un héritage. Une promotion ou à l’inverse un licenciement ou un changement de carrière qui implique des revenus moins élevés. Il peut y avoir différents événements déclencheurs qui incitent certaines personnes à s’intéresser davantage à leurs finances et à la possibilité d’effectuer des placements.
Et aux personnes qui ne s’y intéressent pas, avez-vous des arguments pour les encourager à s’en préoccuper davantage?
L.S. : Oui, nous déployons d’ailleurs beaucoup d’efforts pour nous adresser à ces personnes. Par exemple, nous les rendons attentives au fait que l’inflation tend à redevenir un peu plus élevée qu’au début de la décennie, même le renchérissement reste faible en Suisse comparé au reste de l’Europe. Laisser son argent sur un compte courant n’est certainement pas la meilleure option.
«Alors que ZWEI Wealth se concentre sur la gestion indépendante des actifs, nous mettons l'accent sur la formation et la plateforme pour les décisions d'investissement autonomes.»
Ensuite, pour les gens qui ont déjà un certain âge, nous les rendons attentifs au fait que le taux de conversion dans le 2e pilier tend à être adapté à la baisse à intervalles réguliers. A beaucoup d’égards, les prestations de prévoyance vont plutôt dans le sens d’une baisse.
S’agissant de nos contacts avec le monde de l’école ou de la formation, beaucoup d’enseignants apprécient de pouvoir nous contacter ou recourent à notre plateforme afin d’avoir une base pour préparer des cours. Beaucoup d’enseignants ne disposent d’aucun support de formation pour préparer des cours en lien avec des questions de finance personnelle. Une partie de notre site, sous l’onglet «Learn», propose des vidéos de formation, du matériel de lecture ou encore des sessions de questions réponses en lien avec certains sujets.
Quels sont les objectifs de la coopération avec ZWEI Wealth annoncée à la mi-mars? Quelles sont les compétences spécifiques que vous apportez dans le cadre de ce partenariat?
L.S. : Dans le cadre de notre collaboration avec ZWEI Wealth, nous associons des solutions numériques innovantes à un conseil financier indépendant. Les deux sociétés ont pour objectif d'offrir aux investisseurs de nouvelles possibilités pour prendre des décisions d'investissement de manière autonome et transparente. Alors que ZWEI Wealth se concentre sur la gestion indépendante des actifs, nous mettons l'accent sur la formation et la plateforme pour les décisions d'investissement autonomes. En ce sens, nous partageons une vision avec des approches complémentaires.
Le concours d’investissement UMushroom 2025, qui a débuté en mars et dure jusqu’au 28 avril, reste ouvert aux personnes intéressées. Quel est le profil des personnes qui participent à ce concours et quelles sont vos premières impressions sur ce concours ?
T.Z. : La majorité des participants ont entre 25 et 45 ans. Près de 50% d'entre eux appartiennent à ce que l'on appelle le type «Fearer», c'est-à-dire qu'ils ont plutôt une aversion au risque et préfèrent épargner plutôt que de dépenser de l'argent. Leur conception de l'argent a tendance à être associée à la rareté.
Il est intéressant de noter que le deuxième groupe le plus important, avec près d'un quart des participants, représente le type indifférent. Pour ce groupe, l'argent est un outil neutre qui ne suscite aucune émotion positive ou négative.
Les participants avaient déjà acquis une première expérience en matière d'investissement avant le challenge. Il est d'autant plus remarquable que la majorité d'entre eux citent comme motivation principale la possibilité d'en apprendre davantage sur l'investissement. Le désir de savoir l'emporte même sur l'incitation à gagner un prix. Leur niveau de connaissances varie de faible à moyen en matière de finance, et seul un petit nombre d'entre eux se considèrent comme vraiment expérimentés.