Le boom de l’art numérique

Salima Barragan

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Selon Jean-Luc Lasquellec de Wallcrypt, la révolution du marché de l’art est en marche.

Précisément 69 millions de dollars US. C’est le prix de vente de l’œuvre d’art numérique au format JPEG de l’artiste américain contemporain Beepl mise aux enchères par Christie’s. L’engouement pour ces créations artistiques - connues sous l’acronyme NFT - est un phénomène récent qui a gagné en popularité durant le confinement. Ces Non-Fongible Token sont en réalité des certificats de propriété enregistrés sur une blockchain. Mais au fait, comment fonctionne le marché de l’art numérique? Les réponses de Jean-Luc Lasquellec, Président et fondateur de Wallcrypt, une société française dédiée à la blockchain.

Qu’est un NFT, l’acronyme de Non-Fongible Token?

C’est un jeton qui incarne un certificat d’authenticité, au même titre que le certificat papier d’une œuvre d’art classique. Il permet de certifier sur la blockchain quele possesseur est bien détenteur de la propriété de l’œuvre à laquelle il est rattaché. Ce NFT, qui a des propriétés uniques, n’est pas fongible contrairement à un billet de banque interchangeable avec une autre coupure. On va ainsi «tokeniser» des œuvres d’art sur une blockchain dédiée pour créer un certificat de propriété unique, inviolable, achetable et revendable.

Pourquoi la blockchain est-elle révolutionnaire pour le marché de l’art?

Jusqu’à présent, nous effectuions une transaction bancaire basée sur la confiance auprès de l’institution bancaire; le tiers de confiance. Or, la blockchain qui empêche toute falsification de l’information, nous permet d’atteindre une notion de confiance jusqu’alors inexistante auprès des banques dont le système est centralisé, par opposition à la blockchain qui est en open-source; c’est-à-dire décentralisé. Constamment actualisée, la blockchain permet ainsi de se passer d’un tiers de confiance. Elle est révolutionnaire pour l’art dans la mesure où il y a toujours eu des différends sur l’authenticité et l’origine des œuvres: cette possibilité évite de longues discussions lorsqu’il s’agit de leur conférer une valeur.  Enfin, la blockchain offre une traçabilité car chaque vente sera enregistrée de façon inaltérable, ce qui permet aux artistes de réclamer des droits lors de reventes ultérieures. Ce qui va complétement changer la vie des artistes!

Grâce à ces contrats intelligents, il sera aussi possible de vendre des œuvres fractionnées puis d'échanger ces fractions sur un marché.
Un fichier numérique est facilement duplicable sans perte de qualité. Pourquoi un individu va-t-il débourser 69 millions pour un NFT… ou encore 2,5 millions pour un tweet?

Pour prouver qu’ils en sont bien les propriétaires. Dans l’art traditionnel, beaucoup d’œuvres de peintres classiques ont également atteint des fortunes. Mais qu’en font les acquéreurs? Beaucoup d’entre eux, comme les assureurs qui ne peuvent les exposer, les enferment dans des coffres-forts ou les prêtent à des musés. Enfin, n’oublions pas que le marché de l’art numérique est aussi soumis à la loi de l’offre et de la demande…

Concrètement, comment crée-t-on un NFT

Après avoir créé un compte sur un site web dédié, comme par exemple, le francophone artcertificate.com., vous remplissez un formulaire qui servira à générer le certificat d’authenticité. Il doit comporter le titre de l’œuvre, le nom de l’artiste, le type de support comme par exemple une photo JPEG, la technique utilisée, la date de création et la signature. Puis, via une fonction de hachage, le site va générer une empreinte numérique propre à la création artistique. Ce certificat va être intégré dans un NFT lié à une certaine blockchain, comme Ethereum, qui est une crypto devise connectée au monde réel, contrairement au Bitcoin.

On parle aussi beaucoup de smart contracts. Comment s’appliquent-ils au domaine de l’art?

Ils assurent une certaine sécurité aussi bien pour les acheteurs que pour les artistes. Grâce à ces contrats intelligents, il sera aussi possible de vendre des œuvres fractionnées puis d'échanger ces fractions sur un marché. Ces contrats peuvent intégrer des conditions qui seront exécutées plus tard comme le montant à payer pour l’acquisition et le pourcentage de rémunération sur les ventes d’occasion à verser à l’artiste.

Quel sont vos projets en cours?

Nous travaillons sur un jeu de société de 120 cartes pour vulgariser la blockchain et les cryptos tout en s’amusant. Pour comprendre ce que signifient par exemple les termes «minage», «staking», et blockchain. Ce jeu a été réalisé à l’attention des centres de formation, des universités, mais aussi des entreprises et des start-ups. Nous développons également un livre titré «50 experts vous expliquent la blockchain», qui fournissent des explications détaillées sur ces termes nouveaux.