La qualité de l’évolution des revenus

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Fidelity International privilégie les moteurs de croissance structurels plutôt que cycliques. Entretien avec Natalie Briggs.

La qualité des revenus est gage de résilience lors des soubresauts de marchés. Lors du classement de septembre des meilleurs managers de Suisse, Citywire a attribué une place de choix à un fonds de grandes capitalisations européennes de croissance, pourvoyeuses de revenus de qualité. Le portefeuille, géré par Fidelity International, s’est particulièrement bien comporté durant les rebonds de volatilité. Explications avec Natalie Briggs, Investment Director European Equities.

Quel est le style d’investissement des sociétés dans lesquelles vous investissez?

Notre approche se concentre sur des entreprises de croissance mais aussi de revenus de qualité. Notre thèse d’investissement détermine si leurs revenus sont totalement sous leur contrôle. Cette démarche permet de nous assurer que leur modèle d’affaires idiosyncratique unique ne peut être impacté par des facteurs macro-économiques ou politiques.

A quoi attribuez-vous la bonne performance (ajustée au risque) du fonds vis-à-vis de son benchmark?

Les titres de croissance dont les revenus sont de qualité se comportent très bien lors des marchés volatils. Les plus grandes expositions du portefeuille se sont bien comportées malgré la volatilité. Il s’agit d’entreprises avec une bonne visibilité sur leurs bénéfices.

Les conséquences de la crise sur une société telle que SAP sont bien plus basses
que sur les entreprises de l’hôtellerie où les revenus sont tombés à zéro.
Reprenons vos principales positions nettes, à commencer par SAP. Ne risque-t-elle pas de faire face à des non-paiements de PME en difficultés?

Nous avons ce titre en portefeuille depuis très longtemps et sommes très confiants sur le développement de leurs affaires en dépit de l’environnement actuel. Environ 70% de leurs revenus sont récurrents. Même si certains de leurs clients étaient amenés à traverser des périodes difficiles, ils continueront certainement à honorer leurs factures. Les conséquences de la crise sur une société telle que SAP sont bien plus basses que sur les entreprises de l’hôtellerie où les revenus sont tombés à zéro.

Vous avez aussi une exposition importante sur British American Tobacco (BAT) qui souffre pourtant des réglementations anti-tabac toujours plus strictes?

BAT n’est peut-être pas le plus gros contributeur à la performance mais il est effectivement une de nos plus grandes positions, car le titre offre une croissance des revenus stable de quatre à cinq pour cent par an. Du point de vue de l’actionnaire, la société offre un rendement du dividende élevé et un free cash-flow solide. Enfin, elle est au coeur de la nouvelle génération de produits liés au tabac moins nocifs.

Quels sont les éléments qui distinguent le modèle d’affaires du danois Novo-Nordisk, le plus gros contributeur à votre performance?

Nous aimons le pipeline de cette entreprise dans la santé ainsi que sa position sur marché du diabète. En février, nos portfolio managers qui ont visité leur management, sont revenus parfaitement convaincus du modèle d’affaires: l’innovation sur les produits est constante, particulièrement dans les soins oraux du diabète.

Vous disposez d’une stratégie active avec 40 positions longues que vous augmentez lors d’opportunités. Quelles sont vos dernières acquisitions?

Lors du crash, en plus d’incrémentations de positions existantes telles que SAP, la volatilité nous a aussi permis d’investir dans des entreprises que nous trouvions précédemment trop onéreuses, comme Infineon qui fabrique des semi-conducteurs pour véhicules électriques. Ses moteurs de croissance semblent particulièrement solides à la lumière de la demande pour des véhicules toujours plus écologiques.

Les positions courtes sont obtenues par des contrats de différence (CFD)
plutôt que par une stratégie d'options complexe.
Comment sélectionnez-vous les titres de votre poche d’actions courtes?

De la même manière que nous misons sur la stabilité des revenus sur notre poche longue, nous sélectionnons sur la poche courte des entreprises constamment médiocres. C’est-à-dire, des sociétés dont les affaires se détériorent progressivement. Les positions courtes sont obtenues par des contrats de différence (CFD) plutôt que par une stratégie d'options complexe.

Vous évitez complétement l’immobilier, l’énergie et les services collectifs, pour quelles raisons?

Détenir des titres sur l’énergie revient à faire des prédictions sur le prix du pétrole à long terme. Bien que certaines valorisations puissent s’avérer intéressantes, ce secteur n’offre aucune couverture contre les chocs économiques. D’autant plus que les entreprises doivent faire face à des programmes sur les énergies vertes ainsi qu’une augmentation de leurs dépenses d’investissement dans les énergies renouvelables. De même, nous ne nous intéressons pas à l’immobilier qui est principalement déterminé par les taux d’intérêt. Enfin, les fournisseurs d’énergie sont fortement réglementés et leurs valorisations, actuellement excessivement chères sont trop liées à celles des obligations.

Pourquoi sous-pondérez-vous Nestlé et Novartis?

Dans ce secteur que nous aimons, nous avons trouvé de meilleures opportunités que Novartis, comme sa concurrente et compatriote Roche mieux valorisée. Quant à Nestlé, il est vrai que ce groupe possède des caractéristiques intéressantes, mais ses perspectives de croissance ne sont pas si bonnes et ses opportunités de hausse sont limitées. Enfin, le titre qui se négocie actuellement sur le haut de la bande de trading semble vulnérable à un déclassement.