Gestion ISR et d’impact, une affaire de femmes?

Salima Barragan

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Près de 80% des candidatures sur un poste ISR sont des femmes, estime Marina Iodice de NN IP.

Gestion classique et d’impact font-elles bon ménage? Ce n’est un secret pour personne, le premier univers est largement dominé par les hommes.  A contrario, dans la gestion ISR et d’impact, les femmes qui surfent sur cette tendance avec aisance, sont bien plus représentées que leurs homologues masculins à des postes clefs. Pour quelles raisons? Intrigué, Allnews est allé s'en enquérir auprès de Marina Iodice, gérante de fonds actions à impact. Entretien.

Comment se différencie la gestion d’impact de la gestion classique?

La gestion d’impact se concentre sur la matérialité de l’impact des entreprises, c’est-à-dire son poids dans leurs chiffres d’affaires et dans leurs dépenses d'investissement, ainsi que les répercussions positives engendrées pour la société. Cette approche se base à la fois sur des éléments quantitatifs et qualitatifs. Par exemple, nous investissons dans des entreprises de pays émergents dont l’impact social est en relatif plus important que ces mêmes activités dans des pays développés.

L’analyse extra-financière est un choix plus
en adéquation avec l’aspiration des femmes..
Comment le travail quotidien d’une gestionnaire d’impact diffère-t-il de celui des gérants et analystes financiers classiques?

La façon dont nous sélectionnons les idées d’investissement, puis les gardons en portefeuille, requiert une analyse supplémentaire au-delà des analyses traditionnelles, afin de mesurer l’impact social ou environnemental. Contrairement aux analystes financiers, nous ne nous concentrons pas uniquement sur les résultats trimestriels, car nos thèses d’investissement s'inquiètent du long terme. Enfin, nous sommes également très engagés avec les entreprises afin d’améliorer la performance de leur impact négatif, ou positif, sur la société.

La gestion étant un métier plutôt masculin, pourquoi les gestionnaires ISR, ESG et d’impact sont-elles principalement des femmes?

Selon mon expérience, cette divergence a un fondement culturel. Lorsque je travaillais dans l’ISR, nous recevions environ 80% de candidatures féminines par poste à pourvoir. Je pense que cela provient aussi de la passion et de la sensibilité féminine à l’analyse extra-financière. Durant leur éducation, les femmes embrassent davantage les filières littéraires que leurs camarades masculins, plus enclins à suivre des cursus quantitatifs. Ainsi, au moment de rentrer dans le monde de la finance, l’analyse extra-financière est un choix plus en adéquation avec l’aspiration des femmes.

Selon votre expérience, comment vos homologues masculins gestionnaires de fonds classiques considèrent-il la gestion d’impact?

Certains considèrent la gestion d’impact comme une menace. Car c’est l’ISR 2.0 qui va chercher plus d’impact, au moment où l’ISR devient mainstream, porté par la demande des clients intéressés à regarder au-delà des rendements financiers. D’autres la considère encore comme une gestion de niche. Enfin, un dernier bastion résiste encore tant bien que mal à ce courant…