Baloise conserve des objectifs ambitieux mais réalistes

Philippe Rey

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L’assureur toutes branches tient bien le cap, développe ses écosystèmes et son esprit innovant. Entretien avec Michael Müller, CEO pour la Suisse.

Après avoir réussi son premier programme stratégique «Simply Safe», le groupe Baloise a entamé la phase 2, qui durera de 2022 à 2025. L’assureur toutes branches tient jusqu’ici son cap, selon Michael Müller, CEO de Baloise en Suisse et membre de la direction du groupe. Les objectifs fixés sont certes ambitieux: -figurer dans le top 5% des employeurs européens; -attirer 1,5 million de nouveaux clients; - générer pour 2 milliards de francs cumulés de liquidités injectées dans la société holding, dont une part de 60% à 80% sera distribuée sous forme de dividendes.

La dynamique actuelle du groupe Baloise et de Baloise en Suisse est-elle conforme aux objectifs pour la période 2022-2025?

Nous avons bien entamé cette «saison 2», globalement, au vu de l’évolution de nos affaires cette année, malgré un environnement économique et géopolitique très incertain. La croissance doit être à la fois organique, par acquisitions et au travers nos écosystèmes. Ceci en préservant notre rentabilité et en étant plus qu’une compagnie d’assurances traditionnelle. Toutes les unités d’affaires du groupe doivent y contribuer, en particulier les activités suisses. Sans perdre de vue non plus que le marché suisse de l’assurance s’avère mature et que la taille joue également un rôle.  

Pour renforcer cette dynamique, le groupe opère désormais sous une seule marque commune: «Baloise».  

Baloise se révèle bien diversifié tant sur le plan géographique que par type d’activités.
La Suisse demeure la figure de proue du groupe en ce qui concerne le résultat d’exploitation (EBIT) et les versements de cash à Baloise Holding…

C’est en effet une part considérable aux résultats du groupe, aussi bien pour le volume d’affaires que l’EBIT et le cash-flow. Cependant, Baloise se révèle bien diversifié tant sur le plan géographique, avec la Suisse, l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg, que par type d’activités: vie, non-vie ainsi que banque et asset management. C’est une force de Baloise.

Vos écosystèmes habitat et mobilité sont-ils des facteurs de différenciation alors que les activités d’assurances sont peu différenciées et forment un marché très concurrentiel?

Ils nous aident à offrir une gamme complète de produits et services en matière de prévention, de prévoyance, d’assistance et d’assurance. Au sein de ces écosystèmes, des partenariats avec des entreprises externes ont été noués, des investissements dans des startups effectués et des startups propres créées. Baloise a pour but d’être le premier choix avec les meilleures solutions pour les personnes qui veulent se sentir simplement en sécurité.  

L’écosystème habitat, notamment en Suisse avec les plateformes Movu, Batmaid, devis.ch, et Houzy avec UBS, celle pour les logements en propriété, apparaît plus proche de notre cœur de métier de l’assurance que celui de la mobilité. Cette dernière évolue vite et accélère notre activité classique d’assurance moteur. Nous devons nous y adapter et explorer de nouvelles voies, en agissant avec des startups.

Ces écosystèmes amènent davantage d’interactions avec les clients. La banque de Baloise contribue également à cette offre globale.

Nous devons certes satisfaire cette ambition en étant non seulement plus polyvalents et rapides, mais en étant efficients et disciplinés en termes de gestion des risques.

La phase 2 de «Simply Safe» doit ouvrir la voie au futur et être pour nos processus celle de la durabilité. Ce qui nous conduit par exemple à nous interroger sur les risques qui devront et pourront encore être assurés, avec, en filigrane, la nécessité de préserver à long terme notre rentabilité.

Un facteur de différenciation réside également dans le fait d’engager les bonnes personnes, ainsi que dans l’apprentissage et la formation initiale en assurances.

Quelles sont les meilleures opportunités de croissance en ce moment, en Suisse notamment?

La solution de prévoyance semi-autonome Perspectiva pour les petites et moyennes entreprises en est une. Nous voyons aussi des opportunités de croissance rentable dans la prévoyance individuelle, les revenus des affaires de frais et commissions, ainsi qu’avec les jeunes entreprises et startups auxquelles Baloise peut justement proposer une offre complète de solutions et produits.

«Notre taux de frais est plus bas en Suisse qu’ailleurs, du fait d’un réseau de distribution plus favorable.»

Aussi bien en vie qu’en non-vie, nous continuons à mener une politique de souscription restrictive, en particulier dans le segment vie collective suisse. En Allemagne, Baloise a d’ailleurs vendu cette année son portefeuille d’assurance responsabilité civile hospitalière en run-off.

Le groupe affiche un taux de solvabilité supérieur à 200%. A fin 2021, le capital disponible ou porteur de risque dépassait 13 milliards de francs. Soit bien au-dessus de la valeur boursière et des fonds propres publiés…

Le capital porteur de risque ne signifie pas la même chose que les capitaux propres, qui revêtent un caractère comptable. Le test suisse de solvabilité (SST), qui permet de mesurer la capitalisation d’une entreprise d’assurance, montre les risques d’assurance et de placements encourus et repose sur une approche de bilan global. S’agissant de Baloise, le taux SST s’avère à la fois solide et stable.

Recourez-vous à des solutions de réassurance pour améliorer le ratio SST?

Nous ne faisons pas de réassurance pour améliorer le SST, mais pour couvrir des sinistres de grande ampleur. D’ailleurs, nous le faisons dans les affaires non-vie et pratiquement pas en vie. Il convient de souligner à ce propos la solidarité en Suisse, à l’échelle nationale, en matière d’assurance contre les dommages dus à des événements naturels. Cette solidarité fonctionne bien. Indépendamment de la réassurance, nous avons en Suisse un bon système pour les dommages naturels; c’est pourquoi, contrairement à d’autres pays, la plupart des risques sont assurables. La prévention et l’assistance sont en l’espèce des éléments essentiels.  

Le portefeuille non-vie de Baloise Suisse est-il un des plus rentables en Europe?

Le fait que le ratio combiné (ndlr: frais de gestion et coûts des sinistres rapportés aux primes encaissées) s’inscrive régulièrement au-dessous de 90% et donc au-dessous de la moyenne du groupe sur une longue période démontre la qualité de ce portefeuille. Cependant, Baloise exploite également des portefeuilles non vie de qualité dans les autres pays où il opère, notamment en Allemagne où des gros progrès ont été accomplis. Notre taux de frais est plus bas en Suisse qu’ailleurs, du fait d’un réseau de distribution plus favorable.  

Quid de l’assurance accident et maladie pour les entreprises?

Notre segment-cible au sein de l’assurance accident et maladie est celui des indemnités journalières de maladie. Les assurances d’entreprises ont globalement en tendance un ratio combiné plus élevé que les assurances des clients privés. En particulier, les indemnités journalières de maladie sont très cycliques, avec parfois un ratio combiné pouvant être supérieur à 100%.

Au reste, nous accordons beaucoup d’importance à l’équilibre et à la santé. Nous y vouons une grande attention tant au sein de Baloise que chez nos clients. Par exemple, le burnout figure en Suisse parmi les 20 raisons majeures faisant échouer une start-up. C’est pourquoi Baloise - parmi de nombreuses autres mesures de soutien -sensibilise les créateurs d’entreprise au sujet du burnout. Car nous nous considérons comme un partenaire de confiance pour nos clients, dans toutes les situations de la vie.

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