Asteria IM reçoit le feu vert de la Finma

Salima Barragan

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«Notre double objectif est de concilier performance et contribution sociale et environnementale», déclare Katia Coudray, CEO de Asteria IM.

La Banque Reyl a donnée naissance en octobre dernier à Asteria Investment Managers, sa nouvelle filiale dédiée à la finance d’impact. Entièrement indépendante, elle pourra compter sur une équipe chevronnée en matière d’investissement social et responsable.  En septembre, moins d’un an après son apparition, Asteria IM lancera ses premiers fonds ainsi que des mandats de gestion et des solutions d’investissements personnalisées. Au lendemain de l’obtention de sa licence par la Finma, Katia Coudray, CEO, lève le voile sur son modèle d’affaires ainsi que sur son offre de produits et de services. Entretien.

Pour quelles raisons Reyl a-t-elle créé une filiale indépendante ainsi qu’externalisé un grand nombre des fonctions de support, dont le Trading Desk?

Suite à la vente de RAM, Reyl souhaitait conserver son modèle d’affaires diversifié et par conséquent recréer une compétence de gestion institutionnelle, avec le désir que les solutions proposées puissent intégrer les préoccupations climatiques et sociales de ses clients. Afin de préserver l’intégrité de cette initiative ainsi que la spécialisation sur l’impact et la durabilité, la création d’une société indépendante s’est ainsi imposée comme étant la meilleure solution pour réaliser notre objectif et permettre aux investisseurs de contribuer positivement au changement. 

«Nous devons compter avec davantage de reporting
et aussi assurer la meilleure exécution possible pour nos clients.»

Avec la création d’Asteria IM, nous avons aussi créé un tout nouveau modèle d’affaire depuis une page blanche d’où nous avons choisi d’externaliser les fonctions de support ainsi que le trading et le middle office. Pour cette partie, nous avons sélectionné Amundi, ce qui nous permet de bénéficier de l’infrastructure d’un des plus grand gérant d’actifs sur le plan mondial. L’externalisation des fonctions de support est le modèle de l’Asset Management du XXIe siècle qui nous permet de nous concentrer sur le cœur de notre métier: la gestion. Nous devons compter avec davantage de reporting et aussi assurer la meilleure exécution possible pour nos clients.

En matière d’investissements durables, le champ est assez vaste. Comment définissez-vous votre approche?

Notre approche est concentrée sur l’investissement d’impact qui consiste à sélectionner les entreprises dont les produits, services ou technologies permettent de contribuer positivement à l’atteinte des objectifs de développement durable tels que définis par l’ONU. Nous intégrons les critères ESG dans notre sélection, mais allons un pas plus loin que ces approches en investissant uniquement dans des modèles d’affaires d’entreprises générant une contribution positive dans la résolution des enjeux climatiques et sociaux. Pour ce faire, nous réalisons trois types recherches: l’impact sur l’humain et le climat, l’ESG avec les scoring sur les comportements des sociétés, et enfin, comme tout Asset Manager, la recherche fondamentale et financière sur les entreprises.

Quelles sont les licences fraîchement obtenues et dans quel but?

Nous venons d’obtenir la licence de gestionnaire de fonds, celle de gestion individuelle et de conseil, en clair la licence type d’un Asset Manager. Nous avons dans le pipeline le lancement de fonds climatiques liquides cet automne et sommes en mesures d’offrir des mandats de gestion spécialisés en actions, obligations et mixtes tous articulés autour de la génération d’impact positif sur deux thèmes: Planet et People.

«Notre modèle d’affaires vise à offrir des stratégies
génératrices d’impact dans toutes les classes d’actifs.»
Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre offre de services et sur vos stratégies?

Notre modèle d’affaires vise à offrir des stratégies génératrices d’impact dans toutes les classes d’actifs, afin de donner l’accès au plus grand nombre et de combler le besoin en financement de cette industrie. Nous commençons par les actions et les obligations cotées thématiques, à moyen terme nous prévoyons de lancer une stratégie de dette privée, incluant de la microfinance ainsi que des projets d’énergie renouvelable et à plus long terme nous envisageons être actifs sur le private equity. Dans toutes nos stratégies, nous plaçons la génération d’impact et la performance sur un pied d’égalité, notre objectif consistant à offrir le profil de rendement et de risque d’une classe d’actif traditionnelle avec la génération d’impact en plus. Notre offre vise à faciliter l’investissement d’impact avec une bonne gestion du risque afin d’éviter le choix entre impact et performance.

Ces segments de marché ne sont-ils pas déjà couverts par la concurrence?

Bien que l’on observe une généralisation du passage à l’investissement durable, l’investissement d’impact représente une infime partie de l’industrie de l’asset management. Selon le dernier rapport du GIIN, l’ESG ou durable représente 40% des actifs totaux alors que l’impact avec 0,72 trillion reste inférieur à 1%. De plus, au sein de l’investissement d’impact, le marché reste concentré sur les Pure Player - offrant plutôt des stratégies de niches, peu liquides.  Au final, bien peu de gestionnaires spécialisés déploient réellement une offre qui s’étend sur tout le spectre des classes d’actifs. Aussi, très peu d’entre elles ont fondé leur approche en cumulant les effets sociaux et environnementaux de l’impact d’un côté, et de la rentabilité financière de l’autre. Nous souhaitons combler cette lacune afin d’atteindre notre double objectif de performance et de contribution.

«Nous avons fédéré nos compétences en créant une équipe d’investissement mixte
avec des spécialistes de l’impact et des experts de la gestion d’actifs.»
Comment comptez-vous réaliser votre double objectif?

Nous avons fédéré nos compétences en créant une équipe d’investissement mixte avec des spécialistes de l’impact et des experts de la gestion d’actifs, pour offrir des solutions contributives et développer un projet de recherche d’impact propriétaire. La gestion d’impact est un travail colossal pour découper l’univers d’investissement en sociétés et calculer l’impact de chacune de ces sociétés.

D’ailleurs votre équipe dispose de sérieuses compétences en matière de gestion quantitative. Votre outil de recherche d’impact repose-t-il sur le big data?

Disposer d’une plateforme technologique performante est un des élément clé de notre modèle pour digérer la montagne de données à laquelle nous faisons face et qui va continuer de croître. Dans une dizaine d’années, la longueur des sections ESG des rapports annuels sera multipliée, ce qui représente un très grand défi pour la gestion durable. Le big data permet de relever ce défi et extraire, traiter et analyser tous les flux de données financières et extra-financières. Nos trois recherches (impact, ESG et financières) sont organisées de façon systématique sur une seule et même plateforme, nous donnant une vision globale du score d’impact et ESG des entreprises mais aussi de leur validité financière pour la construction quantitative des portefeuilles. Il nous a donc semblé naturel d’opter pour une gestion quantitative de portefeuille pour nos stratégies liquides. Cette organisation permet le partage et le travail en équipe, avec Guido Bolliger en tant que responsable de l’investissement, Natacha Guerdat aux commandes de la recherche d’impact et Fabio Sofia sur la partie dette privée, soutenus par l’ensemble des gérants et des analystes d’Asteria IM.

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