Les professionnels de la construction résidentielle en Allemagne sont plus pessimistes qu’ils ne l’ont été depuis des décennies, selon une enquête de l’institut économique IFO, alors que le secteur subit la hausse des taux d’intérêt et des coûts.
L’indice du climat des affaires pour la construction résidentielle est tombé à -56,8 points en décembre, le niveau le plus bas depuis le début, en 1991, de ces enquêtes mensuelles de l’institut basé à Munich.
«Les attentes exceptionnellement faibles montrent que les entreprises n’ont actuellement aucun espoir», a commenté dans un communiqué Klaus Wohlrabe, directeur des enquêtes de l’IFO.
«Les perspectives pour 2024 sont sombres», a-t-il ajouté. Plus de la moitié des entreprises interrogées (56,9%) sont confrontées à un manque de commandes.
«Bien que les taux d’intérêt du financement de la construction aient récemment baissé, aucune détente n’est en vue», selon cet expert.
Après une envolée liée au durcissement monétaire de la Banque centrale européenne, les taux d’intérêt pour la construction en Allemagne sont repassés sous la barre des 3,0% en début d’année, a indiqué cette semaine le portail comparatif Check24, sur fond de détente de l’inflation.
L’immobilier neuf subit à la fois la forte baisse du pouvoir d’achat des acquéreurs et un renchérissement des coûts de construction.
La hausse rapide des taux d’intérêt a exclu beaucoup d’acquéreurs du marché, notamment les primo-accédants à la propriété, dont les revenus sont en outre rognés par l’inflation.
Du côté des constructeurs, les crises mondiales successives (pandémie, guerre en Ukraine...) ont fait s’envoler les coûts des matériaux de construction, et le durcissement de la règlementation environnementale ajoute encore un surcoût aux opérations.
Les demandes de permis de construire de nouveaux logements ont chuté de près de 27% entre janvier et octobre 2023 sur un an en Allemagne et les faillites de promoteurs se sont multipliées ces derniers mois.
Pour réduire le coût de la construction, la fédération allemande de l’industrie du bâtiment a de nouveau appelé mercredi le gouvernement à alléger la règlementation et la bureaucratie: «abaisser les normes, y compris dans le domaine de l’efficacité énergétique, introduire la demande de permis de construire numérique et des processus administratifs numériques uniformes à l’échelle nationale, uniformiser les règlements de construction des 16 régions» ne coûterait «pas un centime», ont-ils plaidé.