La production industrielle en Allemagne a baissé en novembre, pour le sixième mois consécutif, toujours plombée par l’inflation, les coûts de l’énergie et la demande atone qui affectent la première économie européenne depuis plusieurs mois.
L’indice a reculé de 0,7% sur un mois, en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables, après une baisse révisée de 0,3% en octobre, a indiqué mardi l’Office de statistique allemand Destatis dans un communiqué.
«La tendance à la baisse observée depuis le printemps de l’année dernière se poursuit», a commenté le ministère de l’Economie dans un communiqué séparé.
Les experts de la plateforme d’analyse financière Factset avaient pourtant tablé sur une première stagnation de l’indice en six mois.
Sur un an, la production industrielle chute de 4,8%.
Dans le détail, la production de biens d’équipement a reculé de 0,7% et celle de biens intermédiaires de 0,5%. La production de biens de consommation est repartie à la baisse (-0,1%).
La production industrielle est désormais inférieure de plus de 9% à son niveau d’avant la pandémie, près de quatre ans après le début de la pandémie de Covid-19, souligne Carsten Brzeski, économiste chez ING.
Le secteur, pilier de la première économie européenne, souffre depuis plusieurs mois.
Il est d’abord plombé par une demande intérieure atone, en raison de l’inflation et des hausses de taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE).
La branche est aussi pénalisée par des exportations moins dynamiques, freinées par le ralentissement de la demande en produits allemands, notamment en Chine, un marché crucial pour l’industrie allemande.
Les activités les plus consommatrices d’énergie sont reparties à la hausse, avec une augmentation de 3,1% en novembre.
Au regard des carnets de commandes et du climat des affaires, «il ne faut pas s’attendre à un redressement rapide de l’activité industrielle», a commenté le ministère de l’Economie.
Le mois de décembre pourrait amener un lot de nouvelles déceptions avec «les premières retombées économiques des difficultés budgétaires du gouvernement allemand, les perturbations dans le canal de Suez et la faiblesse des ventes de Noël», prévient M. Brzeski.
Tout cela pourrait pousser l’économie allemande vers «une première récession technique» depuis 2020, ajoute-t-il, soit deux trimestres d’affilée de recul du PIB.
L’activité économique allemande s’est contractée au troisième trimestre, avec une baisse de 0,1%, et le gouvernement s’attend à une baisse de 0,4% du PIB sur l’année 2023.
«Toutefois, dans le courant de l’année, une reprise de la production industrielle devrait s’amorcer, compte tenu de la relance attendue de l’économie intérieure et de la reprise des exportations», nuance le ministère de l’Economie.