Raiffeisen cède Notenstein La Roche à Vontobel

AWP

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L’établissement saint-gallois sera repris à 100% par la banque de gestion zurichoise pour 700 millions de francs.

Raiffeisen a coupé court aux rumeurs qui circulaient depuis des années concernant Notenstein La Roche. La coopérative bancaire a décidé de se séparer de la banque privée saint-galloise en la vendant pour 700 millions de francs à Vontobel. L’établissement de gestion zurichois, qui avait déjà acquis une partie des activités en 2017, profitera d’importantes synergies, prédisent les analystes.

Notenstein aura changé de main d’ici le troisième trimestre de cette année, sous réserve du feu vert des autorités compétentes, ont indiqué jeudi Raiffeisen et Vontobel dans un communiqué conjoint. L’accord signé entre les deux parties concerne l’entier du capital-actions.

Le bien-fondé de la présence de Notenstein au sein du groupe Raiffeisen - l’achat remonte à 2012 - soulevait des questions depuis longtemps. Jusqu’ici, la direction avait écarté une cession de la banque privée saint-galloise. Le directeur général (CEO) Patrick Gisel assurait encore en février 2016 que la vente n’entrait pas en ligne de considération.

Raiffeisen a modifié sa stratégie pour la gestion de fortune. Les clients riches et ultra-riches, qui sont l’apanage de Notenstein, seront délaissés au profit des investisseurs plus modestes. Des moyens non spécifiés seront engagés par la banque afin de mieux les servir.

«La décision de vente n’est un pas un renoncement à la stratégie de diversification», prévient toutefois M. Gisel, cité dans le communiqué.

La coopérative bancaire a connu quelques turbulences dernièrement, suite aux déboires judiciaires de son ancien directeur général Pierin Vincenz. Cette affaire a entraîné le départ du président Johannes Rüegg-Stürm en mars. Raiffeisen fait partie des cinq banques suisses présentant un risque systémique.

Contribution dès 2019

Notenstein La Roche pourra mieux développer son potentiel dans un «environnement de banque privée classique», affirme le communiqué. L’établissement affiche une masse sous gestion de 16,5 milliards de francs et déploie ses activités sur 13 sites en Suisse.

Notenstein sert aussi bien la clientèle privée, principalement suisse puis allemande, que les gérants indépendants. A titre de comparaison, Vontobel présentait fin 2017 une masse sous gestion de 54 milliards de francs (+15,4% sur un an) dans les deux domaines susmentionnés.

Avant sa reprise par Raiffeisen, Notenstein appartenait à la banque Wegelin, emportée en 2013 par une affaire de fraude fiscale aux Etats-Unis.

Le groupe saint-gallois avait lancé en 2016 un plan d’économies drastique visant notamment à réduire le nombre d’employés de Notenstein, dont l’effectif approche aujourd’hui les 330 personnes dont 106 conseillers. Dans un commentaire publié jeudi, Baader Helvea estime que la banque privée ne possède toujours pas la masse critique nécessaire.

La situation devrait changer avec l’intégration dans Vontobel, qui s’attend à une contribution de Notenstein au résultat des activités de gestion de fortune dès 2019. Les coûts d’intégration sont estimés à 50 millions de francs et s’étaleront sur deux ans, a précisé le directeur financier Martin Sieg Castagnola lors d’une conférence téléphonique.

Cette reprise est un pas en avant sensible pour Vontobel puisque le type de clientèle correspond, assure un analyste de la Banque cantonale de Zurich (ZKB). L’équilibre entre les différentes divisions sera également amélioré, selon lui.

«Notenstein La Roche complète de manière optimale notre croissance organique dans la gestion de fortune, solide depuis des années. La base de clients élargie nous donnera la possibilité d’utiliser encore mieux nos (...) plateformes», a déclare dans un communiqué le patron de Vontobel. Zeno Staub.

Deux précédents

Vontobel n’est pas étranger aux activités de Notenstein. L’établissement de gestion s’était emparé du portefeuille de clients Europe de l’Est de la banque privée saint-galloise en août dernier.

En 2016, le groupe zurichois avait également acquis Vescore, filiale de gestion d’actifs de la coopérative bancaire. Vontobel est un «partenaire naturel» pour Raiffeisen, souligne la ZKB.

Ces précédents devraient faciliter l’intégration des activités restantes de Notenstein dans Vontobel, a expliqué le CFO.

Afin de financer l’opération, la banque zurichoise prévoit d’émettre un emprunt sans échéance (Additional Tier 1) entre 350 et 450 millions de francs.

Le ratio de fonds propres passera à 17,7% de 18,4% après l’acquisition. Selon la ZKB, la ratio de fonds propres durs (CET1) sera raboté à quelque 12,1%. Aucune dilution n’est attendue dans l’actionnariat.

Cette vente portait le titre Vontobel, qui prenait 1,6% à 66,85 francs à 11h30. Le SPI gonflait de 0,38%. Raiffeisen n’est pas coté à la Bourse suisse.