Les turbulences traversées depuis décembre par Leonteq ont visiblement irrité les actionnaires du groupe, qui ont décidé de mettre leur grain de sel dans l’ordre du jour de l’assemblée générale du 28 février. Ces investisseurs veulent plus d’argent et ont barré la route du conseil d’administration au patron sortant.
Les revendications émanent de deux actionnaires de référence du spécialiste des produits structurés, dont le plus important, Raiffeisen. La banque coopérative réclame ainsi un dividende de 3 francs - au lieu des 25 centimes proposés - composé de 1,50 franc prélevé sur les bénéfices et 1,50 franc provenant des réserves de distribution, indique vendredi Leonteq dans un communiqué. Raiffeisen détient une part de quelque 30% dans le groupe zurichois.
Pour sa part, l’homme d’affaires Rainer-Marc Frey, fort d’une participation de 6,20%, appelle de ses voeux un programme de rachat d’actions plafonné à 150 millions de francs, pour un volume maximal de 5 millions de titres. Les actions rachetées jusqu’à fin 2026 seraient vouées à la destruction, selon les voeux de M. Frey.
Le conseil d’administration n’a pas encore statué sur ces deux propositions de modification de l’ordre du jour. Il fera connaître ses recommandations avec l’invitation à l’assemblée du 28 février.
Sanctionné en décembre par le gendarme financier Finma pour avoir collaboré avec des distributeurs douteux et non contrôlés, Leonteq a vu son bénéfice net dégringoler l’année dernière. Le conseil d’administration a ainsi proposé de diviser le dividende par quatre, alors que les actionnaires avaient perçu 1 franc par nominative au titre de l’exercice 2023.
Ambitions contrariées
Ces déboires ont eu raison de la candidature du patron (CEO) démissionnaire Lukas Ruflin au conseil d’administration. Pressé de renoncer par les actionnaires, le cofondateur du groupe ne briguera finalement pas le siège convoité lors de l’assemblée générale afin d’éviter une «controverse».
«Les investisseurs s’attendent à une période de réflexion pour le CEO sortant avant qu’il ne rejoigne le conseil d’administration», affirme M. Ruflin, cité dans le communiqué. La direction de Leonteq a rencontré les actionnaires après la publication des résultats 2024, il y a une semaine.
Lukas Ruflin a annoncé son départ de la tête de l’entreprise à fin juillet, date à laquelle il a fait connaître son intention de siéger au conseil d’administration. Le cofondateur détient toujours une part de 8,82% dans l’entreprise, se positionnant comme le deuxième actionnaire le plus important.
Christian Spieler reprendra les rênes de Leonteq en mars, apprenait-on la semaine dernière.
Les propositions des actionnaires avaient déjà un effet immédiat sur l’action Leonteq, dont le cours s’envolait à la Bourse suisse. A 9h50, l’action prenait 19% à 21 francs, après avoir atteint un pic à 22 francs un peu plus tôt. Le SPI lâchait 0,22%.
Avec les revendications de Raiffeisen et Rainer-Marc Frey, le rapatriement du capital pourrait commencer plus tôt que prévu, affirme la Banque cantonale de Zurich dans un commentaire. Pour l’analyste Daniel Regli, il semble cependant prématuré d’ouvrir les vannes avant de déterminer exactement à quel niveau le ratio de fonds propres se situera à l’avenir. A la fin de l’année, cet indicateur devait s’élever entre 16 et 17%. Leonteq n’est donc pas dans une situation de surcapitalisation, prévient M. Regli.