La première banque française BNP Paribas a de nouveau battu son record de bénéfice net l’an dernier, pour la troisième année consécutive, dopée par la hausse des taux d’intérêt, ses métiers de financement et d’investissement et la vente de sa filiale américaine Bank of the West.
Le groupe «réalise une très bonne performance en 2023 qui reflète la solidité de notre modèle diversifié», s’est félicité jeudi son directeur général Jean-Laurent Bonnafé, cité dans un communiqué.
A près de 11 milliards d’euros (10,3 milliards de francs), le résultat net de l’an dernier est de 11,2% supérieur au record de 2022, après recalcul intégrant des évolutions de comptables et de périmètre. L’année 2021 était déjà sans précédent.
Le produit net bancaire (PNB), équivalent du chiffre d’affaires pour le secteur, est quasi stable sur un an, à 45,87 milliards d’euros.
La cession de Bank of the West, vendue 16,3 milliards de dollars début février, a permis au groupe d’enregistrer une plus-value de près de 3 milliards d’euros.
Les bonnes performances de la banque de financement et d’investissement - 5,7 milliards d’euros de résultat avant impôts l’an dernier, soit +6,4% sur un an - permettent à la banque de compenser un dernier trimestre en demi-teinte.
Litiges en fin d’année
S’il a été marqué pour l’industrie par l’effondrement soudain de plusieurs banques régionales aux Etats-Unis et la reprise en catastrophe de Credit Suisse par UBS, le début d’année 2023 a plutôt épargné BNP Paribas.
C’est d’ailleurs au premier trimestre que la banque a entré dans ses comptes la plus-value de cession de sa filiale américaine.
La fin d’année a été plus houleuse.
Sur le plan social, le groupe bancaire n’a pas réussi à trouver en octobre un accord avec les deux principales organisations syndicales dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), après un rare mouvement de grève.
Sur le plan judiciaire, la filiale dédiée au crédit à la consommation BNP Paribas Personal Finance a été condamnée fin novembre en appel pour pratiques commerciales trompeuses dans le cadre de l’affaire des prêts immobiliers Helvet Immo.
BNP Paribas a d’ailleurs traduit sur le plan comptable ce différend, en provisionnant 221 millions d’euros au quatrième trimestre, ainsi que 450 millions d’euros pour des prêts hypothécaires en Pologne, eux aussi adossés au franc suisse.
Ces deux éléments contribuent à la division par deux du bénéfice net sur un an entre octobre et décembre, à 1,07 milliard d’euros.
Rachat d’actions
La banque de financement et d’investissement (BFI) est restée en 2023 une des locomotives du groupe BNP Paribas.
L’activité a été particulièrement soutenue sur les marchés d’actions tandis que les marchés de taux, de change et de matières premières, très actifs en 2022, sont revenus à des niveaux plus classiques.
Le pôle banques commerciales (France, Belgique, Italie...) rassemblées avec les métiers spécialisés tels que le leasing automobile, avec Arval, ou le paiement, avec Nickel et Floa, «est en croissance», assure le groupe, malgré les déboires de Personal Finance.
BNP Paribas reste par ailleurs en bonne voie pour reprendre les clients d’Orange Bank, qui met la clef sous la porte.
Le revenu des métiers d’investissement, d’assurance et d’épargne connaît des fortunes diverses, la gestion d’actifs s’en tirant par exemple mieux que la promotion immobilière.
Le coût du risque, c’est-à-dire les sommes provisionnées pour faire face aux éventuels impayés sur les crédits consentis, remonte au quatrième trimestre, à 972 millions d’euros.
La banque compte enfin verser à ses actionnaires un dividende en hausse de 18%, à 4,60 euros par action, soit la moitié de son résultat «distribuable», de 11,23 milliards d’euros. Un nouveau programme de rachat d’actions de 1,05 milliard d’euros est également annoncé.
Le marché sanctionne le groupe bancaire, indicateur décevant
Les résultats de la première banque française ont été mal accueillis en bourse jeudi, le bénéfice net record pour la troisième année consécutive étant entaché par les difficultés rencontrées dans les métiers de crédit à la consommation et d’immobilier.
L’action a perdu 9,21%, à 56,79 euros, dans un marché en baisse de 0,89% plombé par le secteur bancaire. Il s’agit de la pire séance pour BNP Paribas depuis près d’un an.
L’analyste de RBC Anke Reingen a jugé «décevante», dans une note, la révision à la baisse de l’objectif de taux de rentabilité annualisé de capitaux propres (ROTE), annoncé jeudi par la banque en marge des données financières 2023.
Cet indicateur, qui donne une idée des bénéfices générés par rapport au capital investi, est pénalisé par les difficultés rencontrées dans les activités de l’immobilier et du crédit à la consommation.
Ces deux métiers «connaissent actuellement une réadaptation, un redéploiement de leur ‘business model’, dans des circonstances qui sont différentes pour l’un et pour l’autre mais qui leur rendent la vie assez difficile», a reconnu le directeur général Jean-Laurent Bonnafé lors d’une conférence de presse.