Moody’s dégrade Credit Suisse après Archegos et Greensill

AWP

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L’agence anticipe certes une amélioration des pratiques de gestion et de gouvernance chez Credit Suisse, mais s’attend à une phase d’incertitudes, notamment en termes de réputation pour la banque.

L’agence Moody’s a revu à la baisse la notation de certains emprunts de Credit Suisse, évoquant pour le numéro deux bancaire helvétique une réduction de la capacité à absorber des pertes inattendues, débouchant sur un affaiblissement de la solvabilité. Cette dégradation fait suite aux affaires Greensill et Archegos.

Moody’s a abaissé d’un cran la notation de la dette senior à long terme non garantie de l’entité Credit Suisse SA à «A1» de «Aa3», indique mardi l’agence de notation. Ces prêts passent ainsi de la catégorie «haute qualité» à «qualité moyenne supérieure». Le risque lié est désormais faible, alors qu’il était estimé à «très faible» précédemment. La dégradation concerne également les dépôts.

Le rating «Baa1» de la dette senior à long terme non garantie de la maison-mère Credit Suisse Group SA est néanmoins garanti, précise le communiqué. L’ensemble de ces adaptations découlent initialement d’une mise à jour de la méthodologie chez Moody’s annoncée la semaine dernière. Mais les frasques récentes de Credit Suisse n’ont pas été oubliées.

L’agence de notation new-yorkaise pointe du doigt une appétence au risque plus élevée que prévu chez Credit Suisse, une déficience dans la sensibilisation au risque à l’interne et des manquements dans les contrôles qui justifient la révision à la baisse.

L’affaire Greensill, du nom de la société britannique d’affacturage en faillite, est clairement citée par Moody’s. Credit Suisse est en train de liquider les fonds liés à Greensill, les «Supply Chain Finance Funds» (SCFF). L’agence évoque également le scandale Archegos, du nom du fonds spéculatif américain dont la déroute a coûté plusieurs milliards de dollars au numéro deux bancaire helvétique.

Risques réputationnels

Ces affaires exposent la grande banque à des actions en justice de la part de clients ayant laissé des plumes dans les fonds SCFF ou Archegos, considère Moody’s. De plus, de nouvelles pertes ne peuvent pas être exclues pour le deuxième semestre.

L’agence anticipe certes une amélioration des pratiques de gestion et de gouvernance chez Credit Suisse, mais s’attend à une phase d’incertitude, notamment en termes de réputation pour l’établissement.

La résolution de ces affaires va absorber une partie des ressources à disposition de la direction, et laissera la banque vulnérable aux risques susmentionnés, selon le communiqué.

Moody’s vote néanmoins la confiance à la grande banque, améliorant la perspective à «stable», contre «négative» auparavant. A terme, Credit Suisse devrait être en mesure de gérer les difficultés auxquelles il est confronté.

L’agence croit en la capacité du géant zurichois à juguler une éventuelle fuite de clients et à minimiser l’impact réputationnel de ces affaires. Des enseignements seront tirés des scandales Archegos et Greensill, ce qui devrait réduire l’appétence au risque de l’établissement, limiter ses pertes à l’avenir et assurer un rendement des fonds propres proche de 10%.

Un avertissement est cependant lancé: toute nouvelle affaire pourrait déclencher une nouvelle mise à jour, renvoyant la perspective à l’échelon inférieur.

Ces commentaires ne semblaient pas inquiéter les investisseurs outre mesure. A 09h22, l’action Credit Suisse était stable à 9,246 francs, dans un SMI en recul de 0,35%.

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