Environnement économique peu porteur, climat géopolitique incertain: c’est dans ce contexte que la société de gestion Tikehau Capital a publié jeudi un résultat net en baisse de 12% en 2024 par rapport à 2023, et divisé par deux par rapport à 2022.
«Nous avons eu la crise de 2008, nous avons eu la crise des dettes souveraines de 2012-2013 en Europe, allons-nous vers une nouvelle grande crise? Nous en sommes assez convaincus», a déclaré le cofondateur de la société Antoine Flamarion lors d’une conférence à destination des investisseurs.
«Parce que l’inflation est toujours là, les taux d’intérêt à long terme vont continuer à augmenter», a-t-il détaillé.
Le monde «change à toute vitesse» et entre «dans un territoire totalement inconnu, surtout d’un point de vue géopolitique», selon lui. «Donc ça va être agité».
«Il y a un mois, tout le monde était prêt à investir massivement aux États-Unis. Avec le temps, je pense que les gens seront moins enthousiastes» à le faire, a également précisé M. Flamarion.
A 155,8 millions d’euros (à peine moins en francs), le bénéfice net recule de 12% par rapport aux 176,7 millions engrangés en 2023 et de plus de moitié par rapport aux 320 millions record de 2022.
La société, active notamment en dette privée, en capital-investissement et en immobilier, a néanmoins confirmé ses objectifs pour 2026: atteindre 65 milliards d’encours pour son activité de gestion d’actifs et 500 millions de résultat net.
Elle a cependant précisé dans un communiqué que «leur réalisation dépendra naturellement de l’évolution du contexte économique et géopolitique».
«Nous avons procédé à un examen des dépenses et nous avons pu, pour la première fois (...) en réduire certaines», a également précisé M. Flamarion.
Sociétés à vendre
Les fonds gérés par Tikehau ont investi un total de 5,6 milliards l’an dernier, l’essentiel en dette privée.
Coté à Paris, Tikehau gère près de 50 milliards d’euros d’actifs et disposait à fin décembre de 7 milliards d’euros de «poudre sèche», c’est-à-dire de capitaux disponibles pour les investissements à venir.
La société de gestion va proposer un dividende de 0,80 euro par action lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires. L’action gagnait 5,37% vers 15H00 à la Bourse de Paris, à 22,55 euros.
M. Flamarion est aussi revenu sur la prise de participation de la firme dans le gestionnaire Schroders, à hauteur de 4%, et il a évoqué une possible collaboration commerciale à l’avenir.
Loin de ce géant, «toutes les sociétés de gestion d’actifs alternatifs gérant entre 1 à 20 milliards d’euros sont à vendre», a-t-il par ailleurs souligné.
Mais dans cette catégorie, «vous ne nous verrez pas acheter une société de capital-investissement française ou une société de gestion immobilière italienne parce que nous pensons que ces groupes auront du mal à survivre dans ce nouvel environnement de collecte de fonds», a poursuivi le dirigeant.
Tikehau, qui compte 747 employés, a connu dernièrement quelques turbulences.
Les cofondateurs ont par exemple partagé le 21 novembre dernier au Financial Times leurs réflexions sur une cotation aux Etats-Unis, avant qu’un communiqué ne fasse machine arrière le lendemain, précisant que ces réflexions restaient «préliminaires à ce stade».
Des litiges entourent par ailleurs plusieurs de ses opérations, dont le financement du spécialiste de l’enseigne de bazars non-alimentaire Stokomani par l’homme d’affaires Moez-Alexandre Zouari, sur lequel Tikehau ne fait pas de commentaire.