La Banque cantonale vaudoise (BCV) a vu ses recettes progresser au premier semestre, à la faveur du retour des taux d’intérêt en terrain positif. A la clé, l’établissement enregistre une hausse du bénéfice net de plus d’un cinquième. Le groupe s’attend toujours pour cette année à des résultats dans la continuité.

Sur les six premiers mois de l’exercice, les recettes d’exploitation ont crû de 11% à 582 millions de francs, tandis que le résultat opérationnel s’est amélioré de 22% à 276 millions, écrit la BCV jeudi dans un communiqué. Au final, celle-ci dégage un bénéfice net en hausse de 22% également à 240 millions. La rentabilité des capitaux propres (ROE) s’est établie à 12,9%.

«En juin 2022, nous n’imaginions pas que la remontée des taux d’intérêt irait aussi vite, on peut considérer aujourd’hui que la situation est normalisée», a indiqué jeudi au cours d’un entretien accordé à AWP Thomas Paulsen, directeur financier. Ce dernier se félicite que la banque puisse à nouveau compter sur la partie active du bilan.

Grâce à la forte hausse des taux d’intérêt, le résultat net des opérations d’intérêts a crû de 23% à 290 millions de francs, tandis que celui des opérations de commissions a reculé de 6% à 169 millions, en raison d’une part de la faible activité clientèle sur les marchés financiers et d’autre part de la réduction de l’exposition à l’activité financement du négoce, compte tenu du contexte géopolitique tendu.

Au chapitre des prêts, les crédits hypothécaires se sont accrus de 754 millions de francs ou 2% à 31,2 milliards, tandis que les autres crédits se sont contractés de 2% à 6,1 milliards. «Dans le nouveau contexte de taux, nous constatons certes un léger recul des achats immobiliers en volumes transactionnels et les clients hésitent davantage avant d’acheter, mais le marché reste solide», a expliqué M. Paulsen.

Les prix des villas ont légèrement reculé mais pas ceux des logements en PPE, constate la banque. Compte tenu de la croissance démographique en Suisse, d’environ 1%, la demande en hypothèques promet donc de rester stable, calcule le directeur financier. Les taux d’intérêt actuels restent par ailleurs relativement faibles en comparaison historique.

La masse sous gestion a augmenté de 3% à 112,3 milliards de francs, pour des nouveaux fonds de 0,7 milliard. La débâcle de Credit Suisse a bien entendu été un sujet d’inquiétude. «Nous avons constaté un certain afflux d’argent, mais loin d’être massif», a expliqué M. Paulsen. «Nous n’avons pas le même profil», a-t-il justifié.

La réduction de l’exposition aux activités de financement du négoce de matières premières est bien le fruit d’une volonté de diminution du risque dans le contexte géopolitique actuel, a remarqué M. Paulsen. «Il n’y a pas seulement la guerre en Ukraine, les sanctions actuellement en vigueur sont lourdes et le nombre de conflits sur la carte du monde est élevé», a-t-il insisté.

«Il serait hasardeux de faire des prévisions sur l’évolution du contexte géopolitique et il n’est donc pas prévu aujourd’hui de relancer davantage l’activité de financement du négoce, qui impliquerait d’augmenter l’exposition au risque».

Pour l’exercice 2023, le groupe vaudois s’attend à une marche des affaires dans la continuité des derniers semestres, pour autant que la situation économique et l’évolution des marchés financiers ne se modifient pas de manière significative.

A la Bourse suisse, le titre BCV a reculé de 1,9% à 95 francs tout rond, dans un SPI en repli de 1,00%.