Deutsche Bank récolte les premiers fruits de sa transformation

AWP

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La banque allemande, dirigée par Christian Sewing,a annoncé un bénéfice en chute de 14% mais superieu aux attentes. Elle revendique des premiers progrès en vue d'une sortie de crise profonde.

Sous la houlette d'un nouveau patron depuis avril, Deutsche Bank revendique des premiers progrès en vue de se sortir d'une crise profonde, après un second trimestre ayant vu ses recettes et son bénéfice refluer moins qu'attendu.

La banque allemande dirigée par Christian Sewing a publié mercredi un bénéfice net de 401 millions d'euros entre avril et juin, en recul de 14% sur un an mais supérieur aux attentes, confirmant des données provisoires communiquées à mi-juillet.

Un progrès indéniable par rapport au premier trimestre, ponctué par un gain net en recul annuel de 80%, à seulement 120 millions d'euros.

De fait, la banque est partie d'un bon pied côté réduction de ses dépenses, même s'il a fallu financer à hauteur de 239 millions d'euros un vaste plan social. Environ 1.700 postes ont été supprimés à fin juin, portant à 95.400 le nombre des employés. Deutsche Bank veut encore les réduire à 90.000 d'ici fin 2019.

Mais l'institut de crédit, qui ambitionnait jadis de pédaler dans le peloton des grandes adresses de Wall Street, reste largement distancée. La géante américaine JP Morgan Chase a engrangé entre avril et juin un bénéfice net près de 20 fois supérieur à celui de sa rivale de Francfort.

«Propre course»

«Nous faisons notre propre course, en traversant une restructuration quand nombre de nos compétiteurs ne le font pas, et nous avons connu quelques contre-coups au second trimestre», a reconnu le directeur financier, James von Moltke, lors d'une conférence téléphonique.

L'établissement francfortois avait décidé fin avril de tailler dans sa banque d'investissement et de se recentrer sur ses racines européennes, tout en allégeant ses effectifs.

Mais le problème demeure avec «les recettes qui reculent plus vite que les coûts», fait remarquer Markus Riesselmann, analyste chez Independent Research, joint par l'AFP.

Deutsche Bank a perdu des parts de marché dans la foulée des scandales financiers et il lui est difficile désormais de les reprendre aux concurrents.

D'avril à juin, les ventes ont reculé dans certaines divisions de sa banque d'investissement, axées sur les marchés de capitaux, tandis que la banque de détail, qui a grossi en fusionnant avec Postbank, a vu ses recettes rester quasiment stables.

Dans la gestion d'actifs, avec la filiale DWS mise partiellement en Bourse au printemps, les recettes ont décliné de 17% sur un an et les clients ont retiré près de 5 milliards d'euros d'encours.

Action sous-évaluée

Sortant de trois années de pertes d'affilée, la banque ne fait pas de prévision de résultat annuel et se borne à confirmer l'objectif à moyen terme d'un ratio de résultat net rapporté aux fonds propres se situant au-dessus de 4% en 2019, contre 1,8% à fin juin 2018.

Pas de quoi réjouir la Bourse de Francfort: l'action Deutsche Bank abandonnait 1,07% à 10,34 euros en milieu de séance, dans un marché en recul de 0,20%.

Le titre «restera sous-évalué aussi longtemps que la banque ne fera pas redécoller ses recettes», estime M. Riesselmann.

L'appétit des investisseurs va dépendre de leur «confiance dans la capacité de Deutsche Bank à faire passer son ratio de rentabilité sur fonds propres lui offrant un matelas suffisant lors de la prochaine crise», selon JP Morgan, dans une note publiée mercredi.

Le titre de la banque au logo bleu affiche un recul de 35% depuis janvier, le pire bilan au sein de l'indice Dax. Comparaison parlante, sa capitalisation boursière, de 21,6 milliards d'euros, est de l'ordre de celle de la Fintech allemande de paiement, Wirecard, pointant à 19,6 milliards d'euros.

 

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