Commerzbank, l’épouvantail de la crise financière à cible attractive

AWP

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La deuxième banque allemande, dont l’italien Unicredit vient de prendre 9% du capital et pourrait monter plus haut selon les spéculations, sort d’une décennie de crises et de restructurations.

La deuxième banque allemande, Commerzbank, dont l’italien Unicredit vient de prendre 9% du capital et pourrait monter plus haut selon les spéculations, sort d’une décennie de crises et de restructurations.

En 2020, alors que la banque fêtait discrètement ses 150 ans, elle peinait encore à se remettre des séquelles de la crise financière de 2008, dont l’Etat allemand l’avait sauvée en entrant au capital.

Désormais, les spéculations vont bon train sur un possible rachat total par Unicredit, dans le cadre d’un désengagement de l’Etat allemand.

Commerzbank a déjà suscité de l’intérêt chez ses concurrents par le passé, et sa réponse a alors consisté à grossir en taille pour se rendre moins facile à digérer.

Ainsi a-t-elle mis la main en 2005 sur Eurohypo, un établissement de crédit hypothécaire, avec l’objectif déclaré de défendre son indépendance.

Il s’agissait alors d’une réponse aux rumeurs qui la désignaient comme une proie depuis le rachat retentissant la même année de la banque bavaroise HypoVereinsbank par... UniCredit.

Avec le rachat d’Eurohypo, la «Coba» s’était hissée au second rang des banques allemandes derrière le mastodonte Deutsche Bank.

Sa fusion avec Dresdner Bank, rachetée à l’assureur Allianz courant 2008, avait conforté sa position.

Du haut de la Commerzbank Tower à Francfort, la plus haute tour d’Allemagne, la banque voyait l’avenir lui sourire.

Mais la crise de 2008 l’a précipitée au bord du gouffre. Les acquisitions de Eurohypo et de Dresdner Bank, deux établissements truffés de portefeuilles risqués, se sont révélées désastreuses.

Son redressement, soutenu par l’Etat, s’est accompagné d’années de vaches maigres, la banque étant en outre mise à mal par la faiblesse des taux d’intérêt.

Saignée pour l’emploi

En 2013 puis en 2016, elle lance de vastes plans de restructuration qui se solderont par la suppression de près d’un emploi sur quatre.

Malgré ces efforts, les résultats ont tardé à se matérialiser. D’où des discussions, courant 2019, en vue d’un mariage avec Deutsche Bank, alors également mal en point, Berlin étant à la manoeuvre en coulisses pour rapprocher les deux rivales.

Objectif: éviter de voir ces banques tomber dans l’escarcelle d’un établissement étranger.

Mais le projet, suscitant les doutes des investisseurs et l’hostilité des syndicats, sera vite enterré.

En 2021, l’arrivée de Manfred Knof, un ancien cadre de Deutsche Bank, a la tête du groupe a marqué un tournant. La priorité est mise sur la rentabilité, le virage numérique et la compression des coûts.

Grâce à ces mesures et à la hausse des taux d’intérêt en 2022 et 2023, la banque a vu ses bénéfices bondir et cette année s’annonce encore meilleure malgré le début de l’assouplissement monétaire.

Commerzbank a retrouvé en 2023 l’indice Dax des 40 plus grandes valeurs cotées dont elle avait été éjectée à l’automne 2018. Et pour les actionnaires, au pain sec depuis 2007 (sauf en 2015 et 2018), le dividende a de nouveau coulé en 2022.

La banque comptait fin décembre près de 36.500 salariés à temps plein, moitié moins qu’en 2008. Sur la même période, le nombre d’agence en Allemagne, aujourd’hui de 450, a été presque divisé par trois.

Si sa capitalisation boursière a grimpé à 17,5 milliards d’euros en Bourse mercredi, sur fond de hausse de 18% du cours, Commerzbank reste peu valorisée au regard de la concurrence.

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