Entretien avec Daniel Wild, Chief Sustainability Officer, qui évoque les ressorts de son intérêt pour la durabilité et les questions qui le tiennent éveillé la nuit.
Il s'agissait moins d'une réorientation qu’une évolution pour avoir un impact plus important. Des professions différentes apportent des points de vue différents sur les problèmes et la manière de les résoudre, ce qui est particulièrement important dans le cas des enjeux liés à la durabilité. Le secteur financier est selon moi l’un des leviers les plus puissants pour atteindre les objectifs en matière de développement durable et lutter contre le changement climatique.
La banque joue un rôle de précurseur en matière de développement durable depuis plus de 30 ans. Cela lui confère une influence et une crédibilité considérables dans le domaine du développement durable, de même qu’à mon rôle. C’est ce que recherchent nos clients, en parallèle à l’actionnariat familial qui guide la banque sur cette voie. Notre engagement climatique en faveur du «zéro émission nette» d’ici 2035 est plus ambitieux que celui de la majorité de nos concurrents. Pour la banque, le développement durable n’est pas qu'une niche, mais un aspect qui est intégré au cœur même de nos principales lignes de produits. Pris ensemble, ces éléments constituent un excellent fondement pour faire passer l’approche de durabilité de la banque au niveau supérieur.
Selon le dernier rapport du GIEC, nous ne sommes pas sur la bonne voie. La diminution du temps qu’il nous reste pour agir et éviter le réchauffement limite les options dont nous disposons. Il nous est encore possible de réagir à temps, mais au rythme actuel, notre action ne permettra pas de suffisamment réduire les émissions de gaz à effet de serre et de mettre en place des technologies d’élimination du carbone. Les responsables politiques se disent déterminés à atteindre les objectifs, mais la plupart de leurs plans ne sont pas suffisamment ambitieux pour atteindre ceux de l’accord de Paris. S’attaquer au changement climatique est extrêmement coûteux, mais le coût de s’abstenir d’agir maintenant sera encore aggravé par les coûts découlant des dommages occasionnés à la société et à l’économie.
Il y a dix ou vingt ans, le défi consistait à convaincre les investisseurs de prendre le développement durable au sérieux. Aujourd’hui, le défi tient à la confusion concernant les différentes approches valides des enjeux ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) parmi les clients et les parties prenantes. En outre, les sources de données ESG divergent et les normes qui émergent ne sont pas alignées. L’interprétation et la mise en œuvre de règles telles que la nouvelle taxonomie européenne sont extrêmement problématiques.
La transparence est importante car elle empêche le «greenwashing» et permet aux clients de comparer les approches en utilisant des normes communes. Nous voulons voir des objectifs intermédiaires crédibles et des avancées vers leur réalisation, de préférence sur la base de méthodologies robustes telles que l’initiative Science Based Targets (initiative Objectifs fondés sur la science ou SBTi).
La force de notre socle réside dans notre expérience et notre crédibilité, avec une méthodologie appliquée de façon systématique. Nos clients comptent sur une totale transparence concernant leurs placements durables et axés sur le climat, ce qui constitue le fondement d’un dialogue au sujet de leurs portefeuilles. Notre méthodologie est en constante évolution pour refléter les dernières informations et les derniers résultats des recherches. Nous disposons déjà d’une offre solide dans le domaine de l’ESG, mais il est toujours possible de créer de nouveaux produits et de répondre encore mieux aux besoins de nos clients.