Vers un report du Brexit?

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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La politique commerciale américaine et le Brexit ont creusé un fossé entre la dynamique de l’activité de l’industrie et celle des services.

La croissance des salaires aux Etats-Unis et dans la zone euro devrait alimenter une hausse de l’inflation sous-jacente. La politique commerciale américaine se ressent sur la production industrielle mondiale. Nos prévisions de croissance pour 2019 restent inférieures à celles du consensus. Le Brexit et la politique commerciale des Etats-Unis ont creusé un fossé dans les pays développés entre la dynamique de l’activité dans l’industrie et dans les services.

Signaux mitigés de l’économie aux USA

La paralysie de l’administration américaine, thème majeur début 2019, est à présent résolue et les marchés d’actions ont poursuivi leur remontée en février. A part ces bonnes nouvelles indéniables, les statistiques économiques américaines se sont révélées mitigées. La chute libre des ventes au détail en décembre a sérieusement remis en question l’état de la consommation aux Etats-Unis; à cela s’ajoutent une production industrielle déprimée et des ventes de logements au plus bas depuis 2015, qui dénotent un risque durable pour ce marché. Même si nous attendons un ralentissement de l’économie américaine ces deux prochaines années, les craintes de contraction, voire de récession imminente, semblent excessives. 

L’inflation sous-jacente devrait bien résister, mais sans monter
au point d’inciter la Fed à durcir sa politique monétaire cette année.

Le marché du travail reste au beau fixe et le passage à vide du moral des ménages pourrait provenir uniquement des marchés agités de décembre et du shutdown de janvier. Le revirement accommodant de la Réserve fédérale a déjà tiré les taux hypothécaires à la baisse, au profit des demandes de prêts en janvier et février, ce qui devrait bénéficier au marché des logements. Nous maintenons donc nos prévisions inférieures au consensus pour 2019 et attendons des chiffres complémentaires pour décider si la faiblesse de l’activité est bien due à des facteurs exceptionnels.

Bien que le recul des cours du pétrole ait fait fortement fléchir l’inflation globale aux Etats-Unis, le plus-bas a sans doute été atteint en janvier. La remontée récente des prix de l’énergie laisse entrevoir une accélération graduelle de l’inflation vers l’objectif de 2% de la Fed. L’inflation sous-jacente a toutefois surpris à la hausse en janvier, reflet de la pression actuelle sur les prix intérieurs née de l’augmentation des salaires. L’inflation sous-jacente devrait bien résister selon nous, mais sans monter au point d’inciter la Réserve fédérale à durcir sa politique monétaire cette année.

Vers un report du Brexit au Royaume-Uni?

L’échéance du Brexit (fin mars) se rapproche, sans qu’aucun signe ne dénote une perspective d’accord de transition à l’heure où nous écrivons ces lignes. Il est évident que ni le peuple, ni les députés britanniques ne veulent quitter l’UE sans accord. Le risque d’un Brexit sans accord nous semble donc minime, et résulterait d’un accident politique. Un Brexit «à l’aveugle», avec une période de transition, reste donc notre scénario de base. 

L’investissement des entreprises a chuté
et les intentions dans ce domaine restent timorées.

Le Premier ministre Theresa May n’ayant pas réussi à ce jour à rallier une majorité à son projet d’accord initial ni à reprendre des négociations fructueuses avec l’UE, tout laisse à penser que le Brexit pourrait être reporté. Ainsi, les incertitudes qui l’accompagnent perdureront au moins jusqu’en milieu d’année, incertitudes qui ont finalement commencé à peser sur l’économie britannique: l’investissement des entreprises a chuté et les intentions dans ce domaine restent timorées, à en croire l’enquête de la Banque d’Angleterre. Nous avons donc légèrement abaissé nos prévisions de PIB pour 2019. La consommation privée, soutenue par les conditions toujours favorables du marché du travail, reste un élément positif.

L’inflation globale est retombée sous la barre de 2% en janvier, en deçà de nos prévisions. Le lent démarrage de 2019 nous a incités à réduire notre projection d’inflation annuelle de 2,1% à 1,9%. L’accélération de la hausse des salaires pourrait alimenter celle des prix, mais l’obtention finale d’un accord sur le Brexit (notre scénario de base) devrait en atténuer l’effet. Un accord sur le Brexit permettrait sans doute à la livre de remonter. Le déblocage des stocks qui s’accumulaient, certainement dans l’attente de l’échéance du Brexit, devrait avoir un effet désinflationniste supplémentaire.
 

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