Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

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Les marchés profitent des résultats des entreprises.

La légère dévaluation du franc suisse continue, la monnaie s'échange désormais à 1,20 face à l'euro, soit au même niveau que celui défini par la Banque nationale suisse comme taux plancher jusqu'au 15 janvier 2015, puis partiellement laissé à l'appréciation du marché. Or, au cours des trois dernières années, la BNS a été régulièrement contrainte d'affronter l'appréciation du CHF en intervenant sur le marché des changes. Les dépôts à vue des banques suisses  auprès de la BNS ont augmenté de 126,6 milliards de francs, passant ainsi à 466,2 milliards de francs. Le franc s'est d'autant plus dévalué par rapport à l'euro, grâce à la stabilisation de la  situation politique dans la ZE, notamment avec l'élection d'un président français favorable au marché, et la victoire des forces europhiles en Italie. Même si les interventions de la Banque nationale ont diminué, la dévaluation de l'EUR/CHF dépassant les 1,20 ne devrait pas persister selon nous. Les marchés ont entre-temps intégré les perspectives économiques robustes de la zone euro. Et la BNS devrait suivre le mouvement de la BCE, si cette dernière décidait de relever ses taux au premier semestre 2019. L'euro ne devrait donc pas bénéficier de la différence d'intérêt.

«La Bourse n'a pas récompensé
le résultat financier de Novartis.»

L'évolution du franc suisse est sans aucun doute positive pour l'économie suisse et en particulier les entreprises dépendant des exportations. La croissance économique suisse a déjà considérablement augmenté au second semestre 2017, tout juste à un moment où l'EUR/CHF est passé de 1,08 à 1,15 à court terme. Et l'élan se poursuit. Les chiffres des exportations suisses en mars devraient le confirmer la semaine prochaine.

Nous nous attendons toujours à la publication de résultats positifs pour le T1 2018, à l'image de Novartis et d'ABB la semaine dernière. Cependant, la Bourse n'a pas récompensé le résultat financier de Novartis, les investisseurs auraient préféré voir la très forte croissance du chiffre d'affaires dans des médicaments brevetés. ABB a vu ses bons résultats du T1 se refléter dans son cours d'action, qui a augmenté de 4,6% le jour de la publication des résultats.

«Les indicateurs économiques prédisent
une forte dynamique pour l'industrie suisse.»

D'autres entreprises suisses devraient confirmer la situation positive la semaine prochaine. Le calendrier des publications de résultats est plein, notamment avec ceux d'UBS et de Credit Suisse. Les grandes banques américaines ont déjà publié leurs résultats solides pour le T1, relevant ainsi les attentes mondiales. Les indicateurs économiques prédisent une forte dynamique pour l'industrie suisse également. Des entreprises comme Bucher, Schindler ou SFS devraient confirmer cette image la semaine prochaine. Roche et Clariant, deux poids lourds de l'industrie pharmaceutique et chimique, publieront les résultats de leurs marches des affaires la semaine prochaine. Nous continuons à entrevoir des cours très favorables sur les marchés financiers soutenus par les résultats solides des entreprises.

Graphique de la semaine

EUR/CHF: l'ancien taux plancher à nouveau atteint

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen
potentiel haussier durable du pétrole déjà exploité

Les prix du pétrole ont récemment affiché un rallye impressionnant, le prix du Brent franchissant la barre des 74 dollars pour la première fois en plus de trois ans.

Plusieurs facteurs alimentent cette envolée et stimulent ainsi les prix du pétrole. D'une part, l'OPEP a freiné la production et ainsi provoqué une baisse constante des stocks mondiaux. Selon les dernières statistiques de la US Energy Information Administration (EIA), rien que les stocks américains ont diminué d'environ 1,1 million de barils ces dernières semaines – les stocks de Cushing, la plus importante installation pétrolière US, ont même diminué de 32 millions de barils par rapport à l'an dernier.

Par ailleurs, des rumeurs circulent selon lesquelles les pays de l'OPEP et la Russie insistent sur le maintien, voire l'extension, de la raréfaction artificielle de l'offre, à l'occasion de leur réunion d'aujourd'hui, ce qui stimule également les cotations du pétrole. La production devrait en fait cesser à la fin de l'année, mais des voix s'élèvent au sein de l'OPEP, souhaitant utiliser une moyenne sur un plus long terme comme référence pour les stocks pétroliers envisagés, et non plus une moyenne sur cinq ans (comme jusqu'à présent). Dans ce cas, l'offre serait toujours excédentaire sur le marché, selon l'OPEP, et justifierait que l'on continue à limiter la production.

Enfin, les tensions géopolitiques exercent elles aussi une influence considérable. L'éventuelle rupture de l'accord nucléaire avec l'Iran et la nouvelle imposition de sanctions internationales stimulent, elles aussi, les prix du pétrole. Car l'Iran est le troisième plus grand producteur de l'OPEP avec une productionjournalière de plus de 3,8 millions de barils derrière l'Arabie saoudite et l'Irak. Un nouveau boycott du pétrole iranien priverait ainsi le marché pétrolier de plus de dix pour cent de la production totale de l'OPEP. Par ailleurs, on ne peut exclure le fait que la production du Venezuela, membre de l'OPEP, continue de diminuer en raison de la grave crise économique.

Malgré cet environnement favorable, à l'heure actuelle, nous jugeons limité le potentiel haussier des prix du pétrole et restons prudents en ce qui concerne son évolution. L'éventuel retrait du pétrole iranien du marché international provoquerait un écart, qui pourrait néanmoins se refermer avec la montée au créneau de certains membres du cartel, davantage soucieux de profiter des cours, que de respecter la production. L'OPEP est responsable d'un écart parfois important entre la production effective et la capacité de certains pays membres, en raison des restrictions imposées.

De même, les Etats-Unis devraient continuer à augmenter leur production, le volume atteignant déjà des records historiques (cf. graphique).

La production pétrolière américaine à un niveau record

En milliers de barils par jour

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen

Enfin et surtout, un éventuel ajustement de la valeur de référence des stocks nous paraît moins efficace. Même si l'OPEP utilisait la moyenne sur 25 ans (ce qui est peu probable), le marché pétrolier ne serait que légèrement déséquilibré sur cette base (cf. graphique).

L'ajustement de la référence de l'OPEP ne changerait pas beaucoup l'équilibre sur le marché pétrolier

Stocks et moyennes pétroliers de l'OCDE, en mio de barils

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen

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