Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

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Gros plan: Blockchain: des opportunités et des risques.

Sous la direction du nouveau président Jerome Powell, la Fed poursuit sa politique des hausses des taux. Elle a décidé de porter le taux directeur US à une fourchette entre 1,5% et 1,75%, par une nouvelle hausse de 25 points de base. Il s'agit du sixième relèvement, depuis le début de ce cycle entamé en décembre 2016, et semble donc lentement dessiner la normalisation de la politique monétaire. Or, le rythme est plutôt modéré, compte tenu des données économiques solides. Le taux de croissance de 2,5% prévu pour le T4 2017 devrait se voir confirmé la semaine prochaine. Les directeurs d'achat retrouvent l'optimisme de 2004. L'économie a créé plus de 300'000 postes en février, le taux de chômage passant à 4,1%, un résultat historiquement faible pour les Etats-Unis. Dans ces conditions, il faudra s'attendre à des hausses de la Fed en juin et septembre également. Les marchés des actions y sont déjà préparés et ne devraient pas se laisser impressionner par la persistance de cette montée progressive.

L'incertitude provoquée par les taxes sur les importations aux USA et les mesures de rétorsion annoncées par les USA et la Chine expliquent davantage les fluctuations sur les places boursières. Certains événements isolés, comme l'affaire du géant de la bourse Facebook bouge également le marché. Le titre a perdu plus de 10% de sa valeur boursière, en raison de l'éventualité que des données auraient pu être utilisées à des fins électorales. Un tel plongeon d'un titre dont la capitalisation est environ le double de Nestlé par exemple, peut effectivement agiter le marché.

«Le marché est réceptif aux nouveaux venus, malgré les fluctuations actuelles,
et témoigne donc d'une certaine robustesse.»

Pourtant, les sociétés nouvellement cotées attirent, elles aussi, l'attention du marché. Siemens Healthineers a fêté son lancement réussi il y a une semaine, son cours d'action affichant une hausse de 10% par rapport à son prix d'émission. L'entreprise développe entre autres des systèmes de dépistage précoces de certaines maladies. Ce jeudi, Sensirion a également rejoint les 205 entreprises listées à la Bourse suisse. En l'occurrence, également, le titre a été très prisé, et les livres avaient dépassé leur niveau de souscription au bout d'une journée. Aujourd'hui également (soit un jour après la clôture de la rédaction), Medartis, une entreprise de technologie médicale, vit le premier jour de négoce de ses titres. Seul environ un quart des actions sont en vente libre, les fondateurs souhaitant conserver la majorité. Le gérant de fortune de la Deutsche Bank, DWS, voit, lui aussi, le lancement du négoce de ses titres en Allemagne dès aujourd'hui.

A l'image des sociétés nouvellement cotées, le marché est réceptif aux nouveaux venus, malgré les fluctuations actuelles, et témoigne donc d'une certaine robustesse. Le calendrier de la prochaine semaine boursière, plus courte, n'est pas très fourni. Le prochain baromètre conjoncturel KOF en Suisse devrait être tout aussi optimiste, avant la parution des indices des directeurs d'achat mondiaux la première semaine d'avril, confirmant le tableau d'une économie mondiale en pleine forme.

En raison des deux prochaines semaines boursières plus courtes, le prochain numéro des Perspectives hebdomadaires paraîtra le 6 avril 2018.

Graphique de la semaine
La normalisation des taux US se dessine

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen
Gros plan: Blockchain: des opportunités et des risques

La Suisse accueille son troisième hub blockchain, le «Trust Square» de Zurich, après Genève et son «Blockchain-Lab» et le «Crypto Valley Labs» à Zoug. Dans un premier temps, les bureaux partagés des startups spécialisées dans la technologie blockchain seront installés à la Bahnhofstrasse, en face du bâtiment de la Banque nationale suisse. Cette situation privilégiée souligne en particulier la grande attention, portée à cette nouvelle technologie de stockage et de transmission chiffrée.

Les cryptomonnaies, notamment le bitcoin, dont la flambée des cours, mais aussi son effondrement fulgurant, ont fait fureur, attisent surtout cette curiosité. En effet, le recours aux cryptomonnaies en tant que moyens de paiement repose en premier lieu sur la technologie blockchain, permettant un trafic des paiements sans instance centralisée et garantissant suffisamment de sécurité.

«La blockchain comporte des risques considérables,
surtout du point de vue de l'investisseur.»

La technologie blockchain dispose sans aucun doute d'un potentiel important de développement, en dehors du cadre des cryptomonnaies, également, mais ce dernier est difficile à estimer. Certes, on peut la comparer, dans une certaine mesure, avec les débuts d'Internet des années 1990. En même temps, il faudrait rester prudent face à l'euphorie sans limite de certains milieux, qui considèrent cette nouvelle technologie comme une sorte de solution miracle, donc aucun secteur économique ne pourrait se passer dans un futur proche. Car, n'oublions pas qu'il ne sert à rien de recourir à une blockchain dans la plupart des cas (cf. graphique).

Par ailleurs, la blockchain comporte des risques considérables, surtout du point de vue de l'investisseur, qu'il faut à tout prix prendre en considération. Notons que les entreprises qui gagnent leur argent exclusivement avec la blockchain sont rares aujourd'hui. En même temps, nous ignorons l'évolution future de cette technologie.

Il est indéniable que cette nouvelle technologie recèle un énorme potentiel. Néanmoins, nous restons prudents quant à mettre en œuvre un placement de ce thème, d'autant plus qu'il paraît difficile de s'en faire une idée précise. Il serait peut-être possible d'investir dans la blockchain via un panier d'entreprises qui se penchent très tôt sur cette nouvelle technologie et qui pourraient à terme être plus compétitives que leurs concurrentes. Ce genre d'engagement ne convient, selon nous, qu'aux investisseurs souhaitant se diversifier, convaincus du potentiel futur de cette technologie, tout en disposant d'une capacité de risque et d'une propension au risque très élevées.

Une blockchain n'est pas nécessaire dans de nombreux cas d'utilisation

Sources: Karl Wüst, Arthur Gervais: «Do you need a blockchain?», Investment Office du Groupe Raiffeisen

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