Perdre, c’est apprendre

Yvan Roduit, Raiffeisen Suisse

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Nombre d’investisseurs ont laissé des plumes dans la fusion d’UBS et de Credit Suisse. Parfois même beaucoup.

Prix de reprise au rabais, annulation d’emprunt AT1 ont mis à sac les positions prises par des investisseurs de longue date, mais aussi des opportunistes qui cherchaient à tirer parti de la crise. Il est donc important de tirer des leçons de cet épisode malheureux. Quiconque évite les erreurs au moment d’investir, agit déjà correctement.

Le cas de Credit Suisse et sa reprise précipitée par UBS montre à quel point il est important de diversifier ses risques. Depuis l’annonce de la fusion forcée, les actions du CS ont suivi une trajectoire inverse du Swiss Market Index (SMI). Sans diversification, le bouillon est dure à avaler. L’importance de la diversification se voit également aux grandes différences de performance des différents titres composant le SMI dans les quatre premiers mois de l’année. Alors que le meilleur de la classe Sonova a presque augmenté de 30%, Logitech évolue à 10% sous leur cours de début d’année.

Un équilibre à trouver

Alors que la diversification dans les actions comprend différents secteurs et différentes régions, elle va encore plus loin dans un contexte de portefeuille. Des catégories de placement supplémentaires, telles que les obligations, l’or ou les fonds immobiliers, viennent s’y rajouter. En raison de la corrélation en partie faible ou négative des catégories de placement entre elles, celles-ci stabilisent la plus-value boursière de l’ensemble du portefeuille par leur interaction.

Pour réussir sur le long terme, toujours pas de miracle: miser sur des entreprises de qualité et s’en tenir à notre approche.

La même chose vaut pour les obligations à haut rendement et les emprunts convertibles, ainsi que les produits structurés. A cet égard, il ne s’agit pas de dissuader les investisseurs d’utiliser ces produits financiers. Mais quand un investissement promet un rendement à deux chiffres alors que le marché des actions ne délivre que 8% à 9% en moyenne sur le long terme, alors il faut y réfléchir à deux fois avant de s’y lancer. En effet, un rendement plus élevé va toujours de pair avec des risques plus élevés.

Sortir d’une logique risquée

Acheter une action dans l’espoir de pouvoir la revendre plus chère est normal, mais c’est risqué. Comme l’a si bien dit un jour la légende des investisseurs Warren Buffet: «La raison la plus idiote d’acheter une action, c’est parce qu’elle monte.» Et cela encore plus lorsqu’il s’agit d’un titre qui a fortement chuté. Comme on le dit dans le milieu: «Don’t catch a falling knife.» Certains investisseurs avides l’ont appris à leurs dépens en achetant le titre Credit Suisse dans les semaines qui ont précédé la fusion, espérant toucher le pactole. Les faits ne leur ont pas donné raison. Mais lorsqu’un investissement perd 15% ou 20% de sa valeur, il convient de se demander: est-ce que c’est juste une correction de marché ou s’agit-il d’un problème spécifique à l’entreprise? Dans le deuxième cas, il convient d’agir pour limiter les pertes. Si la correction est exagérée, il faut bien réfléchir avant de racheter des actions. Ce sont justement les perturbations du marché sur un large front qui constituent souvent des opportunités d’entrée attractives. L’influence des meilleures journées en bourse sur l’évolution de valeur d’un investissement à long terme montre à quel point il est important de rester investi.

L’avenir est-il un long passé?

Pour réussir sur le long terme, toujours pas de miracle: miser sur des entreprises de qualité et s’en tenir à notre approche. Année après année, ces actrices économiques – souvent leaders dans leur marché respectif – continuent à apporter la preuve qu’elles créent de la valeur durablement et qu’elles sont en mesure de résister aux crises. C’est souvent lié à la demande du marché pour leurs produits et services. Cependant il faut souvent aller plus loin que la simple impression générale: Alors que Credit Suisse était perçu comme relativement sure en tant que membre du SMI et deuxième banque de Suisse, la réalité a vite rattrapé l’image de bon élève: la banque a dû procéder à plusieurs augmentations de capital successives, a été mise à l’amende plusieurs fois et a enchaîné les mesures de réorganisation. Ces faiblesses se sont reflétées dans le cours du titre de la banque aux voiles. L’écart de performance par rapport au SMI a commencé à se creuser peu après la crise financière de 2008–2009. La valeur de l’indice directeur suisse a doublé pendant cette période, y compris avec les dividendes réinvestis. S’agissant des actions du CS, il en résulte en revanche une perte quasiment intégrale. Les signes étaient donc bien là – pour celles et ceux qui voulaient bien les voir.

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