Les Suisses courent toujours après la qualité

Salima Barragan

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Les efforts des détaillants et le commerce en ligne endigueront les prix, estime Claudio Cervellati d’Alvarez & Marsal.

Tandis qu’un grand nombre de ménages européens ont renoncé à leurs vacances d’été à la mer en raison de la flambée du coût de la vie, la fermeté du franc suisse a mieux protégé les Helvètes de l'inflation. Selon les derniers chiffres publiés par l’Office de la statistique, le renchérissement a atteint 3,6% en juin (contre 2,9% en mai) alors qu’en Europe il évolue dans une fourchette comprise entre 4,5% en France à 9,8% en Espagne. En avril, les Suisses n'avaient pas encore modifié leurs emplettes, selon une enquête réalisée par Alvarez & Marsal qui porte sur plus de 5000 ménages européens. Mais si les pressions persistent, «les prix commenceront à dicter les décisions d’achats dans les 12 prochains mois», prévient Claudio Cervellati, Managing Director chez Alvarez & Marsal Switzerland.

L’appréciation des produits de beauté et de parfumerie, ainsi que des articles ménagers design et de l’électroménager haut de gamme, figure en tête de liste du panier, selon l’enquête. Bien que dans notre pays, la qualité constitue le critère d’achat numéro un (bien avant le prix) pour 40,6% des consommateurs sondés, «les Suisses pourraient renoncer à la qualité, qui est synonyme de prix plus élevé, si l’inflation s’accroissait», glisse Claudio Cervellati.

Alors que le taux d’inflation en Grande-Bretagne frise les 7%, les acheteurs britanniques sont nettement plus regardants sur les coûts au détriment de la qualité.

Si pour l’instant, il n’est pas encore question de sacrifier la qualité ou la durabilité (une valeur qui ressort aussi largement de l’enquête), l’acheteur suisse est devenu plus attentif aux différentes options qui se présentent à lui: «les clients sont sensibles aux promotions et ils commencent à se fournir directement chez les producteurs. En outre, ils renoncent plus facilement à l’expérience d’achat et aux courses de proximité», indique-t-il.

L’inflation pourrait accélérer la tendance des achats en ligne mise en place lors de la pandémie, où un grand nombre de ménages ont effectué leurs premières emplettes sur internet. Mais les Suisses ne vont pas se ruer pour autant sur la marchandise chinoise ultra bon marché. «La sollicitation de ce type d’articles restera très marginale, car les préférences se portent sur les produits plus haut de gamme», précise-t-il.

Le marché anglais constituerait un bon prédicteur de l’évolution de la consommation en Suisse. Alors que le taux d’inflation en Grande-Bretagne frise les 7%, les acheteurs britanniques sont nettement plus regardants sur les coûts au détriment de la qualité. «Les Anglais font des choix plus pointus sur les prix et les revendeurs adaptent leur chaine logistique pour répondre à ces nouvelles habitudes», explique Claudio Cervellati qui pense que tous les pays se dirigent dans la même direction. «Nous verrons en Suisse davantage de pression, car les entreprises ne pourront pas augmenter indéfiniment leur prix sans perdre leur clientèle», poursuit-il.

Pour les commerçants, la guerre des étiquettes a commencé. «Les détaillants vont adapter leur chaine d’approvisionnement afin de réduire leurs coûts et de proposer des prix plus compétitifs, sans pour autant renoncer au critère de qualité», estime Claudio Cervellati. Ainsi, les efforts des entreprises à revoir leur stratégie ainsi que la poursuite de la numérisation pourraient endiguer la flambée des coûts de certains biens.

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