L’engagement actif pour un monde meilleur

Evgenia Molotova, Pictet Asset Management

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En matière d’ESG, les investisseurs doivent analyser l’ensemble de l’univers d’investissement. C’est dans ce domaine qu’un changement profond est nécessaire.

Les investisseurs qui respectent des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) stricts excluent souvent les actifs liés aux énergies fossiles ou à l’extraction de celles-ci. Des critères d’investissement aussi draconiens leur interdisent d’investir dans ces entreprises, bien que certaines en fassent plus pour améliorer la dynamique du changement climatique que de nombreuses autres, dont les références en matière de développement durable sont excellentes. Dans de nombreux cas, la notation verte de première catégorie de ces sociétés est simplement due au fait qu’elles proposent des services dont les émissions ne sont pas significatives.

L’ONU a défini 17 objectifs de développement durable (ODD) que nous devons chercher à atteindre pour maintenir l’économie mondiale sur une trajectoire saine. Ces ODD proposent non seulement des buts concrets aux gouvernements ou aux grandes institutions internationales, mais également aux entreprises. En effet, notre analyse démontre que les entreprises qui parviennent à aligner leur mode de fonctionnement, leurs produits et leurs services sur les ODD génèrent des performances d’investissement supérieures à long terme, et offrent une prime de valorisation significative par rapport aux autres.

Les entreprises qui optent pour la transition vers le développement durable ont toutes les chances de récompenser leurs investisseurs avec de meilleures performances.

Il est important de noter que la plupart de ces performances supplémentaires sont générées pendant la «phase de transition» des entreprises, la période pendant laquelle elles progressent fortement en vue de satisfaire aux critères des ODD. Parfois, les entreprises affichant les performances potentielles les plus fortes ont besoin d’un encouragement ou d’une aide pour trouver le meilleur cap possible. C’est ici que l’engagement actif de l’investisseur est alors crucial.

Cet engagement peut grandement bénéficier à certaines entreprises, en leur apportant par exemple un soutien précieux lors de la définition des objectifs de développement durable qu’elles souhaitent atteindre ou en les encourageant à accélérer leur transition en diminuant leur exposition à des sources d’énergies fossiles pour de meilleures alternatives. En choisissant le désinvestissement de ces actions sans s’efforcer de les encourager au changement, il existe le risque de passer à côté de grandes améliorations pour l’entreprise, ses investisseurs, mais également pour la planète.

L’adoption des critères ESG au sein des investissements est devenue normale. Et de plus en plus, les fonds privilégient les entreprises qui apportent une contribution positive d’un point de vue environnemental ou social et ont tendance à exclure les autres. Tout cela fait pourtant l’impasse sur un point crucial. Les entreprises de cette catégorie représentent une minorité et appartiennent souvent à des secteurs spécialisés. S’ils veulent réellement faire la différence à long terme, non seulement pour le changement climatique, mais aussi pour le bien-être général de l’humanité, les investisseurs doivent analyser l’ensemble de l’univers d’investissement. C’est dans ce domaine qu’un changement profond est nécessaire. Les entreprises qui commencent leur transition vers le développement durable ont toutes les chances de récompenser leurs investisseurs en leur offrant de meilleures performances. Certaines se sont déjà lancées. D’autres affichent un certain potentiel, mais doivent être guidées ou poussées par leurs investisseurs.

Les investisseurs à même de déceler ce potentiel pourront, en s’appuyant sur un travail de fond et sur une compréhension exhaustive de la situation de chaque entreprise au regard des différentes dimensions des ODD, générer des performances attrayantes. Et contribuer à rendre le monde meilleur.

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