L’assouplissement se précise

Axel Botte, Ostrum AM

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Le consensus du FOMC s'est resserré autour d'un scénario de trois baisses de taux cette année.

©Keystone

 

Une semaine intense pour les banques centrales vient de s'achever. La conclusion est que l'assouplissement de la politique monétaire est de plus en plus évident. Le consensus en faveur de trois baisses de taux d'intérêt en 2024 s'est renforcé aux Etats-Unis, malgré la révision à la hausse des prévisions économiques. La BoE inverse son biais restrictif qui prévalait encore le mois dernier, encouragée par l'évolution des prix. La BNS a abaissé son taux directeur à 1,50% afin de freiner la pression à la hausse sur la monnaie.

Les prix des matières premières augmentent

En revanche, Ueda enterre enfin la politique de Kuroda en abandonnant les taux d'intérêt négatifs et le contrôle des taux d'intérêt à long terme. L'ambiguïté réside dans l'engagement à maintenir une attitude accommodante en achetant régulièrement des JGB pour un montant de 6’000 milliards de yens. Le taux de change dollar-yen est à nouveau supérieur à 150. Dans les pays émergents, la banque turque s'attaque à la spirale inflationniste en augmentant son taux directeur de 500 pb. Cet environnement monétaire maintient une tendance favorable aux actions. Les spreads des obligations d'Etat ou des crédits rendent un peu de leur performance récente. Le dollar est fort par rapport à toutes les monnaies. Malgré l'appréciation du billet vert, les prix des matières premières augmentent, ce qui rappelle les risques qui pèsent sur la stabilité des prix.

Les données du premier trimestre semblent compatibles avec une croissance annualisée légèrement supérieure au consensus.

La Fed continue de croire à la persistance de la désinflation

La Fed a relevé sa prévision de croissance pour le quatrième trimestre à 2,1%. L'inflation globale prévue est de 2,4% ou 2,6% sans tenir compte des facteurs de volatilité. Les données du premier trimestre semblent compatibles avec une croissance annualisée légèrement supérieure au consensus. Les promoteurs immobiliers sont plus confiants, d'où la reprise des mises en chantier (1,5 million en rythme annuel). Les reventes de logements ont fait un bond en février. Malgré ces facteurs positifs, la Fed continue de croire en une désinflation durable, ouvrant la voie à une politique plus accommodante. Le consensus du FOMC s'est resserré autour d'un scénario de trois baisses de taux cette année.  

Les économies du sud de l'Europe restent les plus dynamiques

Par ailleurs, la Fed indique qu'elle ajustera prochainement sa politique de bilan. La Fed pourra réduire de moitié les montants non investis à partir du mois de mai, avant de baisser les taux de 25 points de base. Au Royaume-Uni, les dissidents en faveur d'une hausse des taux se sont alignés sur un consensus en faveur d'une baisse des taux dans un avenir proche. Le calendrier politique, avec des élections probables en octobre, pourrait précipiter l'assouplissement. Dans la zone euro, les enquêtes économiques sont publiées en ordre dispersé. Les PMI décevants en France et en Allemagne ont été contredits par les indicateurs de l'INSEE et de l'IFO. Les économies du sud de l'Europe restent les plus dynamiques.

L'émission d'obligations d'État reste bien accueillie par les investisseurs

La tendance au resserrement des spreads s'est atténuée en fin de semaine. La baisse des rendements sans risque (4,20% pour le T-Note, 2,33% pour le Bund) s'est accompagnée d'un élargissement des spreads des obligations d'Etat de 2 à 5 pb selon la qualité de crédit. Les prises de bénéfices sur les BTP ramènent le spread italien à plus de 130 pb. Les spreads de swap s'écartent de 3 pb. Les émissions d'obligations d'État continuent toutefois d'être bien placées par les investisseurs. On notera en particulier la syndication d'un emprunt européen à 25 ans, pour lequel 87 milliards d'euros ont été demandés et 7 milliards d'euros émis.

High yield: le sentiment semble se détériorer sur plusieurs fronts

Le marché du crédit IG libellé en euros est stable en termes de spreads d'asset swap à 79 pb. L'équilibre des flux reste favorable et les transactions sur le marché primaire sont sursouscrites, sans toutefois se resserrer davantage sur le marché secondaire. Cela est dû à l'absence de NIP. En ce qui concerne le high yield, le sentiment semble se détériorer sur plusieurs fronts, malgré l'afflux de fonds dans cette classe d'actifs. L'effet directionnel favorable depuis le début de l'année doit être contrebalancé par le retour du risque spécifique. De nombreuses entreprises recherchent des conseils pour restructurer leurs dettes. La nouvelle série XOVER (300 bp) termine la semaine par une séance de net élargissement des spreads. Compte tenu des profits à prendre, un retournement brutal de tendance est possible.

La collecte de fonds d'actions a continué à diminuer

Sur les marchés des actions, les indices restent dynamiques grâce aux annonces des banques centrales. Les marchés américains ont gagné 2 à 3% la semaine dernière, tandis que les flux de fonds ont enregistré leurs plus fortes sorties de l'année. En Europe, les valeurs foncières, bancaires et technologiques, y compris celles liées aux semi-conducteurs, se portent bien. Les flux entrants dans les fonds d'actions ont continué à baisser, à hauteur de 14 milliards d'euros cette année.

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