Et si la finance avait un impact social?

Yvan Roduit, Raiffeisen Suisse

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Les Social Bonds font partie des instruments qui ne se limitent plus seulement à offrir une performance financière, mais aussi sociale.

Sur les marchés financiers, il y a à boire et à manger en matière d’investissements durables. Les investisseurs disposent d’un nombre croissant de véhicules et d’instruments de placement labellisés durables, lesquels produisent des effets plus ou moins concrets sur la société. L'attention accordée aux questions sociales – portée notamment par la crise du coronavirus – a connu une progression importante ces cinq dernières années. C’est ainsi que les Social Bonds attirent toujours plus d’investisseurs désireux de diversifier leur portefeuille tout en produisant un impact concret sur la société. En effet, les fonds levés sont utilisés pour réaliser des projets à but social positif.

«Use of proceeds»

Ce qui les démarque particulièrement est donc l’utilisation des fonds levés sur le marché, le «use of proceeds». Ces obligations sont destinées à financer ou refinancer des projets produisant des effets sociaux positifs ou visant à répondre à une problématique sociale. Dans bien des cas, les projets sociaux financés s’adressent à des populations précarisées et marginalisées, qu’il s’agisse de migrants, de personnes sans emploi, de minorités de genre ou de personnes en situation de handicap. Les émetteurs sont majoritairement des gouvernements ou des organisations parapubliques, avec également un nombre croissant d’entreprises dites sociales. A titre d’exemples, on trouve Berlin Hyp, une banque allemande souhaitant favoriser la disponibilité de logements abordables dans le cadre de ses activités de prêts, ou Motability Operations, une entreprise permettant à des personnes en situation de handicap d'accéder à une mobilité à prix avantageux. Durant la période de COVID-19, des Social Bonds avec un «use of proceeds» focalisé sur la mitigation des effets de la pandémie auprès de populations impactées ont également vu le jour.

Source: BNP Paribas Asset Management, ICMA
 
Minimiser le «social washing»

Comme pour les placements verts, il existe toujours un risque de «social washing», à savoir que l’argent ne soit au final pas utilisé à des fins sociales. A l’instar des Green Bonds, l’émission de Social Bonds est cadrée par des lignes directrices volontaires, en l’occurrence les Social Bond Principles (SBP) de l’ICMA. L’intérêt ici est d’accroitre la transparence dans le marché des obligations à vocation sociale. Les émetteurs doivent donc présenter des frameworks clairs dans lesquels l’utilisation des fonds est précisée, tout comme le ou les objectifs de développement durable des Nations Unies remplis par le projet. L’émetteur doit aussi indiquer la méthode d’évaluation des objectifs du projet, respectivement de l’utilisation de l’argent. Il vaut aussi la peine d’investir au travers d’un fonds de Social Bonds, lequel s’occupera de contrôler le respect des critères sociaux correspondants à la vocation de ces obligations sociales, notamment au travers d’un travail minutieux d’analyse et d’audit.

Performance financière et sociale

Alors pourquoi investir dans les Social Bonds? Tout d’abord parce que c’est un instrument de diversification idéal, où les Social Bonds se traitent au même niveau de spreads que les obligations «régulières». De plus, la qualité des débiteurs est en moyenne élevée, étant donné la nature de la majorité des émetteurs. Mais c’est aussi et surtout parce que cela permet en tant qu’investisseur – ou gestionnaire de portefeuille – de soutenir concrètement des initiatives qui font progresser la société, et ceci de manière mesurable. Se dire que notre argent permet d’offrir un foyer à des familles en difficulté, c’est aussi une forme de rendement: c’est la performance sociale de nos placements.

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