Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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L’«accord de phase 1» entre les USA et la Chine a enfin été signé, et les Chinois ne sont plus considérés comme les manipulateurs de monnaie d’antan.

L’«accord de phase 1» est signé. L’accord tant attendu de «phase 1», redéfinissant les relations (commerciales) entre les USA et la Chine, soit 86 pages, y compris une annexe (secrète), a été solennellement signé mercredi à Washington D.C. La Chine promet d’acheter des biens d’une valeur de 200 milliards de dollars US sur les deux prochaines années, dont au moins 40 milliards de denrées agricoles. De leur côté, les USA réduiront de moitié les tarifs douaniers de 15% sur des marchandises d’une valeur de 120 milliards de dollars américains.

En revanche, les USA ne font aucune concession. Au contraire, ils envisagent de maintenir les tarifs douaniers jusqu’à la fin des élections présidentielles de novembre. Un nouvel assouplissement ne devrait avoir lieu qu’au cours de la «phase 2», qui se penchera également sur des sujets plus complexes, tels que les subventions industrielles chinoises ou le cyber-espionnage. Le plus dur reste donc encore à faire. Dans la perspective actuelle, il est peu probable que les deux puissances économiques puissent obtenir d’autres résultats diplomatiquescette année. Or, les marchés financiers et les acteurs économiques pourraient déjà se montrer satisfaits des signes d’assouplissement observés jusqu’à présent, et l’incertitude devrait encore s’atténuer.

La Suisse à nouveau sur la liste US des pays à surveiller. Outre une pression légèrement moindre concernant les tarifs douaniers, Donald Trump avait une autre bonne nouvelle pour la Chine cette semaine: elle n’est plus considérée comme un manipulateur de monnaie selon le nouveau rapport sur les monnaies du Trésor américain. La Suisse, par contre, fait à nouveau figure de mauvais élève après une courte trêve. Son excédent de la balance despaiements courants, de 10,7%, ainsi que celui dans le commerce bilatéral de biens avec les USA, à hauteur de 21,8 milliards de dollars US, répondent ainsi à deux des trois critères que les Américains utilisent comme indice de manipulation de la monnaie.

Le troisième concerne toute intervention sur le marché des changes, dépassant les 2% du produit intérieur brut (PIB) en 12 mois. Cela correspondrait à un volume d’environ 14 milliards de francs, du point de vue de la Suisse, et pourrait mettre la Banque nationale suisse (BNS) en sérieuses difficultés prochainement. En effet, après sa retenue dès la mi-2017 et ce bien jusqu’en 2018, elle a à nouveau dû débourser une fortune pour affaiblir le franc, et justement utilisé grosso modo ces fameux 2% du PIB, à cette fin. Si elle ne veut pas s’attirer les foudres de Trump & Cie, la BNS devrait reporter d’autres interventions au moins jusqu’à l’été. Son directoire a fait savoir cette semaine, par mesure de précaution, que ses interventions sur le marché des changes visent avant tout à stabiliser les prix, mais ne confèrent aucun avantage concurrentiel aux entreprises suisses.

Bien qu’il n’existe aucun mécanisme automatique permettant aux USA de critiquer tout pays de manipuler la monnaie, l’appétit de la BNS pour de nouvelles interventions de change devrait toutefois être limite. Les traders semblent le ressentir sur le marché des changes: l’euro est passé sous les CHF 1.075 face au franc, suite à la publication du nouveau rapport monétaire US, et enregistre ainsi sonplus bas niveau depuis le printemps 2017. Notre objectif de CHF 1.06 sur 12 mois est à portée de main, en début d’année déjà, mais se heurte à des supports plus importants du point de vue de l’ana-lyse technique. La tendance baissière de l’EUR / CHF devrait connaître une trêveau plus tard à ce niveau, selon nous.

Graphique de la semaine

Le rallye de fin d’année des valeurs technologiques s’est poursuivi sans interruption au cours des premiers jours de négoce en 2020. Après Microsoft, Amazon et Apple, Alphabet (Google) pourrait être le quatrième géant technologique US à franchir le mur du son d’une capitalisation boursière de mille milliards de dollars US dans les prochains jours.

GROS PLAN

Bénéfice record pour JP Morgan. La banque américaine a enregistré un bénéfice record de plus de 36 milliards d’USD en 2019. Au T4, les choses se sont à nouveau améliorées, en particulier dans le négoce.

Blackrock se pare de vert. Le gestionnaire d’actifs américain veut à présent surfer sur la «vague verte». Entre autres, le nombre d’ETFs durables doit être doublé pour atteindre 150 d’ici 2021.

LE PROGRAMME

50e édition du Forum économique mondial. La 50e édition du Forum économique mondial (WEF) se tiendra à Davos-Klosters du 21 au 24 janvier. On y attendra notamment Donald Trump, Angela Merkel et Greta.

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