Boris Johnson n’est pas le Trump Britannique. Il va surprendre!

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Le lointain successeur – et admirateur – de Winston Churchill inquiète. Mais la catastrophe annoncée n’est pas si certaine.

Désigné comme chef des Tories par les 160’000 adhérents du parti conservateur, Boris Johnson est donc, depuis 1952, la 15e personnalité à s’asseoir face à Elizabeth II pour proposer ses services comme premier ministre britannique. Et il a des atouts économiques et politiques. 

Tout d’abord, malgré le net ralentissement du Momentum économique du pays, la situation Outre-Manche reste convenable: la Banque d’Angleterre prévoit une activité en hausse de 1,5% en 2019, grâce à un chômage bas et une consommation encore très dynamique. Les taux d’intérêt, toujours en territoire positif, offrent une marge de manoeuvre à la Banque Centrale.

Boris Johnson s’est déclaré ennemi d’un trop plein de réglementation.

Au plan économique, Boris Johnson a tout pour plaire aux investisseurs: en tant que maire de Londres, il a baissé les impôts, investi dans les infrastructures et s’est, à plusieurs reprises, déclaré ennemi d’un trop plein de réglementation. 

Il a aussi promis, c’est vrai, d’accomplir le Brexit, fût-il «Hard», sans accord et sans indemnité. Il a même regretté l’absence de brutalité de Teresa May dans les négociations avec l’Union Européenne. Cela inquiète, à juste titre, les investisseurs. 

Mais l’ancien pensionnaire du prestigieux collège d’Eton, diplômé d’Oxford, helléniste et latiniste, n’est pas le frustre politicien émule des méthodes peu académiques du promoteur New-Yorkais qu’est Donald Trump. 

Dans son premier discours de chef du parti conservateur, il a promis «d’unir le pays». Il aura derrière lui une équipe soudée, contrairement à Teresa May.

Le momentum économique du Royaume-Uni s’est dégradé

Source : Montpensier Finance / Bloomberg au 23 juillet 2019

 
Sa première tâche sera de d’assurer de la solidité de la majorité parlementaire, potentiellement bientôt réduite à une seule voix par le jeu des défections et des élections partielles. Faute de quoi, il lui faudra rassembler au-delà du parti conservateur. Ceci est critique car le Parlement, d’une façon ou d’une autre, devra valider les modalités de réalisation du Brexit. 

C’est évidemment sur sa capacité de négociation
avec les autorités européennes que le premier ministre est très attendu. 

Clin d’oeil de l’histoire, BoJo et Ursula Von der Leyen, la nouvelle présidente de la commission européenne, ont étudié dans le même lycée bruxellois. Boris parle très bien le français, et comme ancien journaliste connait parfaitement les arcanes de la politique bruxelloise. Un atout pour débrouiller cet épineux dossier. 

Un autre sera sans nul doute sa grande souplesse idéologique. Après tout, il n’a choisi que très tardivement le camp du Brexit, faisant longtemps planer le doute sur ses intentions réelles. Son plan était de se donner, grâce à cette campagne référendaire, un destin national. C’est aujourd’hui chose faite, probablement au-delà de ses attentes. Au-delà des postures de campagne, et une fois parvenu à ses fins, BoJo, à la manière d’un Alexis Tsipras, pourrait peser de toute son énergie et de son indéniable charisme pour faire accepter à la Chambre un compromis raisonnable, y compris celui d’un «soft» Brexit, très proche de l’accord actuellement sur la table. 

Notre pari est qu’il peut réussir, au-delà des inévitables à-coups dans les futures discussions, à résoudre l’équation du Brexit. Attendons-nous donc aux inévitables turbulences sur ce sujet pendant l’été mais la fin de l’année pourrait être plus prometteuse.

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