3 valeurs contrariantes dans les petites et moyennes capitalisations

Salima Barragan

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«Nous achetons du pessimisme et exploitons la panique à court terme car nous sommes des investisseurs à long terme», explique Claire Shaw de SYZ.

Bon nombre d’investisseurs en actions européennes sont attirés par les grandes capitalisations pour des raisons de tradition et de visibilité, mais cela les dissuade souvent de s’intéresser aux entreprises de plus petite taille du fait d’idées fausses qui perdurent depuis longtemps. On peut dès lors se demander si le scepticisme ambiant a abusivement freiné l’exposition à une classe d’actifs dynamique qui a fait mieux que les grandes capitalisations au cours de 12 des 17 dernières années et qui surperforme l’indice des grandes capitalisations de 5,5% depuis le début de l’année. Claire Shaw, portfolio manager chez SYZ Asset Management, qui investit à contre-courant, nous présente 3 petites et moyennes capitalisations européennes et nous explique pourquoi elle a acquis ces valeurs: «Notre philosophie est basée sur l'achat de titres de haute qualité qui sont punis à court terme à cause d'un sentiment négatif dans le secteur, la géographie ou dans le titre lui-même».

Salmar: d’excellents fondamentaux malgré des remous

La population mondiale en augmentation accroit les besoins en protéine. La salmoniculture contribue à y répondre et l’offre, contenue dans ce secteur, devrait soutenir les prix sur le long terme. Suite à un sévère contraction de l'offre en 2016, causée par la prolifération des algues au Chili et les problèmes de poux de mer en Norvège, le prix du saumon chuté un an après à cause de la soudaine augmentation des volumes. «A partir de 2018, la crainte d'une augmentation de l'offre a entraîné une baisse des prix des actions du secteur. Nous avons trouvé un point d’entrée intéressant sur Salmar, le troisième producteur de saumon d'élevage en Norvège, qui génère le meilleur EBIT (earning before interest and tax) par kilogramme de l’industrie mondiale», explique Claire Shaw. Malgré d'importants investissements en recherche et développement liés à l'expansion de son projet d'agriculture offshore, Salmar présente l’un des bilans les plus solides de l'industrie, génère un free cash-flow important et verse un dividende élevé aux actionnaires. Tournée vers l'innovation, Salmar a acheté une nouvelle technologie de pointe pour la salmoniculture. «Grâce au développement de sa nouvelle technologie de cages offshore de grande taille dite «Ocean Farm», Salmar est l'un des rares salmoniculteurs à pouvoir augmenter les volumes de production dans un contexte d'offre mondiale limitée», rajoute-elle. 

Flow Traders: en première ligne pour tirer parti du retour de la volatilité

Flow Traders, basé à Amsterdam, est l'un des principaux courtiers d’ETP (Exchanged traded products) et met en relation les émetteurs d’ETPs et les investisseurs. Véritable «Market maker» sur le marché secondaire, la société cote les prix des OTCs négociés en bourse. Elle agit aussi sur le marché primaire via les créations et les rédemptions. Elle fournit également des liquidités aux contreparties institutionnelles. Elle bénéficie d’une marge élevée (EBITDA moyen de 44%) pour une base de coûts flexibles. Au cours des 15 dernières années, ses actifs sous gestion ont augmenté à un taux de croissance annuel moyen pondéré d'environ 28%. L'activité de Flow Traders est influencée par les volumes ainsi que par les écarts de prix. «Les faibles niveaux de volatilité observés en 2017 ont entraîné un resserrement des spreads qui a nui à la rentabilité de l'entreprise et entraîné une faiblesse du cours des actions.», explique Claire Shaw. Actuellement, le titre se traite sur la base d'un rendement du free cash-flow de 10% avec un rendement du dividende de 6%.

Husqvarna: victime de conditions météorologiques défavorables

Husqvarna est l'un des leaders mondiaux de la fabrication de tondeuses à gazon, tronçonneuses et produits d'irrigation. La marque Husqvarna, qui a fêté 325 ans d'existence, détient 20% du marché mondial. Son leadership technologique, véritable avantage compétitif, devrait lui offrir des opportunités de croissance intéressantes. «La pénétration des tondeuses à gazon robotisées dont Husqvarna détient déjà 50% du marché mondial est un segment dont la croissance est de 20% par an», explique Claire Shaw. En juillet 2018, Husqvarna a émis un avertissement sur ses bénéfices suite à un hiver particulièrement long. Puis en mai, la société a eu une augmentation soudaine de la demande mettant sa chaîne d'approvisionnement sous pression et entraînant une hausse des coûts logistiques et des inefficacités de production. «Ces niveaux sont un point d'entrée intéressant», explique la gestionnaire qui reste confiante sur les résultats financiers de la société. «Husqvarna s’est engagée dans un programme de réduction des coûts. Aussi, l'abandon progressif de sa division Consumer Brands, qui avait dans le passé, posé des problèmes, devrait favoriser une activité structurellement plus rentable», ajoute-elle.

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