«Faites confiance à la tendance»

Bruno Jacquier, Atlantic Financial Group

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Dans un contexte morose, coup de projecteur sur les actions les plus performantes de l’année.

Exceptionnellement, renversons la vapeur. Plutôt que de prévoir le cycle économique et son impact sur le marché des actions, ou de se plonger dans les méandres comptables des sociétés pour identifier les plus prometteuses, analysons les titres qui ont enregistré les meilleures performances depuis le début de l'année.

Premier constat: tandis que le marché mondial des actions cédait -21% (MSCI All Countries World Index), le secteur de l'énergie enregistrait une performance positive à deux chiffres: +17%. À la suite de la réouverture post-covid des économies et de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les prix du pétrole et du gaz se sont envolés, favorisant l'accroissement des bénéfices des sociétés du secteur. Toutes les autres catégories sont en territoire négatif, à commencer par les services de communication, la technologie et la consommation discrétionnaire. Elles sont les plus cycliques et se contractent donc davantage en période de récession. A contrario, les services aux collectivités, la santé et la consommation courante ont fait preuve de résilience. Ces secteurs ont mieux résisté au bear market.

En décomposant de manière plus granulaire les 1100 plus grandes capitalisations américaines et européennes (S&P 500 et Stoxx 600), il ressort que 20% des sociétés sont parvenues à délivrer des retours sur investissement positifs lors des neuf derniers mois. Une fois encore, sur les 35 sociétés actives dans le secteur de l'énergie, 30 ont une performance positive, dont plus de la moitié est comprise entre +30% et +60%. Tant que la situation géopolitique demeurera conflictuelle en Europe, le secteur de l'énergie en tirera profit.

Comme toujours, la sélection des actions est un jeu gagnant. Les entreprises qui disposent de fondamentaux solides devraient parvenir à accentuer leur avance au cours des prochains mois.

Poursuivons en écartant les sociétés du secteur de l'énergie et en concentrant l'analyse sur les 188 autres sociétés, américaines et européennes, qui sont dans le vert depuis le début de l'année. Elles ont été scannées et hiérarchisées, afin de leur attribuer de bons ou de mauvais scores sur 16 critères: croissance des ventes et des bénéfices, taux d'endettement, ratios de valorisation, indicateurs de momentum, etc. Finalement nous n'avons gardé que les grandes capitalisations de ce scoring, car ce sont souvent elles qui surperforment en période de secousses boursières.

Parmi les 20 sociétés en tête de ce filtrage et dont la performance commune a été remarquable en 2022 (cf. Graphiques), une très grande majorité sont cotées aux États-Unis. La force du dollar ne les a pas pénalisées. À l'autre bout du spectre, on notera la faible représentation des titres libellés en euros et l'absence de titres français. De manière tout aussi édifiante, plus de la moitié du Top 20 sont des sociétés du secteur de la santé, six «pharmas» et quatre «biotechs»: Merck, Novo Nordisk, Astrazeneca, Bayer, Bristol-Myers, Eli Lilly et Vertex, Regeneron, Abbvie, Amgen. Elles sont accompagnées par trois entreprises de consommation courante: Coca-Cola, Philip Morris et British American Tobacco. De là à conclure que les consommateurs sacrifient l'alimentaire et le chauffage pour fumer et boire des sodas, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Appartiennent également à ce classement trois financières: HSBC, Zurich Insurance et Metlife. Les quatre dernières compagnies mises à l'honneur n'appartiennent pas aux secteurs précédemment cités: la minière Glencore, l'opérateur Deutsche Telekom, le fournisseur de services de santé Elevance, et le fabricant de matériel agricole Deere. Pour finir cet égrenage, notons que les sociétés de services aux collectivités brillent par leur absence, alors que pris dans son ensemble ce secteur défensif a délivré une performance relative honorable. Les utilities semblent condamnées à la morosité.

Comme toujours, la sélection des actions est un jeu gagnant. Les entreprises qui disposent de fondamentaux solides devraient parvenir à accentuer leur avance au cours des prochains mois: croissance des ventes, gain de parts de marché, faible endettement permettant d'être moins impacté par la hausse des taux d'intérêt, sous-évaluation, etc. Combien de temps? Probablement jusqu'à ce que la Réserve fédérale américaine «pivote» en stoppant ses hausses de taux directeurs, voire en les réduisant. Si ce game changer intervient suffisamment rapidement pour que l'activité économique rebondisse, cela pourrait mettre fin au bear market et inciter à une rotation sectorielle. Le plus tôt sera le mieux mais, en attendant, the trend is your friend.

Le bear market ne concerne pas toutes les sociétés cotées

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