USA: les résultats des banques devraient illustrer la prudence, après la crise

AWP

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En vue des publications des chiffres du deuxième trimestre, les experts tablent sur un bond des provisions pour créances douteuses.

La tempête de printemps sur le secteur bancaire américain semble n’être qu’un lointain souvenir mais les résultats du deuxième trimestre, publiés à partir de vendredi, devraient illustrer selon des experts une prudence accrue des banques avec un bond attendu des provisions pour créances douteuses.

L’inflation et la remontée des taux ont rendu l’environnement plus propice aux défaillances dans le remboursement des prêts, immobiliers notamment.

La banque centrale américaine a en effet procédé depuis mars 2022 à dix hausses consécutives de taux, qui s’établissent désormais dans une fourchette comprise entre 5% et 5,25%.

Et lors de sa dernière réunion début juillet, le comité monétaire de la banque centrale (FOMC) a décidé de faire une pause mais promis au moins deux hausses supplémentaires.

Cette hausse des taux se conjugue à une forte inflation même si celle-ci freine.

L’inflation, à un record de 9,1% en en juin 2022), a continué de ralentir en juin à 3% sur un an, selon l’indice CPI publié mercredi. C’est le niveau le plus bas depuis mars 2021, mais encore au-dessus des 2% ciblés par la Fed.

D’après la société spécialisée Attom, les saisies hypothécaires ont bondi sur un an de 22% au premier trimestre 2023 et de 6% par rapport au trimestre précédent.

Des analystes, à l’instar de Chris Wolfe de Fitch, s’attendent dès lors à un bond des provisions pour créances douteuses chez les grandes banques. Avec des interrogations sur les conséquences pour le versement des dividendes et les rachats d’actions.

Côté résultats, les performances devraient être «contrastées», s’accordent à dire les experts.

Pour Kenneth Leon, directeur de recherche chez CFRA, JPMorgan et Wells Fargo devraient enregistrer une hausse de leur chiffre d’affaires sur un an tandis que celui de Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs et Morgan Stanley devrait rester stable, voire reculer.

Saison «délicate»

Selon lui, les crédits à la consommation et l’endettement via les cartes de crédit vont être particulièrement scrutés «pour apprécier la santé de l’économie américaine».

Le niveau d’épargne des ménages va aussi être examiné, dit-il. Il avait atteint un record de 24,9% en mai 2020 pendant la pandémie mais est tombé à 4,6% trois ans plus tard, sous le taux d’épargne moyen historique de 6,5%.

Pour les analystes de Wedbush, cette saison de résultats bancaires va être «délicate», marquée notamment par des révisions à la baisse des revenus nets d’intérêts (différence entre les intérêts perçus sur les prêts consentis aux clients et les intérêts versés aux épargnants et aux créanciers).

«Nous nous attendons à ce que les revenus nets d’intérêts subissent davantage de pression à mesure que les banques orientent leur bilan vers des actifs plus liquides», ont-ils relevé.

Même attente pour Eric Compton, analyste chez Morningstar, au vu de la hausse du coût de rémunération des dépôts que les banques cherchent à tout prix à attirer pour disposer de liquidités fraîches. Des efforts en partie facilités par la faillite en mars de Silicon Valley Bank (SVB).

La chute de cette banque régionale et les secousses qu’elle a entraînées dans le secteur --faillite de Signature et de First Republic, et sauvetage in extremis de Credit Suisse en Europe-- ont en effet incité de nombreux Américains à transférer leurs dépôts vers des établissements considérés plus sûrs.

Les résultats trimestriels devraient faire la lumière sur l’ampleur du phénomène, déjà visible au premier trimestre.

Cette crise printanière pourrait aussi provoquer une consolidation «importante» des banques régionales et des banques de taille moyenne «mais tout dépendra de ce que les régulateurs autoriseront», a souligné M. Wolfe.

La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a semblé perméable à cette idée: «A coup sûr, nous ne voulons pas de surconcentration et nous sommes pro-compétition, mais cela ne veut pas dire pas» de fusion, a-t-elle expliqué fin juin au quotidien économique Wall Street Journal.

Une façon d’éviter une vague de rapprochements consisterait à rassurer davantage sur la solidité des établissements dans leur périmètre actuel.

La Fed a dévoilé lundi des recommandations pour renforcer les fonds propres des banques de taille moyenne, en souhaitant abaisser le curseur à 100 milliards de dollars d’actifs contre 700 milliards actuellement pour ces nouvelles règles qui ne devraient entrer en vigueur que «dans plusieurs années au moins».

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