Trump plus circonspect sur un accord avec la Chine

AWP

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Le président américain a adopté un ton qui tranche nettement avec les déclamations optimistes qui avaient suivi le sommet avec son homologue chinois à Buenos Aires.

Donald Trump s’est montré plus circonspect mardi sur les chances de succès des négociations commerciales avec la Chine. Et Wall Street chutait lourdement dans la foulée.

M. Trump évoquait lundi encore le «grand bond en avant» dans les relations avec Pékin, après le sommet avec son homologue chinois Xi Jinping samedi à Buenos Aires, et les Bourses du monde entier fêtaient la trêve. Mardi, le ton a changé.

Pour la première fois, M. Trump a évoqué la possibilité de prolonger la trêve de 90 jours --jusqu’au 1er mars-- qu’il a accordée aux Chinois samedi, avant de faire passer de 10 à 25% les taxes douanières sur 200 milliards de dollars de produits chinois importés.

«Les négociations avec la Chine ont déjà commencé. A moins d’être étendues, elles s’arrêteront 90 jours après la date (le 1er décembre, ndlr) de notre merveilleux et très chaleureux dîner avec le président Xi en Argentine», a écrit le président américain.

Comme ils le lui avaient déjà reproché lors de son sommet en juin avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, nombre d’analystes et d’éditorialistes ont souligné que M. Trump avait donné, sans recevoir grand-chose en échange.

Les investisseurs se sont rangés à cet avis. Le Dow Jones chutait de plus de 3% à la clôture et le Nasdaq de 3,8%. «Les gens commencent à disséquer les détails du cessez-le-feu commercial et s’aperçoivent qu’il va être difficile de trouver un accord définitif dans les 90 jours», a estimé Nate Thooft, de Manulife AM.

Les négociateurs américains devront s’assurer qu’un «VRAI accord est possible avec la Chine. S’il l’est, on le conclura», a insisté le président.

«Je suis l’Homme des tarifs douaniers» pour faire payer ceux qui «pillent la grande richesse de notre Nation», a-t-il menacé.

Il a une nouvelle fois affirmé que les tarifs douaniers qui frappent déjà 250 milliards de dollars de biens importés de Chine, en plus de ceux sur l’acier et l’aluminium, rapportaient des milliards de dollars à l’état fédéral. Une thèse qu’il a ponctuée d’un tonitruant: «ENRICHISSONS DE NOUVEAU L’AMERIQUE».

Promesse d’achats

En échange de la trêve accordée par le président américain, les Chinois ont notamment accepté d’acheter davantage de produits américains et de réduire le déficit commercial énorme (autour de 335 milliards de dollars) qui hérisse tant l’occupant de la Maison Blanche.

Mais Pékin est resté vague sur le calendrier et sur les montants.

Selon M. Trump, qui avait estimé que l’engagement de la Chine allait avoir «un impact incroyablement positif» pour les fermiers américains, ces achats doivent commencer «tout de suite».

Les mesures de rétorsion chinoises, ciblées pour avoir un impact politique maximal sur l’électorat de M. Trump, frappe durement les agriculteurs et en particulier les producteurs de soja. Mais en attendant plus de détails, les représentants du monde agricole restent circonspects.

«On n’a ni chiffre, ni calendrier» sur les promesses annoncées, remarquait lundi David Salmonsen, spécialiste du commerce pour le premier syndicat agricole aux Etats-Unis, l’American Farm Bureau.

Le principal conseiller économique de M. Trump, Larry Kudlow, a assuré lundi qu’il s’attendait à ce que la Chine lève «rapidement» les taxes douanières sur les produits agricoles.

Les analystes s’accordent à dire que M. Xi a pour sa part réussi à gagner du temps et à éviter une pression accrue sur l’économie chinoise, au moment où elle montre de sérieux signes de ralentissement.

Négociations difficiles

Depuis son entrée à la Maison Blanche, Donald Trump s’est lancé dans une offensive contre les pratiques commerciales de la Chine, qu’il juge déloyales, comme par exemple le transfert forcé de technologies imposé aux entreprises étrangères ou encore le non-respect de la propriété intellectuelle.

Mais il s’agit là de dossiers complexes et sur lesquels les Chinois ne se sont pas engagés à l’issue du dîner de Buenos Aires.

Le président a souligné que les négociations seraient menées par Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce, rompu aux négociations difficiles, et surtout un faucon en matière de relations commerciales avec la Chine.

Il «travaillera étroitement» avec le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, M. Kudlow et le ministre du Commerce Wilbur Ross.

Pour l’heure, aucun détail n’a filtré sur le calendrier des négociations, l’endroit où elles se dérouleront et leur teneur précise.

M. Mnuchin --ancien banquier et investisseur-- a tenté d’expliquer la chute de Wall Street, mais sans donner d’assurances, lors d’un événement organisé par le Wall Street Journal.

«Le marché essaye de savoir s’il y aura ou pas un vrai accord à la fin des 90 jours», a-t-il dit.

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