La Fête du travail sous le signe des salaires et du pouvoir d’achat

AWP

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Environ 10’000 personnes ont participé au cortège du 1er mai à Zurich, sous le mot d’ordre «Le capitalisme rend malade». Beat Jans et Elisabeth Baume-Schneider ont, eux, appelé à la solidarité.

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Suisse mercredi pour de la Fête du travail. Les manifestations étaient placées sous le signe des salaires et de la perte de pouvoir d’achat. Beat Jans et Elisabeth Baume-Schneider ont, eux, appelé à la solidarité.

La solidarité est nécessaire, car le monde va mal, a déclaré le ministre de justice et police sur la Place fédérale à Berne. «Crises, climat, catastrophes, guerres. En Ukraine et au Proche-Orient. Des gens désespèrent, souffrent, meurent. Des milliers. Chaque jour. C’est tout simplement insupportable», a-t-il rappelé.

Evoquant les défis politiques, économiques et sociaux qui attendent la Suisse, le Bâlois a exhorté à se mettre «ensemble» au travail. «Ensemble, ça va mieux», a-t-il lancé, tout en reconnaissant que ce slogan est en fait un euphémisme dans les temps actuels. Il faudrait plutôt dire «ce n’est qu’ensemble que ça ira mieux». Les problèmes mondiaux ne peuvent être résolus qu’ensemble, a-t-il assuré.

Une société équitable

S’exprimant à Thoune (BE), sa collègue jurassienne Elisabeth Baume-Schneider a de son côté mis en garde contre les conséquences des injustices sociales. Seule une société équitable est une société forte, a-t-elle dit.

Mais la question sociale n’est jamais réglée, elle revient sans cesse se poser. Par exemple le logement risque de devenir un luxe et les coûts de la santé représentent un gros problème pour beaucoup, a averti la Jurassienne.

Maillard combatif

Les primes d’assurance maladie étaient au coeur de cette journée de mobilisation, placée sous le mot d’ordre «baisser les primes, augmenter les salaires». Lors de nombreux événements organisés aux quatre coins de la Suisse, les orateurs ont souligné la nécessité de véritables hausses de salaires et plaidé en faveur de l’initiative socialiste d’allègement des primes soumise en votation le 9 juin.

Dans un discours combatif prononcé à Bienne (BE), le président de l’Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard a ainsi dénoncé «les chiffres sur l’inflation complètement faux» qui sont annoncés en Suisse. Le fait que les primes maladie soient exclues du calcul brouille la réalité. Du fait de cette «omission», la réalité de l’inflation est largement sous-estimée.

L’initiative d’allègement des primes sera le prochain combat de la gauche, mais il y en aura d’autres encore en cette année 2024 qui «nous donnera beaucoup de boulot», a lancé le conseiller aux Etats vaudois. L’USS bataillera aussi contre la réforme du 2e pilier, ainsi que contre la libéralisation du système de santé et pour la défense du service public dans l’électricité et les transports.

«Assez d’argent»

La présidente du syndicat Unia, Vania Alleva, a de son côté réclamé «un changement dans la politique en matière de salaires et de revenus». Selon elle, «il y a suffisamment d’argent (en Suisse), un revenu décent serait possible pour tous les salariés».

A Zurich, le chef économiste de l’USS Daniel Lampart a pour sa part estimé que «dans ce pays, le plus riche du monde, quiconque a terminé son apprentissage doit gagner au moins 5000 francs».

Dans le même esprit, la Jeunesse socialiste a lancé une pétition demandant de meilleures conditions de travail pour les apprentis, avec notamment un salaire minimum de 1000 francs par mois.

Et à Bienne, une alliance regroupant des partis de gauche, des syndicats et des organisations d’entraide a lancé une initiative en faveur d’un salaire minimum de 23,80 francs de l’heure dans la ville. Les assistantes vaudoises en pharmacie ont quant à elles lancé une pétition réclamant une convention collective de travail.

Milliers de manifestants

Au total, l’USS avait organisé des rassemblements dans une cinquantaine de villes du pays. Quelque 10’000 personnes ont participé au cortège du 1er mai à Zurich. D’autres rassemblements ont réuni 2500 personnes à Bâle, 2000 à Genève, 800 à Lausanne et plusieurs centaines à Berne. Dans plusieurs villes, comme à Genève ou Zurich, les participants ont manifesté leur solidarité avec les Palestiniens.

A Delémont, quelque 300 personnes ont participé au cortège du 1er mai interjurassien, selon Rebecca Lena, responsable d’Unia Transjurane. Et ils étaient 150 à 200 à Bienne.

Le syndicat Syna a lancé une pétition pour que la journée du 1er mai devienne un jour de congé national, en signe de «remerciement» pour les travailleurs. Mais la droite ne l’entend pas de cette oreille: les Jeunes PLR exigent l’abolition de ce congé dans les cantons qui l’ont introduit.

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