Gonet: l'actualité des marchés au 18 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,14%, S&P 500 -0,20%, Nasdaq +0,14%, Russell 2000 -0,15%, SOX +0,24%, Eurostoxx +0,42%, SMI -0,30%.

10%! Rassurez-vous, je ne m’apprête pas à vous dire qu’il faut impérativement que vous découvriez cette série (si ce n’est déjà fait) dans laquelle excelle l’inclassable et fascinante Camille Cottin. Non, 10% c’est la performance de l’indice Eurostoxx50 (SX5E) depuis le début de l’année, soit en 12 petites séances. En 2022 l’indice a perdu 8,55%. Par le jeu de la relativité, il n’est pas encore de retour à son niveau du 31 décembre 2021 mais s’en rapproche à grand pas (4’174 points à la cloche hier soir contre 4’298 pts le 31.12.2021). C’est fou comme le paysage boursier peut se transformer vite. Quoi qu’il en soit, le SX5E entre en territoire suracheté et semble s’en préoccuper comme de sa dernière chemise, il est indiqué en hausse de 0,2% ce matin. D’ailleurs hier les marchés européens gloussent de plaisir à la rumeur que la BCE pourrait se montrer moins agressive que prévu dans sa politique monétaire.

De l’autre côté de l’Atlantique, le paysage boursier est légèrement différent. Après un faux départ en début d’année, l’indice S&P500 (SPX) et ses pairs ont entrepris de suivre la marche vers le nord imposée par le SX5E. Hier la première séance de la semaine est plutôt calme, le SPX tente une incursion au-dessus des 4'000 points (et donc au-dessus du haut de son canal baissier entamé en janvier de l’an passé) mais il manque d’oxygène et revient à 3’990 points à la cloche. La bonne nouvelle technique du jour, c’est que le SPX parvient à se maintenir au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours (3’978 pts), elle qui lui avait fait tant de mal à la mi-août 2022. Les volumes d’échanges sont corrects, sans plus, avec 10,24 milliards de titres traités sur le NYSE. La rumeur d’une BCE plus colombe qu’attendu produit également son effet Downtown Manhattan, en revanche le vénérable Dow Jones se prend les pieds dans le tapis, fortement pénalisé par Goldman Sachs (GS -6,46%) dont le titre souffre après que la banque New Yorkaise a publié des résultats en-dessous des attentes, tout en annonçant avoir augmenté ses provisions pour crédit douteux. À elle seule, GS contribue à 158 des 391 points abandonnés par le Dow Jones hier. L’indice est un «price weighted index», ce qui signifie qu’il est calculé en fonction du prix de ses composants et non de leur capitalisation boursière. Ainsi Goldman Sachs a nettement plus de poids dans l’indice qu’Apple, qui pèse 15 fois plus en bourse, go figure…

Les shorts continuent de se couvrir, la technologie vous salue bien, le Nasdaq100 (NDX) boucle sa septième séance consécutive de hausse, porté notamment par Apple (AAPL +0,9%) et Tesla (TSLA +7,4%). L’ETF MGK (Vanguard Mega Cap Growth) progresse de 0,22%. Le podium du jour du SPX se compose de la technologie, des REITs et de l’énergie, le baril de WTI Light Crude parvenant à casser les 80 dollars, ce matin il évolue à 80,93 dollars. Les intervenants continuent d’acheter des obligations, le rendement du 10 ans US recule encore, ce matin à 3,48%. Le dollar se stabilise mais on voit des acheteurs d’euros dès que la faiblesse se manifeste, la paire évolue ce matin à 1,0825. L’or se maintient légèrement au-dessus de 1900 dollars par once.

Constatons-le, les indices d’actions ne veulent plus vraiment baisser en ce début d’année, c’est un perma-bull qui écrit cela. Pourtant de nombreuses inquiétudes subsistent quant à la possibilité que le récent mouvement ne soit rien d'autre qu'un rebond dans un marché baissier, compte tenu des messages de la Fed sur la hausse des prix et le repli du pivot, de la rigidité de l'inflation dans le secteur des services, des craintes d'une erreur de politique de la Fed (atterrissage brutal) et de l'opinion assez répandue selon laquelle les estimations des bénéfices pourraient encore être largement revues à la baisse. À ce dernier point, les taureaux peuvent opposer que la baisse des actions en 2022 a peut-être déjà intégré ce facteur. En l’état les intervenants se positionnement majoritairement pour un atterrissage en douceur de l’économie américaine, une Fed moins agressive du fait d’une inflation en repli et une Chine de retour dans le grand orchestre de la croissance mondiale.

Bank of America publie le résultat d’une enquête menée auprès de 286 gérants de fortune professionnels, assis sur 772 milliards de dollars. Les réponses sont fournies entre le 6 et le 12 janvier et l’enquête dévoile que ces professionnels du marché sont toujours baissiers, mais beaucoup moins qu’au dernier trimestres, grâce à la Chine et à la Fed. En revanche ils restent prudents. Ils indiquent une rotation vers les marchés émergents, l’Union Européenne et les valeurs cycliques (ça s’est un peu vu…). Les gérants restent nettement plus optimistes que les économistes quant à la croissance mondiale, leur sentiment est au plus haut depuis un an, alors qu’en parallèle les craintes de récession reculent à leur plus bas depuis six mois, la Chine semble constituer le principal facteur de cette évolution.

Au menu macro-économique du jour, en Europe place à l'inflation de décembre pour le Royaume-Uni (sortie légèrement au-dessus des attentes) et de la zone euro (11h00). Programme chargé aux Etats-Unis entre les ventes de détail (14h30), la production industrielle (15h15), l'indice NAHB des prix immobiliers et les stocks d'entreprises (16h00). Cette nuit, le Japon a fait état de commandes de machines en chute marquée en décembre, pendant que la Banque du Japon a laissé sa politique monétaire inchangée.

Barry Callebaut: les revenus du premier trimestre 2022/2023 ont progressé de 7,2% en monnaies locales, mais les volumes se sont contractés. BASF: le résultat opérationnel 2022 ressort à 6,88 milliards d’euros. Le chiffre d'affaires à 87,3 milliards d’euros. A cause des dépréciations, le chimiste affiche une perte nette de 1,38 milliard d’euros. Richemont: les ventes ont atteint 5,4 milliards d’euros au le troisième trimestre fiscal, en hausse de 8% ou de 5% hors effets de changes. Le consensus était plus ambitieux (5,6 milliards d’euros). United Airlines: la compagnie aérienne américaine dépasse les attentes sur le quatrième trimestre 2022 et guide vers des résultats plus élevés que prévu sur le premier trimestre 2023. Microsoft devrait supprimer des milliers d'emplois, selon Sky News. Emerson Electric lance une OPA hostile sur National Instruments pour 7,6 milliards de dollars, après avoir été éconduit. Pfizer va vendre près de 500 vaccins et médicaments à prix coûtant. Apple décale la sortie de ses lunettes en réalité augmentée, et projette un produit moins ambitieux, selon The Information. Lufthansa cherche à obtenir le contrôle total d'ITA Airways via une nouvelle offre, selon Bloomberg. S&P Global va vendre son activité de solutions d'ingénierie à KKR pour 975 millions de dollars. La vidéo de Tesla faisant la promotion de la conduite autonome a été mise en scène, selon un ingénieur. Moderna annonce que son candidat vaccin mRNA-1345 contre le VRS passe avec succès la phase III.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis Séoul qui perd 0,47%. Tokyo bondit de 2,5% à la cloche, le marché applaudit la décision de la Banque du Japon ainsi que la faiblesse du yen. Hong Kong grappille 0,19% et Shanghai traite à l’équilibre. Le future SPX avance de 7 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,2%.

Selon plusieurs médias, l’Inde dépassera la Chine cette année pour devenir le pays le plus peuplé du monde, cette probabilité augmente depuis que la Chine a annoncé que sa population a diminué l’an passé, la première fois en 60 ans. Les deux géants asiatiques comptent actuellement chacun plus de 1,4 milliard d’habitants.

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