Plutôt des fonds monétaires que l’épargne bancaire

Emmanuel Garessus

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Les fonds monétaires profitent de la hausse des taux, note Daniel Rempfler de Swiss Life AM, lequel lance un tel fonds en francs.

Les fonds monétaires attirent tous les regards. Aux Etats-Unis, ils attirent les capitaux à un point tel que et les dépôts des clients auprès des banques semblent vulnérables. L’intérêt pour ce concurrent du cash est grandissant. En Suisse, Swiss Life Asset Managers, qui gère environ 8 milliards d’euros dans cette classe d’actifs, lance un fonds sur les marchés monétaires en francs suisses (TER 10 points de base). «Nous espérons que sa taille dépasse le milliard de francs» révèle Daniel Rempfler, responsable des taux et de la dette émergente auprès de Swiss Life Asset Managers. Ce spécialiste des taux, qui, avant Swiss Life, a travaillé à la Banque Mondiale et à la BNS, répond aux questions d’Allnews:

Comment s’est développé votre portefeuille sur le marché monétaire?

La croissance est significative dans la zone euro tant pour les fonds monétaires que pour des fonds à plus longue duration (au-delà de six mois). Le fleuron de cette catégorie est un produit monétaire en euros avec plus de 6 milliards d’euros sous gestion.

Est-ce que la croissance de ce type de fonds est d’abord fonction de l’évolution des taux d’intérêt?

Non, dans la zone euro, c’est un marché cyclique. Les sorties de fonds peuvent être fortes en fin d’année ou de trimestre, avant que les capitaux ne reviennent en début d’année et de trimestre. Les actifs sous gestion de cette classe d’actif sont volatiles. En Suisse, néanmoins nous ne rencontrons pas ce phénomène de forte saisonnalité.

«Les épargnants américains sont davantage proches des marchés financiers que les Suisses.»

Nous espérons que la hausse des taux d’intérêt profite à ce nouveau fonds en francs. Aux Etats-Unis, ils profitent clairement de la hausse des taux, dans le contexte des turbulences bancaires. Nous n’avons pas assisté à un phénomène de même ampleur en Europe. Il est vrai que la courbe de taux d’intérêt est davantage inversée aux Etats-Unis que dans la zone euro ou en Suisse. La courbe inversée signifie que le rendement des échéances courtes est plus élevé que celui des échéances à long terme.

Qu’en est-il en Suisse?

La courbe est assez plate sur le franc suisse. Le rendement à deux ans s’élève à 1,23%, le Saron à un jour 1,41%. Notre fonds présente une duration maximale de six mois, ce qui correspond à la duration maximale qui est autorisée par la réglementation. Nous privilégions logiquement celle qui offre le rendement le plus élevé.

Quelle est la réaction de l’épargnant suisse à la concurrence entre les fonds monétaires et les comptes bancaires?

Les épargnants américains sont davantage proches des marchés financiers que les Suisses. Ils sont fortement investis sur le marché et n’hésitent pas à placer leurs capitaux sur les marchés monétaires si le rendement est plus attrayant. En Suisse, le rendement des fonds monétaires est également très nettement supérieur à la rémunération des comptes d’épargne. Notre fonds offre 1,81% de rendement avec une duration de moins de six mois et un risque de crédit attractif. Comparez avec votre carnet d’épargne…

«En tant qu’assureur plaçant les capitaux des assurés, nous sommes aussi l’un des principaux acteurs du marché obligataire en francs suisses.»
Quel est le risque d’un fonds monétaire pour l’épargnant?

Comme pour une obligation, le risque est celui de contre-partie. Il est largement diversifié, alors qu’un compte bancaire est par nature très concentré sur un établissement. Le fonds est largement diversifié et investit principalement dans des emprunts d'Etat suisses à court terme, des bons de la BNS, des obligations hypothécaires et des obligations d'entreprises de haute qualité en CHF. Par conséquent, le risque de défaut de crédit est inférieur à celui d’un compte en banque.

Est-ce qu’il y a une concurrence avec des ETF?

Non, le marché monétaire est très étroit en termes d’émetteurs. Il n’y a certainement pas un excès d’offre. Il importe de disposer d’une bonne connaissance des contre-parties et des banques d’investissement. En tant qu’assureur plaçant les capitaux des assurés, nous sommes aussi l’un des principaux acteurs du marché obligataire en francs suisses.

Notre tâche consiste alors à réaliser une analyse des risques détaillée afin d’obtenir le meilleur rendement et de limiter la volatilité. L’observation du rating ne suffit pas dans la sélection des titres. Notre stratégie est conservatrice puisqu’un tel fonds remplace le cash.

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