L’immobilier de rendement en phase de correction

Emmanuel Garessus

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Thomas Stucki, CIO de la Banque cantonale de Saint-Gall, prévoit un recul d’environ 10% en raison d’un moindre intérêt des caisses de pension.

Le marché immobilier résiste à la hausse des taux d’intérêt. Depuis le début de l’année, l’indice SXI Real Estate Fonds Broad est pratiquement inchangé à la fin juillet. Mais la situation diffère d’un secteur à l’autre. Sur le marché des actions immobilières suisses par exemple, A la fin juillet, Allreal est en hausse de 6% alors que PSP est en recul de 5%, Hiag de 8% et Peach Property de 30%. Thomas Stucki, CIO de la Banque cantonale de Saint-Gall, répond aux questions d’Allnews sur les perspectives de l’immobilier:

Est-ce que le marché immobilier est un élément clé de la lutte contre l’inflation aux yeux de  la BNS?

Non. La Banque nationale relève les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, même si elle risque ainsi de mettre le marché immobilier sous pression. La BNS s’intéresse au marché immobilier uniquement si son affaiblissement devait mettre à mal la stabilité du système bancaire.

Dans l’histoire, l’immobilier n’est-il pas la première victime d’une politique monétaire restrictive?

Effectivement, comme l’ont montré les années 1980 à l’époque d’une forte hausse des taux directeurs qui s’est finalement traduite par une crise immobilière. La BNS porte donc son regard moins sur les prix de l’immobilier que sur les risques de défaut liés aux hypothèques.

L’évolution des actions immobilières traduit fidèlement le tassement du marché.
Aujourd’hui, la politique de la BNS renforce le franc suisse. Quelles en sont les conséquences pour le marché immobilier?

La BNS est active sur le marché des devises et renforce donc le franc, mais cela n’a pas d’impact majeur pour l’immobilier, à la différence de la tendance des taux d’intérêt.

Vous prévoyez une correction du marché immobilier et non une crise. Pouvez-vous préciser votre scénario?

Les prix de l’immobilier de rendement pourraient baisser de 10%. Je ne crois pas à un recul pareil de la part des maisons individuelles en raison de l’attachement des propriétaires à leur foyer. L’investisseur qui achète de l’immobilier de rendement, par exemple une caisse de pension, est avant tout sensible à sa rémunération. Si le rendement n’est plus suffisant, il n’hésite pas à s’en séparer.

Est-ce que les signes d’un affaiblissement de la demande d’immobilier de rendement se multiplient?

Au sein de plusieurs caisses de pension, la part de l’immobilier dans leur portefeuille atteint la limite supérieure qu’elles se sont fixées. La situation contraste avec celle d’il y a 2 ans.  Après la baisse des actions enregistrée en 2022, en partie corrigée en 2023, la part de l’immobilier s’est accrue significativement. L’immobilier souffre aussi de la concurrence des obligations dont le rendement est, lui, redevenu attrayant après avoir été négatif pendant des années.

Les cours de nombreuses sociétés immobilières suisses cotées ont corrigé depuis le début de l’année (jusqu’à la fin juillet). Est-ce un reflet fidèle de la situation du marché immobilier? Qu’en est-il des fonds immobiliers?

L’évolution des actions immobilières traduit fidèlement le tassement du marché. L’évolution des fonds immobiliers est généralement plus volatile en raison de leur moindre liquidité et de l’impact sur l’agio.

Si vous ne privilégiez pas l’immobilier, que recommandez-vous en ce moment?

Nous surpondérons les actions. Des prises de bénéfices sont possibles à court terme, mais les actions disposent des meilleures perspectives de 12 à 18 mois. Le cycle de hausse des taux d’intérêt approche de sa fin. L’économie devrait, après une accalmie à court terme,  profiter d’une accélération l’année prochaine. Sur le plan sectoriel, nous préférons les valeurs défensives. 

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