Voici venu le temps des perspectives

Ben Ritchie, Aberdeen Standard Investments

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Les tendances qui devraient favoriser les actions européennes à court, moyen et long terme.

Voici venu le temps des perspectives. Afin de préparer les miennes, je me suis replongé dans une série de rapports annuels que j’avais rédigés il y a environ sept ans et notamment dans les passages obligés que sont les «Perspectives». A posteriori, il s'avère que ce qui semblait important à l’époque d’un point de vue macroéconomique ou politique était moins durable et moins important. De même, à l’heure actuelle, les tentatives pour deviner l'évolution des marchés à court terme semblent vouées à l’échec. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer. Pour cela, allons sonder l’environnement d’investissement des actions européennes.

Court terme

Commençons par diviser les perspectives en trois catégories : les perspectives à court terme (les quelques prochains mois), à moyen terme (jusqu’à la fin de l'année 2021) et à long terme (2022 et au-delà). A court terme, notre point de vue ne change pas fondamentalement de celui de la plupart des stratégistes, autrement dit, nous anticipons un environnement difficile, car les mesures de confinement se maintiennent ou se durcissent dans les pays européens. Fait toutefois encourageant, nous prévoyons que les entreprises et les consommateurs s’adapteront mieux à la situation qu’au printemps. Après tout, ils sont dorénavant forts d’une expérience difficile. Parallèlement, nous pensons que les mesures gouvernementales de soutien budgétaire persisteront, et que les banques centrales devraient maintenir une politique monétaire très accommodante. Enfin, et surtout, nous pensons que le déploiement en cours des vaccins compensera la plupart des effets négatifs. Cet optimisme devrait permettre aux investisseurs de voir plus loin que la récession à double creux (double-dip) que connaîtra vraisemblablement l’Europe.

Moyen terme

Tout au long de l’année 2021, les perspectives à moyen terme semblent plus encourageantes. Davantage de personnes seront vaccinées et les restrictions devraient être assouplies, c'est pourquoi nous nous attendons à observer un rebond important des prévisions de croissance économique et de croissance des bénéfices des entreprises. Ceci vaut pour les secteurs du marché les plus en difficultés. Une fois de plus, nombreux sont ceux qui partagent ce point de vue. Ainsi, les investisseurs intègrent au moins une partie de ce scénario dans leurs perspectives. Et cela vaut, à nouveau, pour de nombreuses valeurs délaissées en 2020.

Long terme

Et qu’en est-il de 2022? Dans ce cas, les caprices du temps font qu’il est plus compliqué de déterminer la forme et la vigueur d’une reprise durable. Ce que nous savons, c’est que le contexte sera différent pour de nombreuses entreprises à mesure qu’elles sortiront de la crise. Les mesures de confinement ont irrémédiablement modifié les habitudes de consommation et les comportements. L’adoption des nouvelles technologies restera vraisemblablement un thème dominant. Selon nous, cette transition continuera de favoriser certaines entreprises et d’en défavoriser d’autres.

D’un point de vue macroéconomique, il se pourrait que nous entrions dans un nouveau cycle économique. Les prochaines décisions des banques centrales ainsi qu’une vitesse accrue de circulation de la monnaie pourraient être à l’origine d’un retour de l’inflation. Toutefois, les conséquences de la COVID-19 pourraient également ressembler à celles d’une catastrophe naturelle plutôt qu’à une récession. Dans un tel scénario, au lieu de démarrer un nouveau cycle avec des années de reprises devant elle, l’économie reste en fin du cycle tout en connaissant une hausse. Dans ce cas, il sera essentiel de disposer de modèles économiques robustes et de bilans solides.

Ainsi, nos principales perspectives à long terme restent celles d’un environnement de faible croissance, de faibles taux d'intérêt et vraisemblablement de faible inflation. Cependant, le risque d'augmentation de l’inflation à l’avenir s’est renforcé. Le panel des issues probables n'a pas changé, mais la probabilité de voir apparaître différents scénarios a évolué.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs?

Compte tenu de tout cela, nous continuons à privilégier des portefeuilles bien équilibrés. Les investisseurs doivent tâcher de prospérer dans des environnements divers et variés, ce qui signifie qu'ils doivent pouvoir bénéficier de toutes les hausses potentielles, tout en se protégeant efficacement contre les baisses. Autrement dit, ce serait probablement une erreur que de se positionner en vue d’une issue ou d’une autre. Dans ce contexte, les investisseurs récompenseront les entreprises qui disposent d’un fort pouvoir de fixation des prix. Celles qui ont une offre diversifiée dans un environnement d’inflation accrue rencontreront aussi du succès.

Dans l’ensemble, nous pensons que les perspectives relatives à long terme pour les actions européennes sont plus intéressantes qu’elles ne l’ont été ces dix dernières années. La région devrait bénéficier de trois grandes tendances. Premièrement, elle est un leader du capitalisme responsable. Deuxièmement, les entreprises européennes disposent d'un capital intellectuel parmi les meilleurs au monde. Fait important, ces entreprises sont en mesure de déployer ce capital dans le monde entier, notamment sur les marchés émergents qui connaissent une forte croissance. Enfin, de nombreuses entreprises européennes restent bien placées pour tirer parti du passage de l’industrie au numérique que l’on observe actuellement.

Ensemble, ces facteurs montrent que l’Europe saura exploiter les facteurs favorables qui se profilent pour la décennie 2020, contrairement à la décennie 2010, au cours de laquelle la région n’a pas su tirer parti des événements qui ont fait progresser les cours des actions.