Une nouvelle ère pour le sport

Sandro Occhilupo, DECALIA

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A l'extérieur aussi, la technologie révolutionne nos vies.

Durant les longues périodes de confinement imposées par le COVID, la technologie a joué un rôle essentiel dans le maintien d’une connectivité et productivité. Mais la pandémie a également montré combien de simples activités de plein air sont appréciables, voire indispensables pour survivre à un monde de distanciation sociale forcée. Et là aussi, la technologie est de plus en plus présente. Les nouveaux outils rendent non seulement «les grands espaces» plus accessibles à tous, mais en font aussi un défi de plus en plus ludique.

Prenons le marché des montres connectées: six ans seulement se sont écoulés depuis qu'Apple a lancé son premier modèle et, à plus de 40 millions d’unités, les ventes totales surpassent déjà largement la production suisse de montres traditionnelles. L'entreprise de Cupertino a clairement servi de moteur à cette croissance rapide, ayant réussi à transformer ce qui avait débuté comme un phénomène de mode en un accessoire de sport et de santé reconnu – au rythme d'une nouvelle version par année. A tel point qu’elle truste aujourd’hui plus de la moitié du marché.

Là où Apple a choisi la voie du «un modèle pour tous», d'autres ont choisi de varier les designs, les configurations et les gammes de prix, de sorte à proposer des appareils spécifiques adaptés à des utilisateurs spécifiques. Garmin, notamment, se taille une place enviable (bien que largement moins médiatisée). Peu d'analystes financiers suivent l'entreprise et la plupart des investisseurs la voient probablement encore comme le fabricant de dispositifs GPS automobiles rendus obsolètes par Google Maps. Mais Garmin est resté fidèle à sa quête d'innovation, en lançant non moins de 80 à 100 produits au cours de chacune des six dernières années. Ses domaines de prédilection? L'aviation, mais aussi les loisirs de plein air ainsi que les sports et la remise en forme. Randonneurs, coureurs, cyclistes, golfeurs, nageurs, plongeurs, chasseurs: Garmin dispose d’un appareil connecté pour chacun. Et il y a quelques semaines, la société a dévoilé sa nouvelle montre Lily, spécialement conçue pour les femmes – en version décontractée ou sportive.

Sans surprise, Google et Facebook s'intéressent également à ce marché en croissance à deux chiffres. Le premier vient de débourser 2,1 milliards de dollars pour acquérir Fitbit, le pionnier des bracelets d’activité. Une opération qui n’est certes pas bon marché, mais largement en deçà de la capitalisation boursière de 10 milliards de dollars atteinte par Fitbit au plus fort de sa popularité en 2015. Quant à Facebook, ses équipes planchent apparemment sur un modèle propre de montre connectée – à lancer l'an prochain.

Ceci, tout en travaillant aussi sur le projet Aria, plus ambitieux encore, qui vise de fait à mettre les avantages de la connectivité directement devant nos yeux – sous la forme d'une «paire de lunettes qui ajoute une couche 3D d'informations utiles, contextuellement pertinentes et significatives en sus du monde physique». Imaginez que vous n'ayez même plus à consulter un appareil pour déterminer votre itinéraire de randonnée/course ou visualiser vos statistiques d'activité.

Et puis il y a les nombreuses autres percées numériques dans le domaine du sport, visant à améliorer les performances, à mieux adapter les programmes d'entraînement aux besoins personnels et à l'état de santé du jour, à accroître la sécurité, à éviter les blessures, ou simplement à rendre l'expérience plus agréable et plus partagée. On parle ici de capteurs intégrés dans les raquettes, maillots ou selles de vélo, d'entraîneurs virtuels, de casques intelligents, d'écouteurs résistants à l'eau... et bien plus encore.

Pour en revenir aux montres connectées, on peut regretter que la Suisse, malgré sa longue tradition horlogère et son savoir-faire incontesté, ait raté le virage numérique. Peut-être n'est-il pas trop tard? Après tout, il y a quelques années, dans un autre domaine, Logitech a réussi une renaissance spectaculaire. Ou alors, quelque chose de totalement nouveau pourrait arriver sur le marché: pourquoi pas un couteau suisse connecté?