Une année record sous la loupe

Eric et Constantin Sturdza, Eric Sturdza Investments

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Eric Sturdza revient sur l'année écoulée, auscultant les records atteints durant une période très particulière.

Développement de Marché

En décembre, l'indice MSCI World (en USD) a augmenté d'environ 4,1%. L'Eurostoxx 50 (USD Net Return) et le S&P 500 se sont également appréciés d'env. 4,1% et 3,7% respectivement. En revanche, le Dollar Index (DXY Index) s'est déprécié de près de 2,1% sur la période tandis que le rendement générique du Trésor à 30 ans progressait de 1,56% à 1,64%, l'indice VIX a clôturé l'année à 22,8.

2020 en revue: une année fertile en records

Sans l'ombre d'un doute, 2020 restera dans l'histoire comme une année unique. Avec plus de 1,6 million de morts et 76 millions de cas dans le monde, la pandémie de COVID-19 a eu avant tout un bilan humain alarmant. En forçant les gouvernements à prendre des mesures de confinement drastiques, rares ont été les moments de nos vies quotidiennes à ne pas être affectés, alors que l'économie mondiale subissait la perturbation la plus importante de l'histoire récente.

Contrairement aux chocs exogènes précédents, la nature globale et synchronisée de la pandémie nous a privé de toute forme de découplage régional stabilisateur, les quarantaines imposées n’épargnant que quelques secteurs de perturbations fondamentales, du moins dans un premier temps. Avec une économie atone, des niveaux d'endettement élevés et apparemment peu de réserves dans les arsenaux respectifs des banques centrales, la santé fondamentale du premier trimestre 2020 était dans un état particulièrement médiocre pour absorber ce choc - et ce fut un choc - le PIB réel mondial chutant de façon vertigineuse avec une régression de 31% annualisée au deuxième trimestre 2020!

Heureusement, 2020 fut aussi une année d'audace et d'ingéniosité humaines. Alors qu’après quelques semaines seulement les marchés commençaient à internaliser la possibilité très réelle d’une dévastation économique, les gouvernements et les banques centrales eux introduisaient courageusement des stimuli, des interventions et des garanties d’ampleurs historiques, permettant habilement au système financier de rester à flot, alors que la croisade médicale pour lutter contre la pandémie faisait rage.

Dans le domaine médical, des progrès extraordinaires en matière de vaccins et de traitements ont été réalisés en un temps record, tandis que de nouvelles technologies prometteuses telles que l'ARN-messager étaient présentées au grand public. Les habitudes au sein des entreprises se sont adaptées au travail à domicile et l'utilisation du numérique par tous les groupes démographiques s’est considérablement généralisée. Le besoin indéniable de relance budgétaire a encouragé les gouvernements à financer d'importants plans d'infrastructure verte, notamment dans l'UE, concrétisant des objectifs de décarbonatation ambitieux.

L’un dans l’autre, 2020 a été une année exceptionnelle, celle des records:

  • Le coût de protection via le marché des options, mesuré par l'indice VIX aux Etats-Unis et par l'indice V2X en Europe, a égalé, voire dépassé les niveaux les plus extrêmes de 2008,
  • Le prix du pétrole brut WTI a atteint un niveau inimaginable à -37 dollars en avril,
  • Certaines obligations de gouvernements de pays développés se négociaient avec un «spread» d’achat/vente rarement atteint,
  • Le marché américain a connu un retrait suivi d’une reprise des plus rapides, soit 30% en 122 jours de négociation, une séquence inédite dans l'histoire financière moderne.
Perspective de Marché: 

Nous entamons la nouvelle année en estimant que les principaux moteurs de performance des actions vont rester en place. Avec des effets de base soutenant une croissance des bénéfices de plus de 20% dans les principaux indices boursiers, la dynamique actuelle semble confirmer l’hypothèse d’une normalisation des cours des actions, soutenus par l'environnement de taux d'intérêt bas.

Des programmes de soutien budgétaire importants devraient rester la norme en Europe et aux Etats-Unis, les entreprises de petite et moyenne capitalisation, déterminantes pour l'emploi national, ayant encore besoin d'une assistance économique. Confirmée à son poste, la secrétaire au Trésor américain Janet Yellen sera une alliée solide soutenant les politiques expansionnistes compte tenu de son bilan et de son désir bien connu de relance directe pour compléter une politique monétaire surchargée. D’ailleurs, le postulat interventionniste de Keynes semble se répandre parmi les ministres européens, un principe pro-cyclique bienvenu qui semblait extravagant et inenvisageable il y a encore un an.

Les banques centrales resteront vraisemblablement concentrées sur des accommodements monétaires globaux, seuls moyens de sortir de cette récession mondiale historique et de revoir l'inflation tendre vers 2%, aggravant encore le manque d'alternatives d'investissement. Lorsque les banques centrales et les gouvernements font le serment de maintenir les taux directeurs aussi bas que possible au moyen de plans de relance chiffrés en trillions, non seulement les analystes financiers ajustent leurs modèles, générant des prix d’actifs plus élevés, mais les fonds de pension, soumis à des exigences de rendement à long terme et en l’absence d’alternative, se voient forcés d’investir dans des instruments à plus haut rendement. Les prouesses dans les levées de fonds réalisées par entreprises du marché privé comme Blackstone et la nature de leurs relations avec les plus grands investisseurs institutionnels attestent de cette réalité indéniable.

Sur ce front et comme dans bien d'autres domaines, la crise actuelle du COVID n'a été qu'un accélérateur et amplificateur d’un contexte financier en place depuis l'ère de l'assouplissement quantitatif post 2008, mais recevant cette fois-ci le soutien de plans fiscaux déterminants. Ces injections permettront-elles un cycle de capex et de croissance sain, établissant ainsi les bases d'une économie réelle moderne, plus efficiente et plus verte? Serions-nous à l’aube d’un nouveau marché haussier catalysé par un cycle économique fort?

Ironiquement, c’est le niveau de consensus de cette vue qui pourrait devenir préoccupant, et la difficulté à trouver de véritables «diversificateurs» attractifs restera un sujet d’interrogations pour nous, alors que nous nous préparons, espérons-le, à entrer dans le monde post-COVID. Si quelque chose doit être retenu de l'année écoulée, c'est que les chocs exogènes et les «cygnes noirs» existent, et que si l'analyse et les projections sont utiles, l'humilité est, dans ces circonstances, de rigueur. A ce titre, le Sturdza Family Fund reste prudemment optimiste pour les marchés boursiers et maintiendra une exposition neutre à positive aux actions.

 

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