Un Noël au parfum des jeux vidéo

Jean-Christophe Labbé, DECALIA

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Un nouveau cycle commence avec les nouvelles consoles de Sony et Microsoft.

C’est une période peu festive qui s'annonce, le monde occidental se débattant avec la seconde vague de covid. Mais nombreux sans doute sont les gamers qui se réjouissent de trouver au pied du sapin – si tant est que les lutins du Père Noël arrivent à suivre – une console de nouvelle génération.

Le lancement simultané, à la mi-novembre, de la Playstation 5 de Sony et de la Xbox Series X de Microsoft n'a subi aucun retard dû au virus. De fait, en imposant une distanciation sociale et de longs épisodes de confinement, la pandémie a même été une aubaine pour l'industrie des jeux vidéo, dont les revenus mondiaux devraient grimper de 10% cette année, à environ $160 mia. Les nouvelles consoles coûtent chacune $499 (en version complète), mais Microsoft, qui vise cette fois une plus grande part du gâteau, propose également un abonnement (comprenant une bibliothèque de jeux) pour $34,99 par mois – un modèle commercial comparable à son Office 365 et à celui des Netflix de ce monde.

Au final, ce sont les logiciels plutôt que le matériel qui feront la différence. C'est là qu'interviennent les concepteurs de jeux, tels Activision, Electronic Arts, Take-Two, Ubisoft, Bethesda (récemment racheté par Microsoft) ou Epic Games (détenu en partie par le Chinois Tencent). Le haut débit (c’est-à-dire la fibre optique) a en effet transformé le jeu vidéo en une véritable «expérience», qui peut aisément être partagée avec d'autres joueurs connectés. Les lancements de jeux ressemblent de plus en plus à des superproductions hollywoodiennes, non seulement par leur coût, mais aussi par le battage médiatique qu'ils suscitent (témoin Grand Theft Auto V) et les énormes revenus qu'ils génèrent dans les jours qui suivent leur sortie. De nombreux éditeurs profitent d’ailleurs des nouvelles consoles pour faire passer le prix standard des jeux de $60 à $70.

Dans les prochaines années, Sony et Microsoft feront également face à d’autres géants de la tech, désireux d'entrer dans la mêlée et de tirer parti de leur vaste base d'utilisateurs. D’autant que la pratique du gaming est en train de migrer en ligne, sur fond de déploiement de la 5G et de progrès de l'informatique en nuage. A cet égard, 2020 pourrait bien être la dernière génération de consoles physiques, aussi impressionnantes que soient leurs caractéristiques technologiques. Amazon, par exemple, a annoncé son service de streaming de jeux Luna en septembre dernier. Une initiative similaire au Stadia de Google, lancé fin 2019. C'est également à cette époque qu'Apple a introduit Arcade. Quant au projet de jeu en nuage de Facebook, ciblant les joueurs occasionnels plutôt que hardcore, il vient tout juste d’être dévoilé.

Mais l'intérêt pour les jeux vidéo dépasse les frontières de la tech. Signe de la place convoitée actuellement occupée par cette industrie dans le monde plus large des médias: l'imbrication croissante entre les jeux vidéo et les films/séries TV voire même, plus récemment, la musique. Fin avril, au plus fort du confinement, le rappeur américain Travis Scott (ou plutôt son avatar) a donné un concert en direct sur le très populaire jeu Fortnite qui a attiré quelque 12 millions de spectateurs. Le 10e art semble en passe de supplanter plusieurs des arts plus traditionnels... une évolution dont beaucoup se réjouiront sans doute, y compris parmi les investisseurs.