Tendances mondiales sur le front M&A bancaires

Christian Hintermann, KPMG

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Les tendances globales de l’activité des fusions et acquisitions bancaires (M&A) compte tenu des répercussions de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

L’activité des fusions et acquisitions à l’échelle du globe s’est fortement redressée en 2021, en écho à la reprise économique de nombreux pays et au fur et à mesure que s’estompaient les effets les plus douloureux de la pandémie. Le thème de la consolidation s’est invité de manière récurrente dans les débats, souvent sous l’impulsion de régulateurs soucieux de renforcer les banques tout en réduisant les risques.

L’Europe face à ses défis

Pour les banques, les conditions demeurent difficiles en Europe, sur fond de taux d’intérêt bas et d’inflation galopante. Cette situation a eu des répercussions à la fois sur les marges et sur les provisions pour pertes sur prêts et a contribué à booster la consolidation. Quelques banques européennes ont également cédé des actifs américains dans le but de lever des capitaux pour les réinvestir sur leurs principaux marchés.

En raison d’un tour de vis réglementaire et dans le sillage de la hausse record de la valeur des transactions en 2021, les perspectives sur le front des méga-transactions se sont assombries en Amérique du Nord. Les activités commissionnées, comme l’assurance, la gestion de fortune ou encore le crédit à la consommation, attirent les investisseurs européens et internationaux. Ces activités absorbent moins de capitaux tout en produisant des revenus solides et récurrents. Si les sociétés du private equity (PE) avaient jusqu’à présent boudé le marché bancaire européen, elles lorgnent désormais sur les options qui s’offrent à elles dans ce domaine; sur un marché consolidé, elles anticipent en effet pour les années à venir un potentiel de rentabilité plus élevé dans le domaine des services commissionnés.

En Asie, l’activité tend à être dominée par les acheteurs nationaux, notamment en raison des restrictions pesant sur la propriété étrangère dans certains pays majeurs, bien que le gouvernement indien ait annoncé son intention de céder six des douze banques du secteur public avec, à la clé, la possibilité de nouvelles opportunités.

Poursuite de la consolidation en Suisse avec le «Big 8» sur la plus haute marche du podium

L’année passée, la Suisse a enregistré une hausse record des actifs sous gestion. A long terme, les «Big 8» vont accroître leur domination sur le marché suisse du private banking, aux côtés de Credit Suisse et d’UBS. Néanmoins, l’écart entre les banques privées se creuse sous l’effet de la dégradation de l’environnement économique, une tendance qui va se traduire par une nouvelle consolidation sur le marché.

Les thématiques ESG et la numérisation gagnent en importance

Les critères ESG s’affichent comme l’un des facteurs clés qui ont commencé à influencer les fusions et acquisitions dans le secteur bancaire et qui s’affirment désormais comme la nouvelle normalité en termes de références pour les banques, mais aussi pour leurs clients corporate, dans un contexte de surveillance accrue. De la même manière que le secteur s’est adapté à un renforcement des besoins en capitaux, les critères ESG devraient, espérons-le, être absorbés par les modèles opérationnels des banques, même si des coûts de mise en œuvre liés au reporting et à la collecte de données associées ne sont pas à exclure.

La fintech et les paiements influencent fortement le paysage des fusions et acquisitions, avec l’arrivée sur les marchés de banques «challengers» qui grignotent des parts de marché, conjuguée à la consolidation dans le domaine des paiements, tout particulièrement sur les marchés matures. Sans oublier que les banques traditionnelles connaissent un développement rapide de leurs propres capacités numériques.

Perspectives

Bien que le volume des transactions ait reculé en glissement annuel au cours du premier semestre 2022 en raison de la guerre en Ukraine, des perturbations économiques et de l’inflation galopante, il n’en demeure pas moins que la valeur des transactions est en hausse. L’année 2022 devrait à son tour s’avérer active, sous la poussée d’une consolidation nationale et d’un intérêt continu pour les capacités numériques et les actifs générant des revenus récurrents.